UCHRONIE SEDAN 1940

merci, c'est sympa.

                                       Stonne  15 mai  8 heures


 Deux heures que l'on se battait avec un acharnement égal des deux côtés !
 A cause de l'étroitesse des rues, les engins allemands ne pouvaient déboucher en nombre; par ailleurs, du fait de la courte distance entre les protagonistes, les F.C.M.36 n'étaient plus handicapés par la faiblesse de leur 37mm.
 Des carcasses de chars en flammes jonchaient la chaussée, dont le bitume fondait par endroits.
 L'attaque ne progressant pas assez vite à son goût, Von Schaal envoya à l'assaut son 69.Schützen Regiment.
 Celui-ci fut chaudement accueilli par les cavaliers du 6ème G.R.D.I...
 L'artillerie de campagne des deux camps ne pouvaient intervenir, tellement les adversaires étaient imbriqués.
Toutefois, petit à petit, du seul fait du nombre, la balance commençait à pencher du côté allemand.

     Pendant ce temps, du côté du XXIème corps


 Ce fut la 3ème D.I.M. qui , la première, commença à se déplacer.
 Il est vrai que les hommes étaient particulièrement motivés à l'idée d'aller secourir leurs copains du 6ème G.R.D.I. !
 Le mouvement n'échappa pas au "mouchard" de la Luftwaffe, qui, avant d'être abattu par la D.C.A., eut le temps d'envoyer un message d'alerte.
 Quelques minutes plus tard, l'artillerie allemande bombardait le secteur.
 Pour ne pas être en reste, l'artillerie française fit de même, un peu plus au jugé.
 C'est ainsi, qu'obus francais et allemands se croisèrent au dessus de Stonne et des combattants qui s'y écharpaient.
 
 En arrière du XXIème corps, et malgré l'absence d'observateur d'artillerie, l'A.L.V.F., rameutée des arrières du G.A.2 ( concentrée là, en prévision d'une attaque de la ligne Siegfried en 1941...) commença à harceler de ses tirs la tête de pont de Sedan.

 La Luftwaffe fut chargée de les faire taire, ce qui entraîna un jeu de cache-cache mortel, qui allait durer plusieurs jours, entre les pièces françaises et les bombardiers allemands.
 De ce fait, les obus qui atterrissaient sur la tête de pont n'étaient pas nombreux; ce qui fit dire à un officier allemand, qui se voulait rassurant, que ce n'étaient, tout au plus, que des piqûres d'épingles.
 Ce qui n'était pas du tout l'avis du troupier moyen, quand il encaissait des obus de 305, voire de 400mm.

G.Q.G. Saacy-sur-Marne   15 mai  9 heures


-mon général...Winston Churchill à l'appareil...

 Le généralissime fit la grimace.
 Il avait trop de soucis en ce moment pour se laisser distraire par une conversation téléphonique, fut-ce avec un Premier ministre britannique...mais, entente cordiale oblige, il ne pouvait pas se dérober.

-bonjour général.
-bonjour, monsieur le Premier ministre...que puis-je pour vous ?
-je vous en prie, général, laissons tomber le protocole...
-comme vous voudrez, monsieur le...
-général, il semblerait que vous connaissiez des difficultés au centre de votre dispositif ?
-c'est exact, les allemands ont effectué quelques percées, mais il n'y a en aucun cas effondrement de   notre défense...
-Dieu vous entende, général, Dieu vous entende...où est la masse de manoeuvre ?
-elle est déjà engagée...elle s'emploie à colmater les brèches.
-bien, bien...vous êtes donc optimiste pour la suite des opérations?
-raisonnablement optimiste...en effet, monsieur le...
-je peux donc rassurer Lord Gort qui se fait du souci pour ses arrières ?
-tout à fait, Monsieur le Premier ministre...puis-je exposer une requête ?
-faites, général...
-l'essentiel de notre aviation est engagé sur le secteur...la R.A.F. pourrait-elle fournir un effort   supplémentaire ?
-je vais voir ce que je peux faire, général...par ailleurs, j'ai le plaisir de vous informer que nous   mettrons en ligne deux divisions supplémentaires avant la fin du mois !
-je vous remercie, monsieur le Premier ministre...
-tenez bon, général...tenez bon.

 La conversation terminée, le généralissime resta un moment pensif.

 Pour les renforts en aviation, il savait que ce n'était pas gagné.
 Avec deux divisions supplémentaires, cela ferait moins de quinze divisions britanniques sur le front, alors qu'en 1918, il y en avait quarante !

            Etat-major  XIX. A.K. (mot.) 15 mai  9 heures


-mon général, un nouveau message du Panzergruppe !!!
-ne répondez pas !
-mais, mon général, je...
-calmez-vous Werner ! Friedrich, où en est notre progression à Stonne ?
-je pense que le village devrait être entre nos mains dans moins d'une heure !
-vous voyez, Werner, patientez encore un peu et vous pourrez envoyer une bonne nouvelle à Von Kleist !

Werner acquiesça de la tête, pas spécialement rassuré pour autant, car, en cas de pépin, on trouvait toujours un lampiste sur qui faire retomber la faute.

3ème Groupe 155mm courts Schneider   15 mai   7 heures


Un commandant de l'infanterie coloniale descendit du side-car et se dirigea vers Riquier.

-commandant Lefebvre, du 19ème Bataillon autonome de tirailleurs sénégalais...B.A.T.S. pour faire   court...
-lieutenant Riquier, 3ème groupe du 14ème R.A.T.T.T....pour faire court aussi...à vos ordres, mon commandant !
-nous venons renforcer votre position...malheureusement, je dois éparpiller mes moyens sur toute la   largeur de votre régiment...je ne peux vous octroyer qu'une compagnie de tirailleurs, deux   mitrailleuses et deux mortiers de 60...
-tout renfort est le bienvenu ! Avez-vous reçu des ordres nous concernant ?
-tenir...jusqu'à l'arrivée de la 19ème division d'infanterie et peut-être d'un bataillon de chars...
-ils ne seraient pas de trop...
-en effet, mais je vois que vous avez déjà fait du bon boulot...
-ça, ce n'était que le hors d'oeuvre !
-je vais me placer au centre du dispositif...bonne chance pour la suite, lieutenant...
-bonne chance à vous aussi, mon commandant !

                             1re Panzer-division du Général Kirchner    au même moment




-mon général, nous n'arrivons plus à joindre notre reconnaissance...
-que disait leur dernier message ?
-qu'ils étaient engagés par de l'artillerie.
-je croyais que la Luftwaffe avait tout écrasé devant nous ???
-il doit encore subsister quelques poches de résistance...nous attendons un rapport de notre   Henschel...
-pas question d'attendre ! Notre panzer-brigade doit balayer toute résistance...donnez l'ordre à Balck   de la soutenir avec ses Schützen ...

                                 
                             Etat-major Heeresgruppe A   15 mai  ( horaire incertain )




-Kleist, je crois que vous noircissez la situation...
-je regrette, mon général, mais les français positionnent de plus en plus de troupes sur mon flanc   gauche...mais surtout, notre tête de pont est sous le feu de leur artillerie !
-muselez-la avec de la contre batterie ! Et la Luftwaffe, elle se repose sur ses lauriers ?!!!...accélérez   le mouvement pour nous extraire de cette tête de pont !
-les embouteillages sont tels que notre infanterie n'a pas encore pu traverser la Meuse !
-que suggérez-vous ?
-de stopper provisoirement notre avancée...le temps de remettre de l'ordre dans nos divisions...
-vous n'y pensez pas ! Vous me voyez annoncer ça au Führer ???
-si les français parviennent à couper notre ligne de ravitaillement, c'est une catastrophe que vous   aurez à lui annoncer !
-bon, je ne vous promets rien, Kleist...je vais néanmoins faire part de votre demande à Halder...c'est   à l'O.K.H. de prendre la décision...

Von Rundstedt réfléchit un moment, puis jugea opportun d'attendre que la situation se décante.


                              Panzergruppe Kleist  au même moment


  Le général Kleist était au bord de l'apoplexie !
  Il se doutait bien que Von Rundstedt  n'allait pas contacter l'OK.H.; car, comme tous les autres, il se souciait avant tout de protéger sa petite personne...et si désastre il y avait, c'est sur lui, Von Kleist, que la faute retomberait !

-je veux une liaison immédiate avec le général Guderian ! Vous m'entendez ??!! Gu-de-rian !!!

" Fort Riquier "   15 mai  7h30




-mon lieutenant, le mouchard nous observe !
-je sais, Dubois, mais il reste hors de portée...pas question de gaspiller nos munitions !
-normalement, on aurait déjà dû être bombardés...
-oui, soit leur artillerie n'est pas encore en place, soit leur liaison avec leur aviation est défectueuse...ou alors...

 Riquier n'eut pas le temps de terminer sa phrase, que la réponse à son interrogation lui parvint sous la forme d'un puissant cliquetis de chenilles !
 Comme il le craignait, les chars étaient accompagnés de véhicules semi-chenillés transportant de l'infanterie.

-cette fois, nous y sommes...Dubois, occupe-toi des 155 sur la droite !
-à vos ordres , mon lieutenant...

 Riquier se rendit compte alors qu'il n'avait pour toute arme que son revolver modèle 1892; son intense activité lui ayant fait oublier de se munir d'un mousqueton !

 L'affrontement fut dantesque; Riquier vit un semi-chenillé exploser sous l'impact d'un 155, et des hommes en flammes se rouler par terre en hurlant; les balles de mitrailleuses cinglaient les boucliers des canons, provoquant le bruit qu'aurait fait un gigantesque orage de grêle !
 Il jeta un coup d'oeil sur les tranchées...les hommes se battaient et personne n'abandonnait la position...ses "terrassiers" tenaient le choc et il se demanda ce qui avait bien pu se passer sur la Meuse pour précipiter le repli de ces hommes ?
 Le temps passait, et les tirs étaient de moins en moins nombreux côté français...tenir !
 Des cris, de la fumée, des flammes...

 A sa gauche, il vit avec angoisse que la Panhard de Lefort était en feu.
 Les mitrailleuses des coloniaux faisaient du bon travail, mais elles commençaient à devenir une cible privilégiée, ce qui n'empêchait toutefois pas leurs servants de faire leur boulot.

 Les chars se rapprochaient, inexorablement.

 Le 155 où servait Dubois fut atteint par une rafale de 20mm qui coucha tous les artilleurs.
 Riquier vit son caporal, ensanglanté, se relever, tirer sur le cordon, puis retomber, pour ne plus bouger.
 Pauvre Dubois, pensa t-il, c'est moi qui l'ait envoyé à la mort !
 Ce fut une piètre consolation de voir l'obus, tiré à moins de 30 mètres, emporter la tourelle du Panzer II, une moitié de corps de tankiste émergeant du châssis...

-bande de salauds ! hurla t-il à l'adresse des fantassins qui s'approchaient de la position, tout en   déchargeant son revolver sur eux.

 A ce moment, et à son grand étonnement, des obus commencèrent à s'abattre sur les lignes allemandes !
-ça alors...il se font canarder par leur artillerie qui tire trop court...

 Il eut à peine le temps de sourire, qu'un choc formidable à la tête l'envoya bouler au fond de la tranchée.
 Tout fut noir...pour la deuxième fois.

  Etat-major XIX. A.K. ( mot. )  15 mai  10 heures


-mon général, un message de la 10.Panzer...Stonne est entre nos mains !
-magnifique !
-doit-on aviser le Panzergruppe ?
-pas encore, je vais rejoindre le général Schaal pour discuter avec lui de la suite des opérations.

 On n'a jamais pu vérifier le contenu exact du message envoyé par la 10.Panzer-division.
 Opérateur trop enthousiaste pressé d'envoyer de bonnes nouvelles, ou mauvaise réception due aux interférences ?
 Les protagonistes étant mort, impossible d'avoir de certitude.
 Toujours est-il que si la partie haute de Stonne était bien occupée par les troupes allemandes, toute la partie ouest, ainsi que le sud étaient toujours aux mains des troupes françaises.
 Ce malentendu allait avoir des conséquences dramatiques.

                                  Quelque part à l'arrière du front


 Quand Riquier reprit conscience, la première chose qu'il vit fut le visage du commandant Lefebvre, qui le regardait en souriant.
-bonjour lieutenant...content de vous revoir parmi nous !
-nous sommes prisonniers ?
-pas du tout, nous sommes dans un véhicule du service de santé.
-j'ai dormi longtemps ?
-plusieurs heures...
-que s'est-il passé ?
-un éclat ou une balle a frappé votre casque, mais sans le traverser...vous avez eu de la chance !
-Dubois ?
-désolé...
-le lieutenant Lefort ?
-il souffre de graves brûlures, mais il s'en sortira.

Riquier essaya de se lever, mais sa tête se mit à tourner.

-patientez encore un peu avant d'essayer de vous déplacer...
-je vois que vous aussi vous êtes blessé.
-une balle a traversé mon épaule, mais sans toucher d'os...un coup de chance pour moi-aussi !
-que s'est-il passé après mon évanouissement...je me souviens juste des explosions en face...
-c'était l'artillerie de la 19ème D.I., renforcée, une bonne centaine de pièces, m'a t-on dit...de plus,   un bataillon de R40 est survenu fort à propos.
-ça a suffi pour les arrêter ?
-oui, ils avaient pourtant la victoire à portée...c'est incompréhensible !
-et les autres groupes, beaucoup de pertes ?

Le visage du commandant s'assombrit.

-comme pour le vôtre, les trois-quarts de l'effectif...
-les fantassins que j'avais réquisitionné ?
-aucun survivant...

Riquier accusa le coup.

-vos tirailleurs ?
 
Le commandant Lefebvre sembla hésiter, comme s'il cherchait ses mots.

-mes tirailleurs...moins de deux cents encore valides...la compagnie qui appuyait votre deuxième   groupe a lancé une contre-attaque au coupe-coupe...les allemands ont été ébranlés, mais ça ne   pouvait pas durer...tous ceux qui ne sont pas morts ont été fait prisonniers...
-et ?...
-d'après un tirailleur qui a pu s'échapper, les malheureux ont été écrasés sous les chenilles des   chars...quant'au lieutenant qui les commandait, il a été exécuté d'une balle dans la tête !
-bande de salopards ! On va le leur faire payer !
-oui, mais en attendant, reposez-vous, pour que vous soyez en forme le moment venu.

Bonjour HAGEN,

ce récit est haletant! Vite, la suite!

Cordialement,
Eric-Snafu35

Le dénouement approche...
Merci pour les encouragements.
Y

Quelques heures plus tôt   1. Panzer-division




-des nouvelles de notre avancée, Kurt ?
-nous buttons sur une  position fortifiée...les français s'accrochent, et nos pertes sont   significatives...ce ne sont plus ceux que nous avons rencontrés sur la Meuse...il  y a même des   noirs...
-et notre artillerie ?
-elle commence à se mettre en place, mais vu l'imbrication des troupes, nous risquons des tirs   fratricides...
-tant pis, il faut à tout prix faire sauter ce verrou ! Qu'elle ouvre le feu dès que possible...

-mon général, un message urgent du Panzergruppe !

Quand le général Kirchner en prit connaissance, son visage devint blême !

-ce n'est pas possible !!! demandez confirmation au Panzergruppe...il me faut une réponse de Von Kleist en personne !

-mon général, mouvements de troupes françaises en approche, accompagnées de chars...
-mais que fait la Luftwaffe !!! où sont nos bombardiers, nos Stukas ???

-réponse du Panzergruppe, mon général, ordre confirmé ...

Le général Kirchner était au bord de l'insubordination, mais il se ressaisit.

-ordre à nos troupes, retour sur notre base de départ...
-pardon, mon général ???
-je répète, retour sur notre base de départ !

Il évita soigneusement de parler de repli, ou de retraite...


                            G.Q.G. Saacy-sur-Marne  15 mai  10 heures


-un message du XXIème corps, mon général...
-qu'est-ce qu'il dit ?
-contre-attaque en cours !
-formidable ! je savais que je pouvais compter sur Doumenc...c'est dans les prochaines heures que tout va se jouer Lagarde...le destin de la France est en jeu ! J'espère que chacun en a conscience et fera son devoir...

Etat-major Panzergruppe Kleist 15 mai 11 heures

-un message du XIX. A.K., mon général...
-enfin ! Guderian daigne nous répondre...que dit le message ?
-les français ont repris Stonne...
-comment??!! le message dit bien "repris " ?
-oui, mon général...

L'opérateur transpirait de plus en plus; en ce moment, il aurait presque préféré se retrouver en première ligne !

-ce n'est pas tout, mon général...le message précise qu'ils avancent en force vers notre tête de pont...
-faut-il que je m'occupe de tout dans cette armée ??!! Remettez-moi en liaison avec le Heeresgruppe A, de toute urgence !

Les historiens ne sont pas tous d'accord sur le déroulement exact des événements qui ont poussé les allemands à stopper leur offensive dans le secteur; mais, le résumé qui va suivre, est la version qui paraît la plus plausible.
Pour cela, il faut revenir un peu en arrière.
Ils furent désagréablement surpris par la violence, et l'importance, de la contre-attaque française du XXIème corps sur Stonne, qu'ils avaient cru, prématurément, entre leurs mains.
Les chars D2 et B1bis y provoquèrent une panique incontrôlable.
Près de 240 pièces d'artillerie bombardaient la tête de pont, où l'engorgement prenait des proportions bibliques, malgré les efforts désespérés de la feldgendarmerie.
Comble de malheur, l'aviation française, au prix de pertes énormes, avait réussi à détruire un des ponts provisoires sur la Meuse, ralentissant encore son franchissement.
Les bombardiers français opérationnels se limitaient désormais à moins d'une trentaine, mais ça, les allemands ne pouvaient pas le savoir.
Une nouvelle attaque de leur IV. A.K. s'étaient de nouveau soldée par un échec couteux en vies humaines; le IXème corps d'armée progressant même en certains endroits.
Partout ailleurs, le front était figé.

Mais pour mieux comprendre l'importance des événements survenus à Stonne, il nous faut revenir au village, un peu après 10 heures.

CLIMAX


Le contenu exact du message annonçant la "prise" de Stonne n'a jamais pu être clairement établi, l'opérateur en cause n'ayant pas survécu à la guerre.
Toujours est-il que, forts de cette nouvelle, Guderian et Schaal montent dans un véhicule radio pour rallier les hauteurs de Stonne.

A leur grande, et désagréable, surprise, ils se trouvent face à des soldats allemands en proie à la panique, et qui refluent dans leur direction.

Fort courageusement, les deux hommes descendent du véhicule et se mettent en devoir de les rallier.

C'est là que les témoignages divergent; mais ce qui suit semble être la version la plus probable des événements.

Alors que les deux généraux s'emploient à arrêter les fuyards, un char D2 surgit sur la hauteur.
Le conducteur du véhicule radio effectue une marche arrière précipitée, mais pas assez rapide.
Un obus de 47 frappe l'engin, tuant le conducteur et l'aide de camp du général Guderian.
Au même moment, surgissant du côté ouest du village, des hommes du 39ème R.I. aperçoivent les deux silhouettes aux pantalons rayés de rouge.
Un tir de FM touche mortellement le général Schaal qui s'écroule.
Son mauvais pressentiment ne l'avait pas trompé...
( toutefois, le chef du char du D2 affirma avoir tiré à la mitrailleuse sur les deux hommes...qui a fait mouche ? la question n'est pas tranchée ! )

Guderian ne fut miraculeusement pas touché, mais dut aller grossir le flot de fuyards.
Comme il le déclara après la guerre, ce fut un des pires moments de sa vie !

Ceci aggrava un peu plus le chaos ambiant au niveau du commandement.

G.Q.G. Saacy-sur-Marne 16 mai

-Lagarde, c'est confirmé ?
-oui, mon général, leurs panzer-divisions ne progressent plus...d'après nos interceptions radio, elles semblent obéir à un ordre...
-on peut s'y fier ?
-ils émettent en clair...ils ne prennent même pas la peine de crypter leurs messages...
-c'est peut-être un piège, pour que nous baissions la garde ! Que nos divisions se tiennent prêtes à repousser une nouvelle attaque !...et au niveau de leur tête de pont ?
-d'après les reconnaissances aériennes, elle serait réduite d'un bon tiers, et toujours sous le feu de notre artillerie...
-il faut veiller à ce que nos batteries soient constamment approvisionnées...pas d'arrêt dans le matraquage !

P.C. IVème armée 16 mai

-transmettez d''urgence au G.Q.G.; forte concentration de troupes et d'artillerie devant nos lignes...offensive possible d'ici trois jours...
-vous croyez qu'ils vont nous attaquer, mon général ?
-ils ont dû remarquer le transfert du IXème corps; ils savent que nous sommes affaiblis...faites savoir au général Duch que nous risquons d'engager ses polonais plus tôt que prévu !

Heeresgruppe A 16 mai

-le führer est dans une rage folle, Von Kleist ! Il nous a traité d'incapables, nous, les généraux !!! vous vous rendez-compte, incapables !!!
-la partie n'est pas encore jouée, mon général...
-s'il nous avait écouté, nous n'en serions pas là...il a préféré reprendre à son compte le plan de Von Manstein...ce polonais !...J'avais pourtant bien dit que notre flanc gauche serait vulnérable...
-avons-nous d'autres directives de l'O.K.H.?
-non, nous regroupons nos panzer-divisions, et nous en revenons à notre bon vieux plan Schlieffen...avec pour objectif la destruction de l'armée anglaise !
-mais, ça va prendre des semaines pour qu'elles soient de nouveau opérationnelles !
-nous ne sommes qu'en mai...pas de mauvais temps avant septembre-octobre..en tout cas, pas question de parler de retraite, c'est un regroupement stratégique...nous sommes bien d'accord Von Kleist ?
-bien sûr, mon général...puis-je vous soumettre une requête ?
-je vous écoute...
-je souhaiterai faire passer le général Guderian en cour martiale, du moins s'il n'est pas mort...je n'ai aucune nouvelle de lui depuis plusieurs jours malgré mes appels pressants !
-nous verrons...nous verrons...

G.Q.G. Saacy-sur-Marne 17 mai

-mon général, la IVéme armée confirme une intense activité allemande devant ses lignes...
-dites au général Requin que je n'ai malheureusement aucun renfort à lui attribuer...au pire, qu'il emploie les divisions polonaises et tchèques en formation, s'il le juge nécessaire...des nouvelles de la poche de Sedan ?
-les allemands s'accrochent au terrain, mais leurs pertes semblent lourdes, surtout du fait de notre artillerie...par contre nos reconnaissances aériennes confirment bien le retrait de leurs forces blindées.
-je crois que la crise est passée, Lagarde...on ne peut pas parler de victoire, mais au moins, nous les avons stoppés.
-mon général, je crois devoir vous signaler que notre stock de munitions pour l'artillerie lourde est sérieusement entamé...si les opérations continuent à ce rythme là, nous allons tout droit vers une pénurie !
-j'espère que les livraisons américaines arriveront à temps. Que disent nos renseignements sur l'attitude de nos amis italiens ? Nos transferts d'A.F.N. vers la métropole n'ont pas dû leur échapper...
-pour l'instant, aucun mouvement d'importance vers les Alpes, ni vers la Libye...nos sources au Vatican pensent qu'ils n'interviendront pas...du moins tant que notre situation ne sera pas critique...
-contactez les affaires étrangères voir s'ils peuvent leur commander du matériel; nous verrons bien leur réaction...
-une des nouvelles divisions légères d'infanterie est opérationnelle, où devrons-nous l'engager ? Tous les chefs de Groupe d'armée sont demandeurs !
-en Norvège !
-pardon, mon général ?
-vous m'avez bien entendu Lagarde, en Norvège, une fois équipée en conséquence...pour montrer à nos adversaires que nous ne sommes pas aux abois et surtout pour pouvoir annoncer une victoire à nos concitoyens.
-bien, mon général.

En cette fin de journée du 17 mai, les pensées des deux camps avaient une chose en commun : le spectre de 14-18...

Côté français, on pensait surtout à l'hémorragie de la dernière guerre; est-ce que le pays allait pouvoir en supporter une seconde ?
Ceci étant, à part autour de Sedan, aucune portion du territoire français n'était occupée.
La zone nord, cruciale pour la poursuite de la guerre, était intacte.
Donc, l'état-major français pensait que le temps jouait pour lui.
Les britanniques montaient en puissance, et les livraisons de matériels en provenance des U.S.A., surtout dans le domaine aérien, devraient permettre d'alimenter la bataille.
On ne comptait pas sur un blocus, du fait que l'U.R.S.S. fournissait l'Allemagne en pétrole et en matières premières.
Si on prenait Narvik, la route du fer serait bloquée au moins pour les mois d'hiver.
L'attitude de l'Italie posait problème; c'est pourquoi il avait été décidé que, en ce qui concernait l'aviation, le matériel en provenance des Etats-Unis débarqueraient en A.F.N., plutôt qu'en métropole, le temps de les reconditionner...histoire d'impressionner nos amis transalpins.
Les hollandais avaient capitulé, mais les belges tenaient bon.
On avait renoncé à éradiquer la tête de pont de Sedan, pour éviter les pertes inutiles.
Le front était figé; il n'y avait plus qu'à attendre la prochaine offensive allemande....

Côté allemand, on cherchait à nommer un responsable, pour ce que les historiens appelleront le "Gruppierungbefehl".
Tout le monde se renvoya la balle, et, finalement, un responsable fut trouvé : Ferdinand Schall, pour son incapacité à avoir tenu Stonne !
Comme il n'était plus là pour se défendre...
En attendant le regroupement des divisions blindées, on avait avancé l'opération " Tiger ", destinée à déstabiliser l'adversaire, et à soulager la tête de pont de Sedan.
A la différence de 1914, il n'y avait pas de double front; toutefois, on pouvait légitimement se demander si, les hostilités se prolongeant, les soviétiques n'allaient pas essayer de profiter de la situation en annexant les états baltes, et surtout en s'emparant des pétroles roumains !
Une attaque de leur part contre l'Allemagne était pour l'instant exclue, mais, cette éventualité se frayait néanmoins une petite place dans le cerveau des généraux.
On comptait sur les U-boats pour stopper, ou du moins ralentir, le flux des matériels provenant d'Amérique, mais ceux-ci n'étaient sans doute pas assez nombreux.
Pour des questions de prestige, pas d'évacuation de la tête de pont, malgré les lourdes pertes subies par l'infanterie.
Maintenant, les regards étaient fixés sur le front de la Sarre.

Heeresgruppe C 18 mai

-mon général, Von Witzleben souhaiterait différer l'attaque d'une journée, au moins...
-non, dites-lui que je regrette, mais nous devons montrer que nous gardons l'initiative des opérations...attaque confirmée, demain, à l'aube.

I.Armee 18 mai

-la réponse du général Von Leeb, mon général...pas de report d'attaque...
-bien, qu'il en soit ainsi...c'est à nous de réussir Ulrich, là où nos panzer-divisions ont échoué !
-je crois les français à court de réserves...l'affaire se présente plutôt bien.
-je vais vous faire une confidence Ulrich; si nous réussissons la percée, j'en serais très heureux, bien sûr, mais encore plus de rabaisser la morgue des généraux de la panzerwaffe !
-je vous comprends, général...rien ne remplace la bonne vieille infanterie...

Les forces aux ordres du général Erwin Von Witzleben étaient plutôt conséquentes.
Trois corps d'armée regroupant six divisions, plus trois autres en réserve, soutenues par 1 100 pièces d'artillerie, allant du 75 au 420mmm !
L'ensemble allait être soutenus par 300 bombardiers, dont 100 stukas.
L'aviation française étant tout entière engagée sur le secteur de Sedan, on n'avait pas jugé bon de fournir une escorte de chasse.
Le terrain ne se prêtant pas à l'emploi de blindés, il n'y avait donc aucune formation de ce type.
Néanmoins, on allait utiliser deux "dicker Max", automoteurs de 22 tonnes, non produits en série, dont le canon de 105mm devrait se révéler utile pour réduire les blockhaus adverses.
L'état-major de la I.Armee pouvait faire preuve d'un optimisme raisonnable...

Secteur fortifié de la Sarre 18 mai


-messieurs, confirmation de la IVème Armée, c'est pour demain !
-a t-on une idée de leur axe principal d'attaque ?
-sans doute entre Saint Avold et Sarralbe, c'est le plus logique...les hommes sont prêts ?
-absolument, mon général, et pressés d'en découdre, surtout les polonais !
-bien, messieurs, regagnez vos postes, la nuit va être courte.

Q.G. IVème armée 18 mai

-le secteur fortifié de la Sarre va sans doute subir tout le choc; je voudrais bien avoir encore le IXéme corps sous la main...le XXème est prêt ?
-oui, mon général.
-messieurs, on ne peut compter que sur nous...nous n'aurons aucun renfort; pas de chars, pas d'aviation...
-on fera sans, mon général !
-je n'en doute pas...nos adversaires ont dû remarquer que nous étions amoindris, mais il faudra leur faire payer chèrement chaque pouce de terrain.


Effectivement, le transfert du IXème corps n'avait pas échappé aux allemands.
Cependant, les forces françaises étaient loin d'être négligeables.
Il y avait tout d'abord ce que l'on avait appelé " la ligne Maginot aquatique" : marais, inondations et blockhaus.
Aucun gros ouvrage armé de tourelles de 75 ou 135mm; toutefois quelques blockhaus des régiments de forteresse portaient des tourelles avec mitrailleuses de 7,5mm.
Le XXème corps regroupait 52éme D.I. et les polonais de la 1re D.I.P.; la 45ème D.I. étant en réserve d'armée.
Plus en arrière se trouvaient des unités en formation : la 2ème D.I.P., la division tchèque, trois régiments de volontaires étrangers ( allemands et autrichiens anti nazis ), ainsi que la brigade blindée polonaise, qui n'avait de blindée que le nom, puisque ne disposant pas encore de ses chars, mais dont le personnel était aguerri.

Le général Requin avait donc raison de ne pas compter sur des blindés; par contre s'agissant de l'aviation, il allait avoir une heureuse surprise.



I.Armee 19 mai 4 heures du matin

-messieurs, faites passer le message à toutes les unités : déclenchez opération Tiger !
-mon général !
-oui ?
-message urgent du 12. A.K. !
-que dit-il ?
-l'artillerie française bombarde nos premières lignes...

Q.G. IVème armée 19 mai 4 heures du matin

-je crois qu'ils n'ont pas apprécié notre petite surprise...nos corps-francs ont fait du bon boulot dans la recherche de renseignements.
-mon général, je vous confirme que tous les ponts ont sauté.
-bien, il n'y a plus qu'à attendre...ça ne devrait pas être long !


Effectivement, un déluge de feu s'abattit sur les lignes françaises.
Vu du côté allemand, on ne voyait que la lueur des explosions, accompagnées d'un bruit assourdissant.
On avait l'impression que rien ne pourrait survivre à un matraquage pareil !
Quand le fracas s'éteignit et que le rideau de fumée commença à se dissiper, on ne voyait pas âme qui vive.

Maintenant, c'était au tour de la Luftwaffe, des pionniers avec leurs charges creuses, des PAK 36 et des 88mm de la FLAK d'entrer en scène.

Du côté français, peu de blockhaus reçurent des coups directs qui les détruisirent, ensevelissant leur équipage.
De fait, beaucoup de projectiles s'enfoncèrent dans le sol meuble sans exploser.
Néanmoins, les nerfs des défenseurs furent mis à très rude épreuve.
L'artillerie française reprit ses tirs, un peu au hasard, car la fumée provoquée par les incendies de certaines habitations masquait les fusées rouges de détresse.
Entre deux tirs, les artilleurs scrutaient le ciel avec anxiété, car ils savaient ce que leurs collègues avaient subi sur la Meuse.
Comme pour confirmer leur crainte, de nombreux points noirs commencèrent à se détacher sur l'horizon.

Bonjour,
Toujours aussi passionnant. Quel suspense.
En tout cas le récit est rudement bien mené et écrit avec verve. Bravo !

Atchao

Laurent

merci,

Yves

je ne peux que confirmer ce que dit Laurent
C'est réellement prenant

J'en rajoute une couche !!!

Pascal

Dans le ciel, au-dessus du secteur fortifié de la Sarre


Le lieutenant Schäffer pilotait son Heinkel 111, en tête de son escadrille.
En bas, c'était l'enfer; et il allait en rajouter en bombardant la deuxième ligne de défense française, histoire de la "ramollir".
Les escadrilles de Stukas suivaient, pour parachever le travail.
Comme prévu, la D.C.A. étaient quasi inexistante; seules quelques rafales de mitrailleuses essayaient, sans succès, de gêner la progression de la formation.
C'étaient presque une mission d'entrainement...
Sa concentration fut interrompue par la voix du mitrailleur dorsal qui retentit dans l'interphone.
-chasseurs dans nos six heures !
-les nôtres ?

Des impacts de 7,5 et 20mm dans la carlingue lui tinrent lieu de réponse.

-"Haufen Idioten !" Il ne devait pas y avoir d'opposition !!!

Comme presque tous les terrains, celui de Nancy-Essey avait été bombardé le 10 mai.
Les reconnaissances aériennes avaient estimé, de manière prématurée, que le terrain était hors d'usage.
Certes, la piste et les installations avaient souffert, mais, amoindri, il était quand-même opérationnel.
Par un pur hasard, hasard qui fait souvent la différence dans les guerres, les G.C.I/9 et I/10, transférés d'A.F.N. y stationnaient en attente de leur transformation sur D.520, en remplacement de leurs vieux M.S.406.
Les pilotes rongeaient leur frein depuis le matin, quand les nouvelles de l'offensive allemande parvinrent à leurs oreilles.
Ils décollèrent, sans ordre, pour de la chasse de couverture et tombèrent en plein sur les formations allemandes.
Le carnage au sol allait s'étendre jusque dans les airs.

Secteur fortifié de la Sarre

Les soldats français, du moins ceux qui n'étaient pas pris sous un bombardement, regardaient, fascinés, le combat aérien qui se déroulait dans le ciel.
Il faut dire que, depuis le 10 mai, ils n'avaient pas vu un seul avion français !
Cet affrontement allait d'ailleurs être considéré par les historiens comme le plus violent de la campagne.
Certains avions explosaient en l'air; d'autres s'éloignaient en trainant un panache de fumée noire.
L'arrivée des Stukas fit renter la tête à tous les "spectateurs"...
Enfin, tous, sauf un.
Emile Durand était tireur au F.M..
Il connaissait les consignes : si tu vois la bombe presque "horizontale", elle n'est pas pour toi; si tu vois un point noir, dégage en vitesse.
Cette bombe-là n'était pas pour lui; et, lorsque le Stuka entama sa ressource, il vida un chargeur entier dans le ventre de l'appareil, qui rata son rétablissement, puis partit en vrille, avant de s'écraser deux cents mètres plus loin.
Il fut plus étonné que fier d'avoir réussi un coup pareil.
Comme personne ne le crut, il n'eut droit à aucune récompense...

Le lieutenant Schäffer, lui, appréciait moins le "spectacle" !
Il essayait de maintenir le cap, mais c'était de plus en plus dur.
Une à une, les formations perdaient leur bel agencement.
Pour calmer sa colère, et atténuer son stress, il donna dans l'humour noir, en s'adressant à son copilote.
-tu vois, Hans, nous n'avons pas de chance...il a fallu que nous tombions sur les cinquante derniers Moranes de l'aviation française !
A ce moment, la voix affolée du mitrailleur avant retentit dans ses écouteurs.
-passe frontale !
Il n'eut pas le temps d'effectuer la moindre manoeuvre avant que la verrière n'explose, et qu'il ressente un violent choc à la tête.
Il sentit un liquide chaud couler sur son visage.
Hans, quant'à lui, était recroquevillé sur son siège, et ne bougeait plus.
L'avion vibrant dans toute sa structure, il dut se résoudre, la mort dans l'âme, à faire demi-tour, en espérant que sa monture tienne le choc jusqu'au terrain...

I. Armee 19 mai 12 heures

-où en est l'avance de nos troupes?
-les fortifications françaises résistent encore en certains points; nos hommes doivent réduire les derniers blockhaus au lance-flammes.
-nous attaquons sur 30 kms de front, et aucune percée en vue ???
-les français nous opposent une résistance acharnée...
-engagez la 79.ID sur notre droite, c'est là qu'il faut faire porter l'effort, et une fois la percée effectuée, nos divisions convergeront vers Nancy.
-mon général, il semblerait que les fortifications françaises s'étalent en profondeur...
-nos 88 peuvent réduire leurs blockhaus au silence !
-la nature du terrain gêne leur déplacement...
-la Luftwaffe devait réduire leur deuxième ligne !!!
-nos bombardiers ont subi de lourdes pertes; les résultats sont moindres qu'escomptés.
-je ne veux plus entendre ce genre de propos ! Nous avons encore deux divisions en réserve, nous les mettront en ligne si nécessaire, mais il faut à tout prix que notre offensive soit couronnée de succès avant la nuit...

Terrain de Nancy-Essey

-je crois qu'on leur a mis une sacrée pile !
-ils étaient tellement sûrs d'eux qu'il n'y avait même pas d'escorte de chasse.
-ils ne referont pas deux fois la même erreur...la prochaine rencontre sera sans doute plus délicate.
-et nos D520 ?
-pas de nouvelles...de toutes façons, transfert vers le nord annulé...on reste ici, et on appuie la IVème armée.


La propagande annonça 40 appareils allemands abattus, contre 5 côté français.
Bien sûr la réalité était moindre, mais 17 Heinkels et 7 Stukas étaient allés au tapis, sans compter les appareils endommagés.
La tactique des passes frontales étaient une initiative locale, non enseignée dans les écoles de pilotage.
Elle avait été mise au point, de manière discrète, avec le concours de "mercenaires" qui avaient fait l'Espagne, et même la Chine pour certains, et dont le patronyme avait été modifié..."mercenaires" qui avaient été affectés dans des groupes en AFN, pour les éloigner des huiles de l'état-major métropolitain.

-chef, vous croyez qu'ils vont se fendre d'un message de félicitations ?
-ce serait la moindre des choses...mais pour ma part, j'apprécierais plus une ou deux caisses de champagne, en remerciement.

Il y eut bien un message de félicitations, mais, pas de champagne et encore moins de décoration.
On ne décolle pas "sans ordre" ...


Le lieutenant Schäffer réussit, au bord de l'épuisement, à ramener son appareil à bon port.
L'avion était bon pour la casse, mais ce qu'il restait de l'équipage était sauf.
Lui non plus n'eut pas droit à une médaille.
Il avait vertement critiqué ses chefs de les avoir envoyé en mission sans escorte de chasse.