UCHRONIE SEDAN 1940

  P.C. Panzergruppe Hoth - 15 juin 1940


  -général Guderian, content de vous revoir...
  -laisse tomber le "général", Hermann, Heinz suffira largement ! Content de te voir aussi...Où en sont les préparatifs pour " Lüttich " ?
  -nos hommes travaillent jour et nuit pour remettre le matériel en état, mais les renforcements ne suffiront pas à combler les pertes...
  -je sais, Hermann...j'ai eu une discussion mouvementée avec le führer à ce sujet...tu sais ce qu'il voulait ?
  -non, mais j'appréhende...
  -rien moins que doubler le nombre de nos panzer-divisions !
  -et comment ? Par un coup de baguette magique ????
  -non, en prélevant une brigade de chars à chaque division !
  -c'est de la folie !
  -j'ai eu du mal à le lui faire admettre...pas dans ces termes, évidemment...la bande de béni-oui-oui qui l'entoure ne s'est bien sûr pas mêlée de la discussion !
  -comment as-tu pu le convaincre ?
  -avec les délais...ça retarderait l'offensive d'un mois, voire de deux.
  -c'est toujours pour le 22 ?
  -oui...
  -tu sais Heinz, les quelques renseignements que nous avons pu recueillir montrent que nos adversaires se préparent à nous recevoir...l'effet de surprise ne jouera pas...
  -c'est ce que j'ai essayé de faire comprendre à l'O.K.H., mais en vain; je crois que leur décision est plus politique que militaire...
  -quoiqu'il en soit, ce sera un va-tout !

                                 
                                    Kattegat - 15 juin 1940


  Le vapeur suédois Kalmar avait quitté son port de Varberg, à destination de Göteborg.
  Il naviguait à la limite des eaux territoriales, et même quelquefois un peu au delà.
  Il était presque 23 heures, quand le veilleur remarqua les deux énormes silhouettes qui venaient en sens inverse et se dirigeaient vers la sortie du détroit.
  Le capitaine du navire fit éclairer son pavillon par mesure de sécurité, et vira à bâbord pour se rapprocher de la côte suédoise.
  Les deux grands navires continuèrent leur route, imperturbables, comme s'ils n'avaient même pas remarqué le vapeur.
  Tout l'équipage du Kalmar était suédois, sauf un matelot.
  Deux heures plus tard, un opérateur de l'Amirauté britannique décrypta un message sibyllin, mais ô combien important : " S&G ".

P.C. Panzergruppe Hoepner - 15 juin 1940


-je veux que toutes mes divisions soient opérationnelles pour le 22 !!!
-les hommes font le maximum, mon général...
-ce n'est pas suffisant ! On me signale des convois bloqués sur des voies ferrées! Je veux la peau des   responsables de ces retards !
-certains régulateurs ont déjà été fusillés...on ne peut pas faire plus...
-je n'accepterai plus aucune excuse; tout homme non présent dans son unité le 22 sera considéré   comme déserteur ! Faites passer le message !
-bien, mon général...

                 P.C. Armée de l'Air - Saint Jean les Deux Jumeaux - 15 juin 1940


-la situation de la chasse ?
-nous pouvons aligner environ 900 chasseurs monoplaces, et une centaine de bimoteurs pour la   chasse de nuit...
-les sorties ?
-la transformation des Morane 406 en 410 bat son plein...elle peut s'effectuer au niveau des   groupements, ce qui engendre un gain de temps considérable...par ailleurs, les Bloch 155 sortent   régulièrement des chaînes de production...et les moteurs en étoile américains nous permettent   d'améliorer les performances des 152...le plus encourageant est pour les Dewoitine 520; on peut en   espérer 300 par mois à partir de juillet  !
-si nous avions eu cette situation le 10 mai...
-nous serons à parité avec nos adversaires avant la fin du mois pour la chasse et le mois prochain   pour le bombardement...peut-être avant, si la R.A.F. se renforce sur le continent...toutefois, pour les   bombardiers, nous serons dépendants des livraisons américaines au moins jusqu'en septembre.
-et pour la reconnaissance ?
-les sorties compensent largement les pertes.
-qu'en est-il du raid de représailles sur Berlin ?
-l'appareil le mieux adapté, compte tenu de la distance à parcourir, est un Farman 223.4 quadrimoteur militarisé.
-combien en possédons-nous ?
-trois...
-trois ???
-oui, et en plus ils appartiennent à la marine...
-je vois...mettez-moi en communication avec l'Amiral Darlan.

G.Q.G.    Saacy-sur-Marne  15 juin 1940


-général Keller, content de vous voir.
-moi de même, mon général.
-j'irai droit au but...vous êtes un spécialiste des blindés...
-modestement, mon général.
-soit...quelle est notre situation à ce niveau ?
-les cadences de sortie augmentent sensiblement.
-qu'en est-il de nos nouveaux modèles ?
-passer du B1bis au B1ter, ainsi que du S35 au S40 ne perturbe pratiquement pas les chaînes de   montage...par contre, lancer la production du G1 posera des problèmes à ce niveau.
-et ces F1, dont j'ai pu voir la maquette en photo ?
-pas avant 1941, et en petite quantité.
-pour les chars légers ?
-il y a toujours le problème de la tourelle monoplace, et du 37mm court...pour ce dernier point, le   remplacement par un 37mm long est bien engagé; par contre, pour la tourelle biplace, la conception   est toujours à l'étude.
-un recours aux USA ?
-on peut leur commander des M2A2, qui sont très mobiles et bien armés, mais il nous faudra les   acheminer, si, bien sûr, ils sont d'accord pour nous les céder.
-nous avons une idée de l'évolution de ceux d'en face ?
-a priori, pas de nouveaux engins, mais des existants améliorés en blindage et puissance de feu.
-merci, il y a un autre problème que je veux aborder avec vous...

                                Berlin  O.K.H.  15 juin 1940


 Le général Halder était penché sur une carte, la mine soucieuse, sans se rendre compte que son visiteur s'impatientait.

-hem...
-ah, Von Rundstedt, j'avais hâte de vous voir...où en sont nos préparatif pour le 22 ?
-une semaine de mise en condition en plus ne serait pas du luxe...
-impossible, le Führer a été très clair, il faut annoncer au plus vite une victoire allemande au peuple !
-j'entends bien, mais du désir à la réalité...nous ne pourrons même pas bénéficier de l'effet de   surprise !...
-je comprends, mais on ne peut plus différer son exécution...que cela reste entre nous, mais la   situation en Norvège centrale est inquiétante; Trondheim est menacée...et si ce verrou saute, plus   rien ne pourra empêcher les alliés de rejoindre Oslo...nous avons réussi à cacher le repli des troupes   de Dietl en Suède, mais là...
-on ne pourra pas éternellement tout cacher au peuple allemand !
-certes, c'est pourquoi la réussite de notre offensive est vitale.

          A l'ouest de Sedan - 15 juin 1940


-Ah Riquier, vous tombez bien...
-mes respects mon colonel.
-votre groupe déménage séance tenante !
-pour aller où, mon colonel ?
-direction la 1re Armée du général Blanchard...les boches nous préparent quelque chose de costaud   dans son secteur.
-quelqu'un prend notre place ?
-oui, et du lourd...du 220 long...ils ne vont pas gagner au change, en face ! Au fait, votre blessure ?
-des maux de tête, mais ça ne me pose aucun problème.
-tant mieux, et bonne route !
-merci, mon colonel.

Au large de Bergen - 16 juin 1940


 Le L.V. Sonneville, pacha de la Minerve, fait un dernier tour d'horizon au périscope avant d'ordonner la plongée.
 Il n'en croit pas ses yeux lorsqu'il distingue les deux silhouettes qui se découpent difficilement devant la côte.
 Son submersible est trop loin pour tenter une attaque à la torpille, aussi, il doit se contenter de signaler sa découverte.
 " si je pouvais les coincer au retour " pensa t-il...

                     Berlin - O.K.M. - 16 juin 1940

-amiral, un message de l'amiral Marschall...
-que dit-il ?
" sommes certainement repérés...devons-nous poursuivre mission ? ..."
L'amiral Raeder réfléchit un court moment.
-transmettez : " interception convois alliés primordiale...opération Berlin maintenue ".

                          P.C. 1re division cuirassée - 16 juin 1940

Le général Bruneau, qui avait failli laisser surprendre sa division en panne d'essence, avait été remplacé par le général Welvert.

-général, le capitaine Billotte vient d'arriver.
-faites-le entrer.

-mes respects, mon général.
-bonjour Billotte...ainsi c'est vous que l'on surnomme " le boucher de Stonne " !
-effectivement, mon général.
-vous avez fait du bon boulot, capitaine...j'ai profité que votre division bénéficie d'un repos   amplement  mérité, pour demander votre rattachement à la 1re D.C.R....dans les jours qui viennent,   nous allons avoir grand besoin d'hommes comme vous.
-vous pouvez comptez sur moi, mon général.
-je n'en doute pas, Billotte...votre char vous attend; c'est un B1ter...vous avez quelques jours pour   faire connaissance avec l'équipage...mais d'abord, un repas vous attend au mess des officiers.
-merci, mon général.

G.Q.G. Saacy-sur-Marne - 15 juin 1940 ( suite )


-ce nouveau canon chenillé, le SAu 40, un matériel prometteur...
-en effet, mon général.
-qui en a l'usage, l'artillerie, la cavalerie, l'infanterie ?
-c'est là le problème...chacune des armes tire la couverture à elle !
-c'est bien ce que je pensais...c'est pourquoi je compte regrouper tout ce qui est engins blindés sous   une même autorité...une arme blindée, dont vous assurerez la supervision !
-pardonnez-moi, mon général, mais il va y avoir de la résistance...
-je sais, mais j'y suis habitué !
-cela va prendre du temps...
-c'est pourquoi je vais soumettre le projet dès aujourd'hui à nos politiques...mais vous pouvez d'ores   et déjà vous mettre au travail.
-à vos ordres, mon général.

                        16 juin 1940 - à bord du Gneisenau

-amiral, matures à l'horizon !
-catapultez un Arado, je veux savoir exactement à quoi nous avons affaire... Commandant, postes de combat !
-bien, Amiral. 

                        16 juin 1940 - convoi HN 21 - croiseur Norfolk

-commandant, je crois que nous avons de la visite...
-effectivement...télégraphiez au Malaya : " 2 navires ennemis en approche rapide par le sud-est "
-vous pensez que ce sont les " Ugly sisters " mon commandant ?
-nous allons être vite fixés, James...équipage aux postes de combat !

                        16 juin 1940 - 1re escadrille du G.G. III/8

-Adjudant ! Qui a donné l'ordre de peindre l'empennage de vos Bloch en noir ???
-je ne sais pas, mon commandant...ça a dû se faire pendant la nuit...
-j'en ai assez des turpitudes de vous et de vos hommes ! Vous allez faire repeindre vos appareils   séance tenante ! C'est entendu Labussière ??!!
-reçu 5 sur 5, mon commandant...

-qu'est-ce qu'il voulait encore, ce vieux c...?
-il n'apprécie pas le noir...qui est-ce qui a peinturluré nos coucous ?
-je crois que c'est Lamarque et Reval...ils avaient un peu forcé sur la bouteille...on les remet à neuf ?
-les pilotes ou les avions ?
-les deux lascars sont en train de dessaouler dans la tranchée-abris...je demande au personnel pour   les empennages ?
-non, les mécaniciens ont assez de boulot comme ça...
-le vieux va pas apprécier...vous passerez jamais officier, mon adjudant !
-parle-pas de malheur, Georges !

1re division cuirassée - 16 juin 1940


-à vos ordres, mon capitaine !
-repos...heureux de rencontrer mon nouvel équipage.
-plaisir partagé, mon capitaine...votre réputation vous précède...d'ailleurs, nous nous sommes permis     de baptiser notre nouveau char du nom de Stonne...mais bien sûr, le choix vous appartient...
-c'est un bon choix, c'est le nom d'une victoire française...donc, allons-y pour Stonne !
-merci, mon capitaine.
-j'ai quitté un B1bis...du progrès avec ce B1ter ?
-oui et non...toujours la tourelle monoplace...mais nous attendons l'ARL 2 que l'on nous promet     depuis des mois...le blindage frontal est passé à 75mm, et le 75 de casemate possède un   débattement latéral de 5°...rien de changé pour la vitesse et l'autonomie, malheureusement...
-nous ferons avec...d'autant que je crois que notre mission sera essentiellement défensive...
-vous pensez que ceux d'en face vont mettre le paquet ?
-je pense qu'ils n'ont pas d'autre choix.

              16 juin 1940 - à bord du Gneisenau


-commandant, message de l'Arado : "avons repéré cuirassé classe Revenge, et un croiseur classe   Norfolk"...
-il ne mentionne pas de destroyers ?
-non, mon commandant...mais le message est peut-être tronqué...

-amiral, les 380 du cuirassé ne portent pas plus loin que notre artillerie principale...
-sans doute, mais je ne veux courir aucun risque...ordonnez au Scharnhorst de gagner la tête du   convoi...cela va obliger nos adversaires à diviser leurs forces !

-mon commandant, nouveau message de l' Arado : " avons repéré un nouveau croiseur, deux   destroyers et ce qui semble être un porte-avions classe Furious, 10 miles au nord-ouest du convoi ".
-si c'est bien le cas, nous allons bientôt subir une attaque aérienne...vos ordres, amiral ?
-annulez l'ordre de détachement...que la Flak se tienne prête...demandez confirmation à l'Arado...que   celui du Scharnhorst prenne le relais si nécessaire.

                  convoi HN 21 - croiseur Norfolk


-ils n'ont pas l'air de vouloir attaquer, commandant...
-la présence du Malaya y est sans doute pour quelque chose...demandez à l'Onslow et à l'Orwell de   nous rallier.
-mais, la protection contre les U-boats va s'en trouver gravement diminuée...
-faisons confiance à nos corvettes; de toutes façons nous n'avons pas le choix.

 Quelque part dans Berlin, à l'abri des regards...et des micros ! 

-si votre offensive échoue, il nous faudra prendre de lourdes décisions...
-vous, vous êtes le maire d'une grande ville, mais moi, je suis un colonel de la Heer, et j'ai prêté   serment au Führer !
-vous ne croyez pas que l'intérêt du peuple allemand passe avant votre serment ?
-le peuple est derrière lui...
-en ce moment, peut-être; mais les quelques nouvelles de Norvège qui évitent la censure ne sont   pas bonnes...de plus, s'il nous faut passer en économie de guerre, la donne changera...mais surtout,   si un double front venait à s'ouvrir, ça réveillerait de très mauvais souvenirs !
-les russes sont nos alliés...
-si nous subissons trop de revers, ils seraient tenter d'en profiter...les pétroles roumains sont une   cible de choix...je n'ai aucune confiance en Staline !
-ce sont des propos dangereux qui pourraient vous conduire à la Gestapo...
-vous comptez me dénoncer ?
-bien sûr que non, mais plus vous serez nombreux, plus le risque de fuites sera important.
-mais, peut-on compter sur vous ?
-mon attitude et celle de certains de mes collègues dépendra du résultat de l'offensive.
-soit...et bien, attendons...

                    porte-avions Glorious-au nord du convoi HN 21

-vous voyez, James, heureusement que le convoi les a attirés à lui, sinon, nous serions dans une   fâcheuse situation !
-si vous permettez, commandant, je trouvais l'idée d'utiliser notre navire comme transport d'avions   peu orthodoxe...
-je sais James, mais c'était un ordre de l'Amirauté...ces 24 Hurricane seront bien utiles à nos troupes   en Norvège...qu'en est-il de nos swordfish ?
-faute de place, nous n'en avons que 6 sur le pont, dont quatre armés de grenades sous-marines...
-que les deux derniers prononcent une attaque à la torpille...
-mais, mon commandant, ils n'ont aucune chance !
-je sais, mais nous nous devons d'assister le convoi...

                                        Sud-Ouest de Charleroi-16 juin 1940


-mon capitaine, un convoi d'artillerie se dirige vers nous...
-oui, je les aperçois...on dirait des 155 longs...

-bonjour Riquier...
-mes respects, mon colonel...vous nos emmenez du renfort?
-en fait, non...ce sont vos nouveaux matériels...des 155 GPF en remplacement de vos Schneider.
-mais, mon colonel, nous avons fait du bon boulot avec eux...
-je n'en doute pas, mais nous risquons bientôt d'avoir besoin d'artillerie à longue portée dans ce   secteur !
-mes hommes auront besoin de temps pour se familiariser avec ce nouveau matériel...
-faites aux mieux Riquier; je compte sur vous.

-c'est vrai, mon capitaine, on lâche nos Schneider ?
-c'est vrai, Roche...
-je vais vous faire sourire, mon capitaine, mais je ressens comme de la peine...
-moi aussi, Roche, moi aussi...

   16 juin 1940 à bord du Gneisenau

 
-message du Scharnhorst, Amiral : " catapulte hors service ... impossible utiliser Arado "
-décidément, ce n'est pas un jour faste...
-commandant, appareils ennemis par babord !

Les deux swordfish faisaient face à une FLAK impressionnante.
Le lieutenant Desmond dirigeait son appareil droit vers le deuxième navire, sans se soucier des éclats   qui martelaient la carlingue.
Il réussit à larguer sa torpille, mais, lorsqu'il passa au dessus du navire, la FLAK tribord ne lui laissa   aucune chance.
L'appareil sembla un instant comme s'immobiliser dans le ciel, puis bascula dans la mer.

Le second Swordfish s'en prit au Scharnhorst, mais rata sa cible.
Endommagé, l'appareil dut amerrir, mais l'équipage put être recueilli plus tard par une corvette.

La torpille de Desmond frappa le Gneisenau à hauteur de la tourelle Bruno, mettant celle-ci   momentanément hors service.
Les cloisons étanches tinrent le choc, mais le navire dût réduire sa vitesse pour ne pas aggraver les   dommages.

-Amiral, les dommages ne sont pas irréversibles...
-nous ne pouvons pas nous exposer à d'autres attaques aériennes...la mission est annulée...nous   rentrons au port pour réparations...que l'Arado rejoigne la côte avant qu'il ne tombe en panne sèche.

Le lieutenant Desmond reçut la Victoria Cross à titre posthume.
Quant'à l'Arado du Gneisenau, on n'en entendit plus jamais parler.

                                  
                                      Ire armée- P.C. 3ème corps -Général La Laurencie

-mon général, je vous assure que les hommes travaillent d'arrache-pied !
-faites-leur bien comprendre que plus les défenses seront élaborées, plus leurs chances de survie   augmenteront...
-bien, mon général.

-mon général, les généraux Billotte et Blanchard sont au P.C....
-continuez les travaux, je vais les y rejoindre.

-mes respects, mon général...
-bonjour, La Laurencie...beaucoup d'activités dans votre secteur...le général Blanchard et moi-même   apprécions cet état de fait...d'ailleurs, dès demain vous recevrez le renfort d'un régiment de   pionniers...ça vous permettra d'améliorer encore vos positions.
-nous avons prévu la résistance échelonnée sur trois lignes en profondeur, et nous ne sommes pas   avares sur les champs de mines...
-heureux de l'entendre...c'est sur votre corps d'armée que l'orage va s'abattre...il ne reste que   quelques jours...
-nous serons prêts, mon général, je puis vous l'assurer.
-bien, nous allons continuer la tournée des popotes...Blanchard, je souhaiterais faire un petit crochet   par la 1re division cuirassée...il y a quelqu'un que je serai ravi de revoir.

Convoi HN21 - croiseur Norfolk


-on dirait qu'ils se retirent, commandant...
-je crois bien que c'est le cas; transmettez au Glorious : " merci pour le coup de main...recherchons   aviateurs survivants...bonne route ".

                             G.C. III/8


-caporal !!!
-oui, mon colonel ?
-dès que l'adjudant Labussière sera rentré, je veux le voir dans mon bureau !
-mais il aura peut-être besoin de ...
-j'ai dit dans mon bureau séance tenante ! Est-ce clair !!??
-bien, mon colonel...

                                       KG26


Le lieutenant Speidel avait réussi à grand peine à ramener son avion au bercail.
Son escadrille avait été étrillée par ces chasseurs français à queue noire, qui disposaient d'une   puissance de feu redoutable.
Il fallait absolument augmenter la protection des bombardiers, sans quoi, chaque sortie serait très   coûteuse en hommes et en matériels.

-combien d'appareils sont rentrés ?
-trois...en comptant le vôtre, mon lieutenant.
-et nos chasseurs de protection ?
A voir la mine de ses interlocuteurs, il comprit que la réponse allait être pénible à entendre.
-votre frère...il n'est pas rentré...

La pervitine pouvait faire oublier la fatigue, mais ne supprimait pas la douleur.

                                              G.C. III/8


-on leur a mis une sacrée pile aujourd'hui...n'est-ce pas Charles ?
-je crois qu'on en a eu neuf...
-faudra remercier le II/7; les Dewoitine nous ont facilité la tâche en s'occupant de leurs 110...

-mon adjudant, le colonel veut vous voir dans son bureau...
-il patientera un peu...
-je m'excuse, mon adjudant, mais ça a l'air urgent...
-c'est bon...Charles, appelle ce numéro s'il te plaît.

Le colonel C. bouillait d'impatience. Cette fois-ci, Labussière et sa bande de mercenaires, il allait les   mettre au pas !

1re Division cuirassée - 28ème B.C.C.


-tous les chefs de chars sont réunis, mon capitaine.
-parfait, Dubreuil, allons-y...

-messieurs, dans quelques jours, nous ferons face à nos adversaires... les tourelles de leurs chars   moyens leur permettent de loger un pointeur et de nous envoyer deux ou trois obus quand nous ne   pourrons leur en renvoyer qu'un...cependant, le 75 de coque de nos B1ter devrait nous permettre de   rétablir quelque peu l'équilibre...des questions ?
-ils ont introduit de nouveaux matériels ?
-en fait, oui et non, ils ont surtout renforcé le blindage des matériels existants, mais nos 47 pourront   toujours le percer...par contre, leurs mark III seraient maintenant dotés d'un 50 mm à la place du   37, ce qui les rend plus dangereux...mais nous ne savons pas dans quelle proportion.
-faut-il s'attendre à une nouvelle tactique de leur part ?
-en si peu de temps, non...leurs chars légers continueront à faire diversion pour permettre aux lourds   de nous ajuster en toute tranquillité...
-on va faire en sorte de la perturber, leur "tranquillité ", mon commandant.
-très bien...d'autres questions ?...Un dernier point, les engins allemands coiffés d'antennes radio   doivent être traités en priorité...vous pouvez disposer.

G.C. III/8

-mon colonel, l'adjudant Labussière est arrivé, dois-je l'introduire ?
-non, pas encore, nous allons le laisser mariner un peu...

-faites-le entrer...
-vous désiriez me voir, mon colonel ?
-en effet ! J'en ai assez de...

-mon colonel...
-quoi encore ? J'avais dit de ne pas me déranger !
-heu...c'est le général Pinsard au téléphone...
-c'est bon, passez-le moi...

-mes respects, mon général, votre appel tombe à pic parce que je...
-.../...
-je comprends, mon général, mais je ...
-.../...
-c'est entendu, mon général...
-.../...
-tout à fait, mon général, pour une stupide histoire de peinture, ça ne vaut...
-.../...
clic.

-vous vouliez me voir, donc, mon colonel ?
-heu, oui...la mission s'est bien passée ?
-9 de moins en face, mon colonel.
-c'est bien...c'est bien...
-autre chose, mon colonel ?
-non, vous pouvez disposer...

Lorsque l'adjudant quitta le bureau sans même le saluer, le colonel eut l'impression d'avoir mangé sa casquette.
Il faut dire à sa décharge que la 1re escadrille était un peu spéciale.
Les premiers pilotes étaient des " mercenaires " qui s'étaient battus en Chine, en Espagne et en Finlande.
Autrement dit, ils avaient affrontés les japonais, les allemands, les italiens et les russes.
C'étaient donc des pilotes chevronnés et peu réactifs question discipline.
Quand il s'était agi d'étoffer l'escadrille, d'autres groupes lui avaient cédé les hommes dont ils voulaient se débarrasser, pour des raisons qui n'avaient d'ailleurs rien à voir avec leurs qualités de pilote.
Bref, c'était devenue une escadrille hors norme, d'autant que dans ses rangs se trouvaient deux républicains espagnols.

D'après le légende, l'intervention du général Pinsard aurait été due au fait que son propre avion, un Morane 406, étant entièrement peint en noir, il avait mal pris l'intention du colonel de faire enlever cette peinture des empennages de l'escadrille.
Mais comme toutes les légendes...

28ème B.C.C. - 1re Division cuirassée

-désolé, mon commandant, de vous avoir encore donné du " capitaine "...
-ce n'est rien Dubreuil, la fonction crée l'organe !
-des nouvelles de l'Etat-Major, mon commandant ?
-oui, la division doit rejoindre le 1er Groupement cuirassé...nos camarades de la 2ème D.C.R. et de la 9ème D.I.M. nous ont précédés...le Groupement interviendra en appui du 3ème C.A....prévenez les hommes, ce mouvement doit se faire au plus vite.
-bien, mon cap..., mon commandant.

Panzergruppe Hoepner

-mon général, les français ont considérablement renforcé leurs lignes, notamment avec des champs de mines...nos panzers risquent de subir de lourdes pertes nuisibles à l'exploitation...l'infanterie pourrait peut-être...
-hors de question ! Nos panzers feront le travail ! Veillez à ce que tout soit prêt pour le 22 !
-bien, mon général.

Panzergruppe Hoth

-de combien de nouveaux Panzers III disposerons nous pour l'offensive ?
-une trentaine, au mieux, mon général...
-c'est insuffisant...
-chez le général Hoepner, ce n'est pas mieux...
-heureusement pour nous, au contraire des français, les britanniques possèdent très peu de chars lourds...a t-on une idée de leurs moyens blindés ?
-une, peut-être deux divisions, et deux brigades...
-nous devrions pouvoir en venir à bout...l'infanterie aura la charge de nettoyer les retranchements adverses, pour ouvrir le passage à nos panzers

la tension monte !!!
Pascal

P.C. 3ème corps d'armée

-nos visiteurs sont repartis satisfaits de ce qu'ils ont vu, semble t-il...
-je le pense aussi...faites-le savoir à tous les échelons; cela devrait galvaniser les hommes...
-les travaux ont l'air d'aller bon train aussi chez nos voisins anglais !
-nous avons dû les renforcer en canons antichars...ils souhaitaient aussi recevoir des chars B, mais là, pas question ! Malgré tout, ils nous ont octroyé une bonne centaine de fusils antichars Boys...ça peut être efficace contre les blindages minces.
-à ce propos, j'ai vu un groupe de nos gars qui manipulait ce qui me semblait être des grenades VB, mais qui n'en étaient pas...
-gardez ça pour vous André, mais ce sont des projectiles antichars Brandt à charge creuse...
-ça peut percer les chars boches ?
-il semblerait que oui, mais , vu la courte portée, il faut que le tireur fasse preuve d'un grand sang froid...nous serons les premiers à les tester en combat; et, si le bilan est positif, elles seront produites en grande série.

nuit du 16 au 17 juin

-trois quadrimoteurs entièrement peints en noir s'envolèrent pesamment de l'aérodrome de Calais-Marck, objectif Berlin !

17 juin 1940 - à l'aube au large de Bergen

La Minerve avait terminé son tour d'opération, et devait laisser la place à la Junon.
Le L.V. Sonneville jeta un dernier coup d'oeil au périscope...et n'en crut pas ses yeux !
Pas croyable ! les revoilà, mais pas seuls car entourés d'escorteurs, sans parler d'un hydravion qui les survolait.
Son sous-marin n'était pas dans une position idéale, mais tergiverser risquait d'augmenter sérieusement les chances de se faire repérer.
Aussi, il décida de vider son carquois, puis de quitter le secteur au plus vite.
Six torpilles de 550mm partirent en direction de l'escadre allemande.

                  Quelque part dans Berlin - à l'abri des regards... et des micros !

-les mauvaises nouvelles arrivent en cascade !
-la Norvège ?
-oui, Trondheim est tombée...les alliés se dirigent vers la vallée du Dombas...en ce moment, ils seraient en vue d'Oppdal.
-sans parler du bombardement de cette nuit !
-difficile de le cacher à la population...qu'en dit Goering ?
-les journaux français revendiquent l'attaque, mais lui pense que c'est plutôt du fait des anglais...et il compte user de représailles !
-les dégâts son minimes, mais son ego en a pris un coup...l'offensive est dans cinq jours, ce n'est pas le moment de disperser notre aviation !
-et les officiers que vous avez contactés ?
-ils sont prudents, ils attendent de voir le résultat de notre offensive...
-la Gestapo finira par avoir vent de nos réunions...j'aimerais pouvoir accélérer le temps !

                            P.C. 1er Groupement cuirassé - Général Delestraint

-messieurs, la 1re D.C.R. rejoint notre groupement; nous agirons en soutien du 3ème C.A....c'est une mission défensive.
-( murmures )
-je vous comprends, mais ce sont les ordres...nous devons casser leurs pointes blindées, avant d'envisager tout mouvement offensif ! Au nord se trouve les 3 D.L.M. du corps de cavalerie Prioux, et au sud, la 4ème D.C.R. du " connétable ", pardon, du général De Gaulle...
-( rires )
-nous sommes donc en position de force...c'est du côté de nos amis anglais que je me fais du souci...

H.Q. Ist Army Corps - Maj-Gen. Michaël Barker

-messieurs, c'est sur nous que l'orage va s'abattre, et sur le 3ème corps français à notre sud...nos services de renseignements sont formels !...Harold ( Alexander ), c'est votre division ( 1st Inf Div ) qui est à la charnière; vos troupes sont prêtes ?
-autant que possible, général.
-et pour vous Henry ( Loyd ) (2nd Inf Div ) ?
-les travaux de retranchement se poursuivent...mais nous serons prêts à temps.
-bien...Andrew ( Thorne ) ( 48th Inf Div ) ?
-quelques canons antichars supplémentaires seraient les bienvenus...mais j'ai confiance en notre position.
-je vais voir auprès des français s'ils peuvent encore nous fournir quelques pièces de leurs 25...ça ne vaut pas nos 2pdr, mais c'est toujours bon à prendre...je vais me rendre auprès de Lord Gort pour lui faire part de notre optimisme...d'autant que nous aurons le soutien des 1st et 2nd Armoured Divisions, ainsi que des 1st et 23rd Army Tanks Brigade.
-pas d'infanterie ?
-si, les 52nd Inf Div, 1st Canadian Div et la Guards Brigade...mais j'espère que nous pourrons nous passer de leur concours...gentlemans, vous pouvez regagner vos unités.


17 juin à l'aube - au large de Bergen

Le Dornier Do 24 qui survolait la flotte aperçut trop tard le sillage des torpilles...en plus, dans l'affolement il donna une position erronée! Du coup, ce fut du chacun pour soi et c'est un miracle qu'il n'y eut pas de collision.
La première anguille passa à moins de 10 mètres de l'étrave du Gneisenau; les deuxième et troisième ne touchèrent rien; par contre, la quatrième heurta de plein fouet l'escorteur F9, qui fut littéralement pulvérisé !
( on aperçut quelques survivants qui nageaient au milieu des débris, mais le Ju 52 ( See ) envoyé sur les lieux ne trouva personne; l'eau glaciale ayant prélevé son tribut )
La cinquième anguille fut pour la corvette UJ-201 qui perdit une bonne partie de son étrave, mais ne coula pas, et put gagner péniblement Bergen en marche arrière.
A ce stade, on pouvait dire que les allemands s'en tiraient à plus ou moins bon compte...mais, c'était sans compter avec la dernière anguille !
Elle frappa le Scharnhorst au pire endroit possible, juste avant le gouvernail...l'arbre de transmission tribord cassa sous l'impact, la turbine s'emballa et le morceau d'arbre restant fut rapidement porté au rouge, avant que l'ordre de stopper les machines ait pu avoir un quelconque effet.
Ce dernier cisailla la coque et tout le câblage comme un gigantesque chalumeau devenu fou.
Le navire embarqua des tonnes d'eau, avant de s'immobiliser sur son erre.
Une grande partie de l'artillerie secondaire était désormais hors d'usage.
Le navire était " dead in the water " !
Il n'y avait plus qu'une chose à faire, c'était essayer de le remorquer jusqu'à Bergen pour des réparations provisoires, avant que la RAF n'entre en scène.

A bord de la Minerve, on avait bien perçu les explosions, mais sans connaitre le résultat.
Le sous-marin subit plusieurs attaque d'hydravions, mais parvint à rejoindre Blith, malgré quelques dommages.
Ce devait être le seul sous-marin et son équipage à recevoir des décorations françaises et anglaises.

Bravo Minerve !!
Bien joué !!!
Pascal

Bonsoir,
Toujours aussi haletant.
Bravo, encore..
Atchao
Laurent

NORVEGE

Le dispositif allié était plus que conséquent : les 1re, 2ème, 3ème D.L.Ch. et la 13ème D.B.L.E. pour les français, la brigade Podhale pour les polonais, les 15th, 146th, 148th et 24th Guards Brigade pour les anglais, la 6ème division pour les norvégiens, et enfin, le régiment de volontaires scandinaves ( danois, suédois, finlandais ).
En face, les 181. et 196. I.D. étaient en grandes difficultés, surtout à cause du ravitaillement qui n'arrivait pas en quantité suffisante.
Leurs arrières n'étaient pas suffisamment sécurisés, où de petits groupes de soldats norvégiens leur menaient la vie dure.
Par ailleurs, la nouvelle de la mise hors jeu des alpins de Dietl, leur avait flanqué un sacré mauvais coup au moral.
La Luftwaffe était moins présente ( pour cause de Lüttich ), mais essayait tant bien que mal d'assurer un minimum de ravitaillement par voir aérienne.

Pour parer une éventuelle catastrophe, il fut décidé d'envoyer une partie des parachutistes de la 7. Flieger-division dans la vallée du Dombas.
Cette division, qui avait déjà combattu aux premiers jours de la campagne de Norvège, avait subi des pertes sensibles en Hollande.
Toutefois, les effectifs engagés seraient fonction de la quantité d'avions de transport disponibles, qui se réduisait comme peau de chagrin, au point qu'on devra faire appel aux appareils d'écolage.

L'aérodrome de Trondheim, qui avait subi peu de dégâts, fut rapidement occupé par la flottille F1C du C.C. Jozan, bientôt rejointe par un squadron de Hurricane jusqu'à présent stationné à Bodö.

Les éléments se mettaient en place pour le plus grand combat aérien du ciel de Norvège.

G.Q.G. Saacy-sur-Marne - 17 juin

-mauvaise nouvelle , mon général...
-encore !!!
-l'avion qui transportait le général Huntziger s'est écrasé...il n'y a pas de survivants...
-c'est triste...et à quatre jours de déclencher l'opération "Maurice", ça ne pouvait pas plus mal tomber...je veux un silence complet sur cette affaire; nous aviserons de la suite plus tard !
-il faudrait peut-être envisager son remplacement ?
-non...télégraphiez à Freydenberg de ne rien changer à nos dispositions.

16.Armee - Général Busch

-c'est confirmé, mon général, les français amassent des troupes devant notre tête de pont...
-avons-nous pu identifier des unités ?
-oui, au moins trois divisions d'infanterie et deux divisions blindées...
-vous êtes sûr ?
-oui, mon général...
-les français sont devenus fous !!?? Ils n'ont pas pu ne pas remarquer nos concentrations de chars en Belgique...et ils gaspilleraient deux divisions blindées pour nous attaquer dans un secteur qui n'est plus vraiment une menace pour eux ???
-c'est vrai que ce n'est pas logique...
-j'espère qu'ils ne nous préparent pas ce qu'ils appellent une " entourloupe " !

aérodrome de Trondheim

-le L.V. Folliot contemplait ses Potez alignés sur la piste. Son escadrille était équipée de Potez 671; en fait des 631 qui avaient abandonné leurs G.R. de 700cv pour des H.S.12Y45 de 930cv. Le gain de vitesse était considérable, mais pas au point de rivaliser avec les Me110, du moins sur ce plan là.
Un bruit de moteur attira son attention...c'étaient les Hawk 75-A6 de la Jagevingen, menés par le capitaine Dahl, qui avait déjà affronté les allemands au dessus d'Oslo ( sur Gladiator ! ).
Pilotes français, anglais et norvégiens...cela allait poser quelques problèmes de communication !

P.C. Opération Lüttich - Général Von Rundstedt

-Hoepner est devenu fou ! Il a fait fusiller des cheminots belges et même deux de nos régulateurs ! On ne déplace pas deux Panzergruppe, comme ça, d'un coup de baguette magique...au moins que ça serve à quelque chose...quel est le taux d'indisponibilité de nos panzers ?
-près de 20%, mon général...
-pas bon, pas bon du tout...
-nos équipes de maintenance travaillent pourtant jour et nuit, je puis vous l'assurer.

-mon général, un message de la 16.Armee...
-que dit-il ?
-" concentration de blindés français devant nos lignes...mouvements laissant présager une attaque prochaine ".
-il y a de quoi être perplexe...mon sentiment est que les français cherchent à nous distraire de notre objectif...
-des dispositions particulières, mon général ?
-non, il y a assez de désordre comme ça...ne changeons rien...de toute façon, nous n'en avons plus le temps.


P.C. 2ème Armée - général Freydenberg


-Buisson, votre groupement est prêt ?
-Autant qu'il peut l'être, mon général...
-parfait...voilà notre dispositif : à gauche, la 6ème D.I., objectif Donchery; à droite, la 6ème D.I.N.A., objectif Wadelincourt; au centre, votre groupement, 3ème D.C.R., 7ème D.L.M. ( ex-4ème D.L.C. ), 3ème D.I.M., 10ème B.C.C., objectif Sedan...les 11ème D.I. et 82ème D.I.A. feront diversion à partir de leur position au nord de Stonne.
-s'ils repassent la Meuse et font sauter les ponts, nous aurons du mal à traverser et à occuper la totalité de la ville...
-je sais, mais l'essentiel, dans un premier temps, est de les faire reculer !

aérodrome d'Oslo Fornebu

Les Ju 52 se rassemblaient sur la piste en compagnie des Me 110 qui devaient les escorter.
Les paras attendaient patiemment en contemplant la ronde des appareils.
Pour ce parachutage dans la vallée du Dombas, c'était le colonel Richard Putzier qui les commandait, en remplacement du général Kurt Student, qui avait reçu l'ordre de rester au sol, malgré ses véhémentes protestations.

nuit du 17 au 18 juin - Norvège

Plus de 60 bombardiers lourds britanniques bombardèrent Bergen, dans l'espoir d'achever le Scharnhorst.
Les résultats ne furent pas à la hauteur des espérances, pour 7 appareils perdus et autant d'endommagés par la FLAK.
Le cuirassé ne reçut aucun coup direct, mais une bombe tomba à quelques mètres de sa poupe et accentua les dommages causés par la torpille de la Minerve.
Une autre explosa sur le quai à proximité, et les éclats firent un massacre parmi les servants de la DCA du navire.

Cet évènement provoqua un échange aigre-doux entre les états-majors français et anglais, les premiers estimant que le bombardement des troupes allemandes en Belgique aurait été plus opportun.
Par ailleurs, la RAF n'entendaient toujours pas envoyer des squadrons de Spitfire en France, prétextant la défense du territoire national en regard des menaces de représailles de Goering ( qui finalement n'eurent pas lieu... ).

A l'approche de "Lüttich", les relations entre les deux alliés n'étaient pas vraiment au beau fixe.

G.Q.G. Saacy-sur-Marne - 18 juin

-vous voyez, Lagarde, nos amis anglais ne changeront jamais...la plus grande menace à leurs yeux, c'est tout ce qui est capable de flotter !...Du nouveau du côté de la 1re armée ?
-les corps francs sont très actifs...les renseignement recueillis confirment que l'attaque aura bien lieu le 22.
-je voudrais déjà y être, Lagarde; cette attente est en train de m'user.
-je suis sûr que vous tiendrez bon, mon général...
-merci Lagarde, je l'espère...je comprends ce que Joffre a dû ressentir à la veille de la bataille de la Marne...et nous avons le même problème avec nos amis anglais !
-quel problème, mon général ?
-ils ont déjà prévu un plan d'évacuation de leur corps expéditionnaire, au cas où les choses tourneraient mal.

18 juin - vallée du Dombas - 8h00

Quelques élans cheminaient tranquillement, lorsque leur attention fut attirée par un bruit venant du sud, bruit qui allait s'amplifiant.
Ils distinguèrent de nombreuses taches noires dans le ciel; ce n'étaient pas des macareux moines, ni même des aigles à queue blanche...c'étaient de drôles d'oiseaux !
Leur instinct leur dicta qu'il valait mieux se réfugier sur une hauteur...

40 Ju 52 du KGzbV3, escortés par 31 Me 110 du ZG76 passèrent au dessus de leurs têtes dans un vrombissement infernal.
Les paras du III/FJR 1, grelottaient dans la cabine des transports, et n'avaient qu'une hâte, c'était de sauter.
Les choses ne se passèrent pas comme prévu.

Les 21 Potez de la F1C furent les premiers à entrer en action, suivis des 15 Hurricanes du 263 Sqdn.
Les Me 110 firent de leur mieux pour protéger les Ju 52, mais, l'arrivée des 18 Curtiss norvégiens fit pencher la balance du côté des alliés.

Les franco-polonais qui assistaient de loin à l'évènement voyaient des avions exploser en l'air, d'autres qui se traînaient en émettant un lourd panache de fumée noire, et certains qui tentaient un atterrissage forcé, pour finalement se retrouver sur le dos.
Mais le plus impressionnant c'étaient ces hommes, nombreux, suspendus dans les airs à un parachute rongé par le feu.

Lorsque le combat prit fin, la moitié des Ju 52 était détruits ou cloués au sol; les Me 110 ayant perdu 8 des leurs.
Côté allié, 3 Potez, 1 Hurricane et 2 Curtiss manquaient à l'appel; une dizaine d'appareils rentrant endommagés.
Il semble bien qu'un des Potez fut la victime du tir fratricide d'un Hurricane...mais, les relations entre alliés étant déjà très tendues, l'affaire fut enterrée.

Les paras qui avaient échappé au carnage, se regroupèrent tant bien que mal, et commencèrent à récupérer ce qu'ils pouvaient dans les nombreuses épaves.
Ils n'étaient pas dans les meilleures conditions pour essayer de stopper l'avance alliée.

Après s'être un instant arrêté, les élans reprirent leur marche, indifférents au drame qui s'était joué sous leurs yeux.

Sud-ouest de Charleroi

Les DO 17 surprirent tout le monde et purent lâcher leurs bombes en toute impunité.
Tout le monde courut aux abris, sauf Roche.
Quand les avions firent un deuxième passage, il empoigna un FM et se mit à mitrailler consciencieusement les agresseurs.
-Roche, fais pas le con, planque-toi !
-je veux m'en faire un, de ces salauds !

L'orage passé, Riquier se mit à inspecter les dégâts.
Par chance, on ne déplorait que trois blessés légers et une pièce endommagée, mais réparable.
-c'est une honte, notre DCA n"a pas tiré un seul coup ?!
-écoute, Roche, ils ont été aussi surpris que nous...en tout cas, ne joue plus les CM (1); nous avons trop besoin de toi.

(1) CM = Candidat Macchabée.

Les historiens sont partagés sur l'épisode de cette bataille aérienne dans le ciel de Norvège.
 Toutefois, tous sont d'accord pour dire qu'elle n'était pas le fait du hasard.
 En effet, les avions allemands étaient attendus.
 On a parlé de décryptage, d'écoute téléphonique, d'action de la résistance norvégienne, et même de trahison.
 En fait, cela serait dû tout simplement au manque de professionnalisme d'un opérateur radio.
 D'ailleurs, les alliés étaient persuadés d'avoir à faire face à un parachutage sur Trondheim, dans le style de ce qu'il s'était passé le 10 mai en Hollande.
 Quoi qu'il en soit, la situation des forces allemandes en Norvège était un peu plus compromise.

                                   P.C. Opération Lüttich


 -je pense que nous aurions dû concentrer toutes nos forces contre les seuls anglais...
 -c'est ce que nous avions fait en 1918, lors de l'opération  " Michaël ", et les français avaient eu tout loisir de venir au secours de leurs alliés...je pense que là, ils seront trop occupés pour faire de même ! Leurs relations n'en seront que plus tendues...
 -c'est vrai, mais je maintiens qu'un puissant schwerpunkt aurait été plus efficace que deux de moindre importance !
 -de toute façon, il est trop tard pour changer quoi que ce soit...
 -en effet, croisons les doigts pour que l'offensive réussisse...

                                   G.Q.G. Saacy-sur-Marne


 -d'après nos spécialistes, le nombre de blindés britanniques capables d'affronter leurs homologues allemands à armes égales, est de moins d'une centaine...
 -c'est bien ce que je craignais !
 -c'est pour cela qu'ils réclamaient des chars B...
 -nous n'avions pas les moyens de leur en fournir...peut-être en juillet...
 -des ordres à ce sujet, mon général ?

 Le généralissime resta pensif un long moment.

 -Lagarde, aviser le général De Gaulle de positionner sa division en retrait du 1er corps britannique; je lui laisse le choix de l'emplacement qu'il jugera le plus adéquat...ce rapprochement du front devrait lui convenir parfaitement...
 -assurément, mon général, mais nous n'aurons plus de division blindée pour pallier un pépin en direction du sud...
 -dans ces conditions, que la 4ème D.L.M. ( ex-1re D.L.C. ) du général d'Arras occupe la place laissée vacante.
 -mais, la division n'a pas encore sa dotation complète en blindés...
 -je sais, mais le personnel est aguerri...et puis, nous n'avons pas tellement le choix !
 -bien, mon général.

 Le généralissime ne pouvait pas le savoir, mais ce mouvement, qui ne concernait en fait que deux divisions, allait avoir des conséquences incalculables sur la suite de la campagne.

Dans le ciel de Belgique


  Le lieutenant Speidel aurait normalement dû être dispensé de vol, mais il avait tenu à mener son escadrille au combat.
 Toutefois, il se demandait s'il allait pouvoir tenir le coup encore longtemps à ce rythme !
 Et puis, la mort de son frère le taraudait...
 Il essayait de chasser ces mauvaises pensées pour se consacrer à la mission, mais c'était difficile.

 L'humeur était au beau fixe dans le cockpit du Bloch 155 de l'adjudant Labussière.
 Ses anges gardiens, en l'occurrence des D 520, avaient été ponctuels au rendez-vous.
 Son escadrille allait pouvoir se charger des bombardiers.

 Speidel jetait un coup d'oeil de gauche à droite pour vérifier le bon alignement de sa formation, quand soudain, un cri strident retentit dans ses écouteurs  : " Die schwarze Schwänze ! ".

 Comme à son habitude, Labussière engagea une passe frontale sur le He 111 de tête.

 Le mitrailleur avant fit ce qu'il put pour contrer l'attaque, mais ce fut insuffisant. Speidel vit des éclairs s'allumer sur les ailes de l'avion qui fonçait droit sur eux. La verrière explosa sous les impacts, et il sentit un choc violent au niveau de l'épaule gauche.

 Labussière évita la collision de justesse, mais sentit que son moteur avait des ratés.

 Dans un effort surhumain, Speidel réussit à poser son appareil sur le ventre, pour réaliser d'un coup que le feu gagnait du terrain, et qu'il portait toujours sa cargaison de bombes !

 Le Bloch de Labussière fit un magnifique cheval de bois dans un champ voisin, sans gravité pour le pilote. Il réussit à s'extraire de l'appareil pour se retrouver entouré de soldats belges, la mine quelque peu patibulaire.

 Speidel réussit à sortir péniblement de l'épave en flammes et évita d'être molesté grâce à l'intervention de Labussière qui avait réussi à se faire reconnaître comme français. Il fut le seul de l'équipage à s'en sortir...avant que les bombes n'explosent.

 Les deux pilotes ignorèrent longtemps qu'ils avaient eu affaire l'un à l'autre. Ce n'est que trente ans plus tard, lors d'une réunion d'anciens combattants, qu'ils purent faire le rapprochement.

                          XVI.Armee - P.C. du général Busch


 -nous avons reçu de nouveaux ordres de l'Heeresgruppe...nous devons prendre les français de vitesse et procéder à une offensive sur Longwy ! Et ce, avant le 21...
 -mais pourquoi avant le 21, mon général ?
 -parce que, d'après nos services de renseignements, c'est le jour de leur propre offensive sur Sedan.
 -mais, ça bouscule complètement nos plans !
 -je sais, mais cela aura pour effet de les déstabiliser...nous engagerons trois divisions d'infanterie.
 -mon général, cela implique que nous n'aurons plus de réserve si les choses tournent mal du côté de Sedan !
 -j'en ai bien conscience...comme je l'ai souligné, ce sera une course de vitesse entre eux et nous...faites pour le mieux, Ludwig, avec le temps qu'il nous reste.