L'autre grand-père a fait, lui aussi la guerre de 14, dans la Royale cette fois-ci.
Il s'y est engagé à l'âge de 18 ans en 1910 et a fait l'école des mécaniciens de Toulon.
Quand la guerre a éclaté, il a fait la campagne à bord du croiseur-cuirassé "Victor-Hugo" de 1914 à 1916
Depuis 1911, il a accompli 56 mois et 14 jours en Méditerranée, dans les Dardanelles, dans l'Adriatique et aussi du côté de Salonique. Au cours de cette campagne, il était question de partir à bord du "Bouvet" mais cela n'a pas été fait. Heureusement pour lui car le "Bouvet" a coulé, peu après, le 18 mars 1915. Il a eu chaud car il y a eu très peu de survivants surtout parmi les mécaniciens...
Il est tombé malade en novembre 1916 pour être rapatrié en France. Après une nouvelle formation, il faisait partie d'une flottille chargée de draguer les... mines au large des côtes françaises !
Il a été démobilisé le 30 juillet 1919 pour entrer dans une compagnie de chemin de fer, comme mécanicien de locomotive.
Le croiseur-cuirassé "Victor-Hugo", construit à Lorient, a été mis en service en 1907 jusqu'en 1928 pour être ferraillé en 1930. Il pesait 12 500 t, à la puissance de 29 000 cv, vitesse maximale 22 noeuds. Il était principalement armé de 4 canons de 194 mm et 14 de 64 mm,....
Ce bateau a fait campagne en Adriatique (Grand-Père m'a raconté qu'on bombardait les Autrichiens) et en Méditerranée orientale (il évoquait beaucoup les Dardanelles) en 1915. En 1916, il a transporté les survivants Serbes de Corfou et de Tunisie, qui étaient dans un état épouvantable.
Il faut savoir que le métier de mécanicien était très dur. Le navire marchait au charbon et l'on travaillait dans la chaleur et le bruit permanent de sorte qu'à la fin du service on n'avait qu'une seule envie : dormir... Un jour, très fatigué, il s'est installé sur le siège d'un treuil pour piquer un roupillon. Pas de chance, il a été surpris en flagrant délit de "laisser-aller" par un officier marinier très à cheval sur le règlement. Celui-ci l'a réveillé brutalement et lui a collé 4 jours d'arrêt. Motif : "s'est vautré sur un treuil" !!!
Beaucoup plus tard, en 1939-1940, il a été "mobilisé" à l'Arsenal où il travaillait depuis les années 1932-1935, pour s'occuper des tourelles de navires. C'est à cette occasion qu'il a failli partir en Angleterre. Mais ceci est une autre histoire...
Voici une photo de mon grand-père et de ma mère, prise probablement au début de la guerre.
Il est décédé à Lorient en mai 1973.
Patrick