UCHRONIE SEDAN 1940

Pendant ce temps en Norvège


 Les troupes alliées poursuivaient leur avance inexorable vers Lillehammer.
 Les forces allemandes ne pouvaient mener que des actions retardatrices, du fait de graves problèmes de ravitaillement.
 En effet, celui-ci ne pouvait passer que par une seule route qui faisait l'objet d'attaques ponctuelles de la part des troupes norvégiennes. ( on ne parlait pas encore de "résistants" )
 Au point que Quisling menaça de faire fusiller tout soldat norvégien pris les armes à la main.
 Comme les alliés parlèrent de faire de même, nombre pour nombre, avec leurs prisonniers, les autorités d'occupation prièrent le collaborateur de se calmer.
 Les choses en restèrent là.
 Il n'empêche que le cycle sabotage-répression battait son plein, pour le plus grand malheur de la population civile.


              Objectif Scharnhorst !


 Les britanniques, sans en informer les français, lancèrent l'opération " Epsom ", un débarquement en force sur la côte norvégienne, plus précisément à Staume, village situé à moins de vingt kilomètres de Bergen.
 Ce furent les écossais des Royal Highland Fusiliers, Black Watch et The Argyll and Sutherland Highlanders qui fournirent le gros des troupes.
 Ce débarquement fut qualifié de réussite, mais peu s'en fallut qu'il ne tourna au désastre en s'aventurant dans un fjord mal cartographié !
 En effet, les croiseurs Curlew et Effingham, les destroyers Gurkha et Afridi, ainsi que deux transports, talonnèrent des hauts-fonds.
 Puis, ce fut au tour du croiseur Devonshire d'être sérieusement endommagé par des Ju 88.
 Enfin, deux U-boats attaquèrent le convoi, mais la défectuosité de leurs torpilles les priva d'un succès conséquent.

 Au final, les troupes purent être débarquées sans autre problème que la difficulté du terrain; les allemands n'ayant positionné aucune troupe dans le secteur.

 ( le Curlew, l'Afridi et un des transports ne purent être remis à flot; quant'au Devonshire, il dut subir trois mois de réparation dans un chantier naval )


                                           Skaggerak


 Le convoi allemand transportant la 1.Geb.D. se dirigeait vers Oslo.
 Il se composait des sloops F1 et F6, du mouilleur de mines Bremse et Königin Luise, des dragueurs de mines M15, M17 et M18 , du navire dépôt Karl Peters, des navires d'entraînement Mars et Karl Zeiss, et des transports ( armés ) Ramb III, Linz, Marienburg, Cobra et Eider.

 L'escorte rapprochée comprenait les S-boats S 26, S28 et S33, ainsi que les torpilleurs T 196, T 107, T 110, Möwe et T2.

 L'escorte lointaine se composait des zerstörer Friedrich Eckoldt et Paul Jacobi.
 Le croiseur Nürnberg était prévu, mais était indisponible, et le temps pressait.

 Le convoi naviguait à petite vitesse, dans la crainte d'une rencontre avec un sous-marin ou un champ de mines.

 Personne à bord des navires ne pouvait se douter qu'une menace bien plus grande se dirigeait droit sur la formation.

Citadelle de Longwy


 On s'occupait des morts et des blessés. Parmi ces derniers se trouvait le général Perraud qu'on avait dû évacuer.
 Dans ces conditions, étant le plus ancien dans le grade le plus élevé, le commandement revint au lieutenant-colonel C., qui n'était certes pas le plus apte à l'exercer.

-sergent, un message à toutes les unités, on se replie !
-heu...sur la P.A.L. mon colonel ?
-non, derrière la ligne Maginot !
-mais, le général Perraud...
-c'est moi qui commande ici !
-entendu, mon colonel, mais je n'ai plus aucune liaison radio...
-envoyez des estafettes !
-bien, mon colonel.


-Richard, tout part en folie ici; essaie de me trouver le colonel François; s'il n'est pas mort ou blessé, il doit encore se trouver dans le secteur...dis-lui qu'il est urgent de se rendre au P.C. pour éviter une catastrophe !

 Le colonel François s'évertuait à remettre de l'ordre dans les troupes en fuite lorsque les obus de 210 s'abattirent sur la citadelle.
 Cela suffit à de nouveau générer un mouvement de fuite qu'il fut incapable de maîtriser.
 Des morts et des blessés gisaient par terre; le colonel s'en tirant miraculeusement sans une égratignure.
 Aidé par quelques courageux qui étaient restés sur place, il se mit en devoir d'organiser les secours.
 C'est alors qu'il vit arriver à lui le soldat Richard.

-mon colonel, content de voir que vous n'avez rien...c'est le sergent Trichet qui m'envoie vous dire que le lieutenant-colonel C. veut faire replier tout le monde derrière la Ligne Maginot...
-quoi???
-ce sont les mots qu'il a employés, mon colonel...
-Richard, prenez une arme et suivez-moi.

 Pendant ce temps, un Henschel 126 survolait en toute impunité la position, et dirigeait le tir des batteries de 210.

 -ce salaud de mouchard reste hors de portée de nos mitrailleuses ! On n'a pas un seul canon de D.C.A. pour lui faire sa fête ??!!
 -apparemment, non...attends, regarde !

 Surgi de nulle part, un bimoteur fit son apparition et fonça droit sur l'appareil allemand.
 Ce dernier tenta une manoeuvre échappatoire, mais il était trop lent.
 Le bimoteur ouvrit le feu, une aile du Henschel se détacha et l'appareil partit en vrille jusqu'au sol où il explosa, sous les hourras des soldats français qui assistaient à la scène et encensaient ce chasseur.

 En fait de chasseur, il s'agissait d'un Potez 63-11 du G.A.O. 551, à armement renforcé ( 7 mitrailleuses tirant vers l'avant, 3 mitrailleuses tirant vers l'arrière ) , piloté par l'adjudant Molinié.
 L'adjudant n'en resta pas là, car sa mission était de rechercher l'emplacement des batteries de 210 qui matraquaient Longwy.

 Moins d'une heure plus tard, le renseignement parvint au 184ème R.A.L.T. équipé de 6X194mm G.P.F., et, pour faire bonne mesure, au 5ème groupe du 374ème R.A.L.V.F. équipé de 8x240mm et 4x164mm Mle 1893-96.
 Ce n'étaient certes pas des pièces récentes, mais leurs obus pouvaient toujours causer des dégâts conséquents.
 
 C'est ainsi que, pendant des heures, les obus lourds français et allemands allaient se croiser par dessus la citadelle.

Amirauté française-Maintenon


-j'apprends que nos forces ont été déroutées sur Rosyth ???
-oui, Amiral.
-ces anglais ! Ils ont pris cette décision sans même me consulter !
-c'est sans doute pour les rapprocher de leur objectif...
-ils auraient dû me consulter ! Au prochain manquement de leur part, je rapatrie tous mes bateaux !   Vous m'entendez, tous mes bateaux !

                                                          Rosyth


 La force française avait, dans un premier temps, été dirigée vers le nord, pour tromper d'éventuels espions ennemis.
 Puis, une fois hors de vue, elle avait changé de cap et s'était rassemblée à Rosyth.
 Maintenant, elle filait vers le Skagerrak, non sans avoir au préalable navigué plein sud, pour faire croire à un retour à Brest.
 La 10ème D.C.T. était au complet; par contre des ennuis de machine avaient immobilisé à quai l'Indomptable, au grand dam de son équipage.
 Sa place dans la 8ème D.C.T. ( qui s'était déjà illustrée dans la zone au mois d'avril ) avait  été prise par l'Emile Bertin, après de nombreux palabres.
 Ce sont donc un croiseur léger et cinq contre-torpilleurs qui se dirigeaient vers le convoi.
 Mais ce n'était pas tout; en soutien de cette force, les britanniques engageaient le porte-avions Ark Royal, le croiseur de bataille Renow, 4 croiseurs et douze destroyers !
 Compte-tenu d'un tel déploiement de forces, on était en droit d'attendre des résultats en proportion.

                                       Citadelle de Longwy


                                  " J'en référerai en haut lieu ! "


  La discussion était orageuse entre le colonel François et le lieutenant-colonel C..

 -Richard, placez le lieutenant-colonel aux arrêts !
 -vous n'allez pas oser ???
 -si, j'ose !
 -j'en référerai en haut lieu !
 -comme bon vous semble...mais en attendant, vous êtes démis de vos fonctions et c'est moi qui prend le commandement !

 -sergent, avez-vous transmis les ordres de repli ?
 -non, mon colonel...vous êtes arrivé juste à temps.
 -le général Perraud envisageait-il d'évacuer la position ?
 -il était inquiet pour nos flancs, mais n'avait jamais parlé d'abandon.
 -avons-nous une idée précise de la situation ?
 -le village de Saulnes a été pris par l'ennemi, mais il n'a pas pu en déboucher...au centre, ça avait l'air de tenir...par contre, aucune nouvelle de notre gauche...et puis il y a eu des abandons de position...
 -j'en sais quelque chose...envoyez une patrouille pour savoir ce qu'il en est de notre flanc gauche...et espérons que les liaisons radio soient rétablies rapidement.
 -bien ,mon colonel. D'autres ordres ?
 -non, pas tant que je n'aurai pas une vue d'ensemble du front...restons optimistes; il semblerait que nos adversaires ne soient toujours pas au contact de notre ligne principale de résistance.

   ( Après la guerre, le caporal Richard rédigea un livret de souvenirs, qui s'intitulait, en toute modestie, " Comment j'ai mis aux arrêts un lieutenant-colonel ".
     Malheureusement, il ne trouva pas d'éditeur. )

Village de La Croix Genièvre


                                "sinon, c'est toute la position qui est fichue !"


 Le détachement du 100ème R.I. fut littéralement submergé par la violente attaque de deux bataillons de la 34. I.D..
 Les survivants se replièrent sur Lexy, où, heureusement, le reste du régiment avait eu le temps d'effectuer quelques travaux de protection.
 Par ailleurs, du fait de sa position stratégique, le village bénéficiait de la présence de deux blockhaus armés d'un 75 et d'un jumelage de 13,2, ainsi que d'un FCM 2C, sans oublier le fossé antichar.

 Les allemands, galvanisés par ce premier succès, étaient bien décidés à en finir avant la nuit.
 Trop confiants, ils n'attendirent pas le bataillon du génie du 23 A.K..

-tenez vous prêts à les recevoir !
-vous croyez qu'on va y arriver, mon capitaine ?
-il le faut, Leroy...sinon c'est toute la position qui est fichue !
-heureusement que les légionnaires sont avec nous, c'est rassurant.

-les voilà !

 Les uniformes feldgrau commençaient à apparaître dans les viseurs des armes françaises.
 La troupe fonçait droit devant, sans se soucier de se mettre à couvert; pensant sans doute enlever le village dans la foulée.

-ah les cons ! Ils se croient encore en 1914 ??? Attendez qu'ils buttent sur le fossé, et après, feu à volonté !

                                        Citadelle de Longwy


-on dirait que leurs 210 sont passés à autre chose...
-à moins que notre artillerie lourde ne les ait sonnés...
-quoi qu'il en soit, ce répit est le bienvenu. Toujours pas de liaison radio ?
-hélas non, mon colonel.

 Les bruits correspondants à un violent combat parvinrent alors à leurs oreilles.

-on dirait que ça vient du côté de Lexy, mon colonel...
-oui, c'est aussi mon impression. Des nouvelles de la patrouille ?
-hélas, non.

 Le colonel François resta pensif; fallait-il jouer sa dernière carte, à savoir le B.I.L.A., ou tenter d'attendre le répit possible de la nuit ?

                                 
                                              Groupement Buisson


-les unités sont en place ?
-oui, mon général. L'attaque est toujours fixée pour demain 4 heures ?
-en principe...
-pardon, mon général ?
-il n'est pas impossible que l'attaque soit annulée au dernier moment, et que l'on nous demande de renforcer la P.A.L....
-mais cela créerait un désordre indescriptible et mettrait en danger notre propre position !
-je sais Lefèvre...je sais...en attendant, restons prêts !


                                         G.Q.G. Saacy-sur-Marne


                                       "ils n'ont pas l'exclusivité des offensives ! "




 -la IIIème armée nous avise que la situation semble se détériorer pour la P.A.L., et qu'elle ne peut pas, pour l'instant, la renforcer.
 -quand je pense que c'est Condé lui-même qui a insisté pour sa création...
 -doit-on annuler la contre-attaque sur Sedan ?

Le généralissime hésita un court moment.

 -non, transmettez au général Buisson : Attaque maintenue; comptons sur vous et vos unités pour faire comprendre à nos adversaires qu'ils n'ont pas l'exclusivité des offensives !


                                         Skagerrak


 Le torpilleur Möwe, placé en flanc-garde du convoi, aperçut des silhouettes de navires qui approchaient sur babord.
 Tout naturellement, son commandant pensa qu'il s'agissait des deux zerstörer qui assuraient la couverture lointaine.
 Jusqu'à ce qu'un projecteur éclaire brutalement son bâtiment.

Simplement merci
C'est toujours aussi agréable à lire

agréable et passionnant !!!

Pascal

Merci à vous.
      
Yves

Bonjour,
Et en plus tu sais ménager le suspense.
Je n'en perds pas une miette.
Atchao
Laurent

LEXY


 La bataille pour Lexy n"a pas fait l'objet d'autant d'études que pour Stonne et l'opération Lüttich; sans doute parce qu'elle n'était pas considérée comme décisive; encore que...

-feu à volonté !

 Les premiers assaillants furent fauchés au moment où ils marquaient un temps d'arrêt devant le fossé antichar.
 Par réflexe, beaucoup y plongèrent pour s'abriter.
 Ce qui leur fut fatal quand les mortiers de 60 et de 81 entrèrent en action.
 De leur position, les défenseurs pouvaient voir des morceaux de corps humains voltiger dans les airs.
 Le premier assaut s'arrêta là, mais les allemands n'étaient pas prêts de renoncer.

                                                    Citadelle de Longwy


                                                     " je prends un gros risque "


-mon colonel, une compagnie de R35 vient se placer sous vos ordres.
-d'où est-ce qu'ils sortent ceux-là ?
-sans doute ont-ils été appelés par le général Perraud...mais avec les transmissions...
-peu importe, ils tombent à pic ! Qu'ils accompagnent le B.I.L.A. vers Lexy.
-c'est notre dernière réserve, mon colonel...
-je sais, je prends un gros risque...

                                                   LEXY


                                          " plus il en tombe, plus il en vient "
 

 Les obus de l'artillerie allemande s'abattirent sur l'entrée du village et sur les blockhaus.
 Dans leur FCM 2C, les artilleurs baissèrent la tête.

 -on ne peut même pas déplacer le char...si un obus nous tombe sur la caboche, on est foutus !
 -serre les dents et ferme la !

 Heureusement, la contre-batterie française fit diminuer l'intensité du bombardement.

 Le blockhaus G2 ne fut pas touché directement, mais des coups proches aveuglèrent momentanément les meurtrières.
 Les hommes réussirent à les dégager juste avant le début d'une nouvelle attaque.

 -les revoilà !
 -Vincent, arrose-les à la 13,2 ! Charles enfourne une boîte à mitraille dans le 75...
 -plus il en tombe, plus il en vient...je crois que nous avons affaire à toute une division !

                                           23. A.K.


                                         "sans se soucier des pertes ! "


 -mon général, le premier assaut a été repoussé...
 -que la 34. I.D. s'engage à fond, sans se soucier des pertes ! Il nous faut nous emparer de Lexy avant la nuit ! Où sont les pionniers ?
 -ils seront là dans moins d'une heure...
 -qu'ils nous rejoignent à marche forcée !

                                               Blockhaus G2


                                     "ils n'ont pas encore déclaré forfait "


 -je crois qu'ils n'insistent plus...
 -tant mieux, parce que ça devient irrespirable là-dedans. Vérifiez que les aérations ne soient pas bouchées.
 -il va falloir s'inquiéter des munitions...
 -je sais, si l'on tient jusqu'à la nuit, les choses devraient se calmer.
 -ne vous réjouissez pas trop vite, ils n'ont pas encore déclaré forfait...

 Effectivement, une nouvelle vague en feldgrau fit son apparition.

                                                Char FCM 2C " Provence "


                                               " on aura du souci à se faire "


 -celui-là n'est pas tombé loin !

En effet, le char fut violemment secoué.

-Fernand, le bosquet à 100 mètres à droite, gratifie-le d'un coup de 75 !

 Après l'explosion, un groupe de soldat émergea paniqué du bosquet, pour se faire cueillir par la 7,5 de la tourelle arrière du char.

-ils vont encore utiliser ce couvert pour se rapprocher de nous...restons-vigilants; s'ils arrivent à y poster un canon antichar, on aura du souci à se faire !

Skagerrak


 " imbéciles ! " Cette amabilité du capitaine du Möwe était adressée à ce qu'il croyait être un coup de projecteur donné par un des zerstörer !
 Ce furent ses derniers mots, car, moins de dix secondes plus tard , quatre obus de 138,5 frappèrent son bâtiment.
 Le premier détruisit la pièce de 105 avant, les deux suivants frappèrent le navire dans ses oeuvres vives, et le dernier atteignit la passerelle, tuant tous ses occupants.
 Trois autres projectiles suivirent qui déclenchèrent des incendies vite incontrôlables.
 Puis une torpille de 550 paracheva le tout, en provoquant l'explosion du navire.

 Suite à la déflagration, les autres bâtiments du convoi comprirent que quelque chose de terrible venait de se passer, mais, comme le Möwe n'avait pu envoyer un message d'alerte, la cause du drame fut mal interprétée...ce qui allait avoir de graves conséquences.

                                          34. I.D.
 
 L'I.R. 80 venait de se faire sévèrement étriller.
 Normalement, il aurait mieux valu attendre que toutes les unités de la division soient regroupées pour une attaque coordonnée.
 Mais, pressé par sa hiérarchie et compte tenu que l'on se rapprochait de la tombée de la nuit, le général Werner Sanne donna l'ordre à son I.R. 107 de poursuivre l'offensive, après une courte préparation d'artillerie.


                                            Blockhaus G 1


-c'est au moins du 105 qu'on a pris sur le crâne !
-vous affolez pas les gars, le béton à l'air de tenir...
-leur barrage d'artillerie s'est arrêté...ouvrez-l'oeil, ils ne devraient pas tarder à se pointer !

Effectivement, ils se pointèrent...

 Des rafales rageuses partirent du blockhaus; ça coucha quelques hommes, mais ne stoppa pas leur avancée.

-hé! ils essaient d'approcher un canon !
-un PAK de 37 ?
-non, on dirait plutôt un canon d'infanterie...
-Michel, le 75 et les 13,2 directement sur lui; sinon on va se faire assaisonner !

 Au quatrième obus de 75, le canon d'infanterie ( en fait un 150 ) fut touché de plein fouet, et les mitrailleuses parachevèrent le travail sur ses servants.
 Il n'y eut plus d'autres tentatives de l'espèce jusqu'à la fin des combats.

 Mais les hommes de l'I.R.107 ne s'avouaient pas vaincus pour autant.

    Compagnie de marche sur R 35-capitaine De Castelnau ( neveu du général de 14-18 )


-dites au commandant du B.I.L.A. qu'on ne peut pas les attendre...qu'ils nous rejoignent au plus vite !
-nous serons sans support d'infanterie...
-je sais, mais nos copains en première ligne ont besoin de nous...alors, en avant !

 Skagerrak


 Une autre torpille de 550, destinée au Möwe, frappa le Karl Peters qui se trouvait dans le même alignement.
 A bord du T 2, qui était chef de convoi, et en tête de la formation, c'était l'incertitude...puis la crainte d'être entré dans un champ de mines l'emporta sur tout le reste.
 Aussi, son commandant ordonna t-il au convoi de faire demi-tour par tribord.

 C'était la 10ème D.C.T. ( Fantasque, Terrible, Audacieux ) qui était la cause de ces événements.
 Elle était passée sur l'arrière des zerstörer, sans que les navires ne s'aperçoivent, et s'était retrouvée face au milieu du convoi.

 Les Friedrich Eckholdt et Paul Jacobi faisait maintenant route sud-est pour le rallier.

 Ce qui allait les emmener droit vers la division française qui, elle-même, venait d'adopter ce cap.

 Pendant ce temps, les Emile Bertin, Triomphant, Malin, avaient trouvé devant eux une mer vide de navires allemands, car, sans le savoir, ils étaient passés loin derrière l'arrière du convoi.
 Le commandant Lancelot, comprenant qu'il ne servait plus à rien de poursuivre plus avant, prit la décision d'ordonner une marche nord-ouest.
 Quelques minutes plus tard, des lueurs dans la nuit lui le confortèrent dans son choix.


                                                 I.R 107


                                " on ne peut pas le combler sous des tirs de mitrailleuses !!! "


-mon colonel, notre barrage d'artillerie n'a pas l'air d'avoir affaibli les défenses françaises...
-je ne le sais que trop ! Où sont nos pioniere ?
-ils arrivent, mon colonel...
-nos canons d'infanterie doivent impérativement neutraliser ces blockhaus !
-la première tentative a malheureusement échoué.
-c'est ce maudit fossé antichar qui casse l'élan de nos hommes...
-on ne peut pas le combler sous des tirs de mitrailleuses !!!
-demandez un tir de fumigènes et relancez l'attaque !

Skagerrak
 

 Les Zerstörer, toujours dans l'ignorance de la situation exacte, faisait route à grande vitesse pour rallier le convoi.
 Ce faisant, ils naviguaient en ligne de file, ce qui allait les placer en position délicate face à la division française.
 Les deux forces s'aperçurent au même moment.
 Sans le faire exprès, les navires français venaient de barrer le T à leurs adversaires.
 
 Quinze pièces de 138,5 mm ouvrirent le feu sur le malheureux Friedrich Eckholdt qui était tête de file.
 Le navire n'eut même pas le temps de riposter, et fut désemparé par les coups au but.
 Le Paul Jacobi effectua le demi-tour le plus rapide de sa carrière, pour ne pas heurter ce qui n'était plus qu'une épave en flamme.
 Il réussit néanmoins à lancer ses torpilles au jugé, mais sans résultat.

 Courageusement, le bâtiment se mit ensuite en demeure de rendre ses pièces battantes,  mais, pris pour cible par trois navires, et après avoir encaissé deux obus, son commandant préféra rompre le combat.

 En face, on ne déplorait que des blessés dus à des éclats sur le Fantasque.
 Par ailleurs, une certaine confusion régnait aussi de ce côté, d'autant que, de sa position, la division pouvait percevoir les bruits d'une canonnade provenant du sud-est.

                                                            
                                                             Lexy


 -ils nous balancent des fumigènes !
 -ces salauds vont pouvoir traverser le fossé...
 -envoyez quelques rafales au jugé...que les mortiers arrosent sur leur dernière hausse.
 -on va avoir un problème de munitions, chef.
 -contactez la citadelle...qu'ils nous envoient ce qu'ils peuvent !.

                                                       I.R. 107


 -le nuage de fumigènes est assez épais...lancez l'assaut !
 -ça ne ralentit guère les tirs des français...
 -s'ils ont des munitions à gaspiller, tant mieux pour eux !

 -le fossé a été franchi par nos hommes !
 -que l'I.R. 253 aille les soutenir...
 -mon général, le 34. Pioniere est enfin à pied d'oeuvre...
 -excellent ! Cette fois-ci nous allons chasser les français de ce maudit village.

Lillehammer


 Les hommes à moitié enfouis dans la neige comprenaient que les alliés préparaient quelque chose d'important; c'était certain.
 Ils pouvaient même engager des chars !
 Si le verrou de Lillehammer sautait, plus rien ne pourrait les arrêter jusqu'à Oslo, et les troupes présentes dans le sud-ouest de la Norvège seraient encerclées, et condamnées à plus ou moins brève échéance.
 L'absence de troupes de montagne se faisait cruellement sentir.
 L'annonce de l'arrivée prochaine d'un convoi transportant la 1.Geb.D. avait toutefois quelque peu raffermi le moral.
 

                                                           Lexy


 Le colonel Jeanpierre avait compris que les quelques heures précédant la nuit allaient être les plus difficiles.
 Il ne doutait pas que ses légionnaires tiendraient le choc, mais il en était moins sûr concernant les réservistes du 100ème R.I..

-mon colonel, ils ont franchi le fossé antichar...
-bien, nous allons les recevoir comme il se doit !

                                       Blockhaus G1


 L'ouvrage était comme un roc dans la tempête, mais ça ne pouvait pas durer éternellement.
 Les allemands avaient fini par comprendre qu'il fallait éliminer les obstacle un à un, en employant tous les moyens disponibles.
 Un déluge de feu s'abattit donc sur le blockhaus.
 Ses défenseurs furent sonnés, mais continuèrent à prélever leur tribut sur les assaillants.
 Jusqu'à ce qu'un groupe de pioniere place ses charges sous les meurtrières.
 La déflagration tua ou blessa tous les occupants.
 Les deux premiers qui essayèrent de sortir furent abattus sans sommation.
 Le sous-lieutenant Brenot, dernier valide à l'intérieur, déchargea son revolver sur les allemands qui pénétraient en hurlant dans l'ouvrage.
 Une rafale de pistolet-mitrailleur mit fin à sa vie.

 Le verrou sud de Lexy venait de tomber.

  Skagerrak


 Sur la passerelle de l'Emile Bertin, le commandant Lancelot n'en crut pas ses yeux.
 Sa formation venait de donner en plein sur le convoi !
 En face, le torpilleur T2, qui ouvrait la marche, aperçut le premier les navires français.
 Son commandant fit face courageusement, non sans avoir au préalable averti du danger les autres navires, en ordonnant un brutal changement de cap vers l'est.
 Mais, en pleine nuit, ce n'était pas évident, et les risques de collision étaient nombreux.
 C'est peut-être pour éviter ce genre de désagrément qu'un des navires du convoi lança une fusée éclairante ( on n'a jamais su avec certitude lequel ).

 Le commandant Lancelot n'en demandait pas tant...
 Le T2 fut matraqué par les obus de 152, pendant que les 90 du croiseur s'acharnaient sur le Bremse qui se trouvait derrière le torpilleur.
 Pour ne pas être en reste, les Malin et Triomphant déchargèrent leurs 138,5 sur le F6 qui fut vite réduit à l'état d'épave fumante.

 Les deux navires durent ensuite faire face à une attaque courageuse des S-Boat, qui furent repoussées par les pièces de 25 et de 13,2.
 La S 28, trouée comme passoire, fut abandonnée par son équipage, dont quelques survivants affirmèrent plus tard qu'ils avaient été mitraillés dans l'eau...

 Puis, ce fut au tour des torpilles de prélever leur tribut.
 Les Linz et Cobra furent frappés en succession rapide, mais restèrent à flot, tandis que le M17 était littéralement coupé en deux.

 Pendant ce temps, la 10ème D.L., négligeant le Paul Jacobi, poursuivit sa marche sud-est, ratant ainsi le gros du convoi qui naviguait vers l'est.
 Elle rattrapa toutefois la Königin Luise et le Mars qui furent promptement envoyés par le fond.
 Des tirs furent échangés avec les T107 et T110, mais, malgré quelques coups au but, les deux navires réussirent à s'évanouir dans l'obscurité, non sans avoir placé un 105 sur le Terrible.

 Entre la nuit, les flammes et la fumée, la confusion gagnait les adversaires.
 Le commandant Lancelot estima qu'il serait dangereux de poursuivre plus avant, car la route de retour risquait d'être rendue périlleuse à cause de l'aviation allemande.

 Les deux formations françaises reprirent donc le chemin de Rosyth.
 ( on sut de manière officieuse qu'on n'était pas passé loin de tirs fratricides ! )

Lexy


                                          "encore deux heures à tenir avant la nuit "


 -mon colonel, le G1 est tombé !
 -bon sang, ils vont s'infiltrer sur notre gauche...Degueldre, prenez la tête de votre compagnie et allez boucler les entrées sud du village !
 -ça va affaiblir notre centre...
 -nous n'avons pas le choix...encore deux heures à tenir avant la nuit...
 -vous pensez que nous recevrons des renforts ?
 -je l'espère; mais tout dépend de la situation dans les autres secteurs.

 -mon colonel, ils débouchent de la fumée !
 -c'est parti...feu à volonté !

                            Blockhaus G2


                         " ça leur fera au moins baisser la tête  !"


  Les hommes en feldgrau tombaient, mais étaient aussitôt remplacés par d'autres.

 -ça devient irrespirable...
 -gardez vos masques à portée, nous les mettrons en tout dernier recours.
 -à ce train là, ça ne devrait pas tarder...
 -où en est-on côté munitions ?
 -pour les 13,2, ça ira; mais pour le 75, nous allons bientôt être à court d'explosifs.
 -tu n'auras qu'à leur balancer du perforant...
 -mais ça n'aura pas grande efficacité sur de l'infanterie...
 -ça leur fera au moins baisser la tête !

                                   char FCM 2C "Provence"


                                   " ils arrivent au contact !"


 Les allemands avaient décidé d'en finir avec ce char qui leur occasionnait des pertes sensibles.
 Un PAK de 37 venait justement d'en faire les frais.
 Un assaut résolu, quasi suicidaire, fut lancé contre le blindé.

 -Fernand, arrose-les, ils arrivent au contact !
 
 La 7,5 coucha quatre des assaillants, mais les autres purent passer.
 La charge explosa sous l'avant du char, tuant les trois hommes qui s'y trouvaient, ainsi que deux pioniere qui n'avaient pas eu le temps de s'éloigner suffisamment.
 Le caporal Brenot, qui se trouvait dans la tourelle arrière, fut violemment secoué par l'explosion, et se mit à saigner abondamment du crâne.
 Sans illusion sur le sort funeste de ses camarades, il s'essuya le front d'un revers de manche et actionna rageusement sa mitrailleuse, forçant les derniers assaillants à refluer.

                                               Lexy


                                             " voilà qui va changer la donne "


 Pendant ce temps, au village, et malgré des pertes élevées, les schützen en étaient arrivés au corps à corps en certains points de la défense.
 Mais avec les légionnaires, ils étaient tombés sur un os.
 Baïonnettes, couteaux, pelles de tranchée, voire coups de poing, l'affrontement atteignit des sommets de sauvagerie.

 -mon colonel, on ne va pas les laisser passer !
 -j'en suis sûr, Waltzdorff, mais j'ai peur pour les gars du 101...ils ne sont pas préparés à ça...
 -ils tiendront, mon colonel...s'il le faut, on leur filera un coup de main quand on en aura fini avec ces salauds...

 -mon colonel, un message du lieutenant Degueldre...
 -aïe ! Qu'est-ce qu'il dit ?
 -il a nettement entendu le cliquetis de chenilles de chars.
 -des boches ???
 -non, Waltzdorff, ça ne peut être que les nôtres.
 -alors là, voilà qui va changer la donne !

Plateau de Saulnes


 Chaque fois que les hommes de la 76 I.D. essayait de déboucher du village, ils étaient matraqués par l'artillerie des gros ouvrages de la Ligne Maginot.
 Le plateau était couvert de tués et de blessés.
 L'artillerie à longue portée allemande ne pouvait pas grand-chose contre les tourelles à éclipse.
 Il aurait fallu pouvoir employer des pièces de 420, qui manquaient d'ailleurs de précision, et dont la mise en oeuvre nécessitait un temps trop long.
 Le temps, c'est ce qu'il manquait au général De Angelis, qui, au vu des pertes subies, préféra jeter l'éponge.
 La 76 I.D. restera dans Saulnes à penser ses plaies.

                                             Sud de Lexy


 Les schützen, qui avaient effectué un mouvement tournant, pensant prendre les défenses françaises à revers, furent surpris par l'arrivée des R35.
 Ils n'avaient pu emmener avec eux aucun canon de PAK, et ils durent faire face avec leurs seuls fusils antichars et les quelques charges des pioniere qui les accompagnaient.
 Les mitrailleuses des chars firent des coupes sombres dans leurs rangs, mais les allemands ne reculèrent pas pour autant. 

 A l'intérieur de son char, le lieutenant Rigaud vit des fantassins allemands essayer d'escalader son blindé.
-Pascal, vire à droite ! Il y en a deux accrochés à la tourelle !
 Le virage brutal éjecta les hommes qui essayaient de détruire les épiscopes., et l'un d'entre eux passa sous les chenilles.

 Tous les chars furent victimes de ce genre d'assaut.
 On aurait dit une une nuée de fourmis attaquant de gros scarabées.

 Le R35 du lieutenant Rigaud fit une nouvelle embardée, mais cette fois-ci involontaire.
 En effet, une charge venait de lui faire perdre sa chenille gauche.
 Une nouvelle explosion coinça la tourelle et blessa le lieutenant à l'épaule.
 Aidé par son caporal, il s'extirpa prudemment de celle-ci, non sans avoir récupéré la Reibel.
 C'est ainsi que les deux hommes continuèrent le combat comme fantassins.

 Dans tout affrontement, il y a un point d'équilibre, au delà duquel le sort des armes bascule d'un côté ou de l'autre.
 Ici, l'arrivée des "joyeux" du B.I.L.A. fit pencher la balance côté français.
 C'en était trop pour les allemands déjà fort éprouvés par le combat contre les chars.

 Les survivants se replièrent vers leurs lignes, poursuivis par les R35.
 Quelques-uns qui essayèrent de se retrancher dans le G1 furent éliminés jusqu'au dernier.
 ( Il existe une polémique sur le fait qu'il n'y eut pas de prisonniers allemands dans le blockhaus. Il semblerait que les blessés de l'équipage français aient été achevés par les assaillants lors de la prise de l'ouvrage, et qu'il s'agissait là d'une mesure de rétorsion de la part des "joyeux" ).

 Ce mouvement provoqua aussi le repli des troupes qui se battaient à l'entrée du village; repli accompagné par les tirs de mortiers et de mitrailleuses des troupes françaises qui, du coup, ne ménageaient plus leurs munitions !

 Le combat s'acheva moins d'une heure avant la nuit; la 34 I.D. était exsangue...

Sur la route de Rosyth


 La flottille française subit trois attaques, mal coordonnées, de l'aviation allemande, sans autres dommages que quelques éclats sur le Terrible.
 Avec deux appareils détruits et plusieurs autres endommagés, la Luftwaffe n'insista pas plus, d'autant que le parapluie de la Fleet Air Arm ne tarda pas à se manifester.
 Les français ne purent que se féliciter d'avoir augmenté le volume de leur D.C.A. avec des pièces de moyen calibre, généreusement prêtées par les britanniques.
 En parlant de félicitations, l'Emile Bertin reçut un message de l'Amirauté anglaise; un message très bref : Well Done !.
 Par contre, rien du côté de l'Amirauté française...

                                                  Lexy


                                     " je crois qu'ils ont besoin de penser leurs plaies "


 -mon colonel, ceux d'en face se pointent avec un drapeau blanc...
 -Devigne, allez voir ce qu'ils veulent.

 D'où il était, le colonel Jeanpierre pouvait voir la scène, quelque peu surréaliste, des parlementaires des deux camps discutant par dessus le fossé antichars.

 -alors Devigne ?
 -ils sollicitent une trêve pour ramener leurs morts et leurs blessés.
 -on ne va pas la leur refuser...dites-leur, en termes diplomatiques, qu'ils disposent de tout le temps qui leur sera nécessaire.
 -vous croyez que le barouf est terminé pour aujourd'hui ?
 -je pense, oui...la nuit tombe, et je crois qu'ils ont besoin de penser leurs plaies.

 Ce soir-là, il fallu extraire le caporal Brenot de sa tourelle.
 Le malheureux était à bout de forces et à moitié asphyxié par les émanations de gaz.
 Une décoration bien méritée lui fut plus tard attribuée, mais ça ne le consola pas de la perte de ses camarades.

                                      G.Q.G. Saacy-sur-Marne


 -mon général, un message de la IIIème  Armée...
 -que dit-il ?
 -la P.A.L. a tenu...nouvelle offensive peu probable...pertes ennemies élevées.
 -un souci de moins.
 -vous n'avez pas l'air complètement satisfait, mon général...
 -encore une victoire défensive, Lagarde...nos adversaires ont toujours l'initiative.
 -vous considérez Stonne comme une victoire défensive, mon général ?
 -oui, et j'espère que demain les choses prendront une autre tournure.

     Ainsi s'acheva la bataille pour la P.A.L..
 Les deux camps revendiquèrent la victoire.
 Les allemands affirmèrent que leur offensive ne visait qu'à empêcher toute attaque française débouchant de la position, et qui aurait pu menacer leurs flancs.
 Les français déclarèrent haut et fort que la percée allemande avait échoué.
 Personne ne fut dupe.
 D'ailleurs, les généraux Schubert et Sanne furent démis de leur commandement; le premier pour avoir trop éparpillé son attaque et le second, pour n'avoir pas poursuivi l'attaque alors qu'il faisait encore jour.
 C'est un peu vrai pour le général Schubert, mais pour le général Sanne, car il faut savoir que sa division eut plus de pertes que celles cumulées des deux autres divisions.

 Il y eut des historiens pour affirmer que ce fut une bataille inutile, car sans visée stratégique.
 Même si cela a un fond de vérité, tous les hommes qui y ont laissé leur peau méritaient une meilleure épitaphe.

 Plus à l'ouest, la journée du lendemain allait voir s'allumer un nouvel incendie.

21 JUIN-poche de Sedan

Le général Von Schobert était inquiet; l'annonce de concentration de troupes françaises sur son front, n'avait pas été suffisamment prise au sérieux en haut lieu.
Son VII. A.K. comprenait les 26.et 68.I.D.; deux divisions qui avaient déjà été éprouvées le mois dernier.
De plus, son ravitaillement n'était assuré que par des ponts de bateaux qui traversaient la Meuse et qui se trouvaient régulièrement sous le feu de l'artillerie lourde française.
Tout ça parce que les français disposaient d'un observatoire sans pareil sur les hauteurs de Stonne, dont on n'avait pas réussi à les déloger.
Si les français lançaient vraiment une attaque, il allait devoir se battre avec un fleuve dans le dos, situation ô combien inconfortable !
Pour des questions de prestige, aucun mouvement de repli derrière la Meuse n'avait été autorisé.
Seul point positif, deux divisions ( 36.et 52. I.D. ) stationnaient en réserve sur ses arrières, prêtes à le soutenir le cas échéant.
Du moins, c'est ce qu'il croyait...

Groupement Buisson

Comme son homologue allemand, le général Buisson n'avait pas beaucoup dormi.
Sous ses ordres, se trouvaient la 3ème D.C.R., la 7ème D.L.M., la 3ème D.I.M., la 6ème D.I., la 6ème D.I.N.A., et le 10ème B.C.C..; un ensemble imposant regroupant plus de 500 chars.
Il avait été décidé que la 6ème D.I. attaquerait sur Donchery, et la 6ème D.I.N.A. sur Wadelincourt pour former une pince; le reste des unités frapperait au centre au moment opportun.
Le général savait qu'il allait mener la première "vraie" offensive française.
Il avait pleinement conscience de la responsabilité qui lui incombait, et c'était une source d'inquiétude; mais c'était un homme solide et il avait toute confiance dans ses subordonnés.

IIIème Corps

"c'est à peine plus difficile que de fabriquer des assiettes en fer blanc !"

-où en sont les travaux défensifs ?
-les hommes ont fait le maximum avec les moyens dont nous disposions, mon général.
-je n'en doute pas; et pour les champs de mines ?
-nous en avons placé environ 400 au km².
-c'est insuffisant...il en aurait fallu le double !
-nous avons utilisé tout le stock, mon général...
-je sais, je ne vous reproche rien...mais je ne comprends pas qu'il y ait pénurie de ces engins; c'est à peine plus difficile que de fabriquer des assiettes en fer blanc !
-nous les avons placées de telle sorte que les chars allemands pourront emprunter des passages laissés libres intentionnellement, afin qu'ils se retrouvent face à une défense antichar renforcée et sous le feu de notre artillerie.
-c'est un pari risqué, mais je crois que nous avons bien fait de suivre l'idée du général De Lattre.

Rosyth

L'accueil des anglais fut particulièrement chaleureux.
Ce qui contrastait avec l'attitude des autorités françaises, qui fut pour le moins réservé.
Pour elles, aucun navire du convoi n'aurait dû s'échapper.
Ce reproche fut très mal vécu par les équipages qui estimaient avoir fait leur boulot.
Aucun renfort allemand ne fut débarqué à Oslo, le convoi ayant finalement dû faire demi-tour.
Un message de félicitations, émanant des forces alliées en Norvège, diminua cependant un peu le sentiment d'injustice éprouvé par gradés et matelots.

Lillehammer

" on ne gagne pas une bataille avec des si ! "

Le bruit circula plus vite qu'à travers les messages radio...
Il ne fallait plus compter sur des renforts !
Le moral déjà défaillant des soldats en prit un coup.
D'autant plus, qu'aux premières lueurs de l'aube, un barrage d'artillerie s'abattit sur leurs positions.
-ces salauds n'ont pas perdu de temps...
-il nous faut tenir à tout prix !
-leurs troupes de montagne vont encore essayer de nous tourner...il faut que la Luftwaffe nous apporte son soutien, au moins au niveau du renseignement.
-nous avons contacté la V. Luftflotte...
-et ?...
-des avions de reconnaissance vont survoler la zone; par ailleurs, ils feront le maximum pour nous parachuter du ravitaillement...tout ceci, évidemment, si le beau temps se maintient...
-des "si", toujours des "si" ! On ne gagne pas une bataille avec des "si" , Hans !

VII. A.K. - Général Von Schobert

" ou alors, ils nous préparent un tour de cochon... "

-il est quatre heures du matin; et les français n'ont toujours pas fait donner leur artillerie...
-vous pensez qu'ils ont renoncé à leur offensive, mon général ?
-possible, ou alors ils nous préparent un tour de cochon...
-pourtant, nos renseignements confirmaient bien la présence de deux de leurs divisions de chars...
-je sais, Karl, c'est incompréhensible, alors que c'est en Belgique que tout va se jouer !

Skagerrak

Les sous-marins mouilleurs de mines Nautilus, Saphir et Turquoise se préparaient à se délester de leur cargaison mortelle sur les lieux de passage supposés d'éventuels convois allemands.
Pendant ce temps, deux de leurs congénères britanniques faisaient de même aux environs de Bergen...Scharnhorst oblige !

P.C. Z.O.A.N.-Général d'Astier de la Vigerie- Chauny

" ils les gardent jalousement chez eux..."

-Messieurs, c'est confirmé, c'est pour demain...tous les groupes de chasse doivent être en alerte, prêts à décoller.
-sommes-nous certains de disposer d'un délai suffisant, mon général ?
-nous pouvons faire confiance à la D.E.M., ou au radar, comme dénommé par nos amis anglais.
-avons-nous une idée précise de ce qu'ils vont mettre en ligne ?
-7 à 800 chasseurs, et 8 à 900 bombardiers...avec environ 200 appareils de chaque catégorie en réserve.
-et pour nous ?
-un peu plus de 900 chasseurs et 600 bombardiers...quand aux britanniques, ils disent disposer d'environ 300 chasseurs et 250 bombardiers.
-vu que nous serons en position défensive, notre avantage en chasseurs pourrait être décisif !
-toujours pas de Spitfire ?
-non, malgré nos demandes pressantes, ils les gardent jalousement chez eux...par contre, nos camarades de la Marine mettent à notre disposition leurs 80 bombardiers en piqué.
-parfait, il est temps que nos adversaires s'aperçoivent qu'ils n'ont plus le monopole de cette spécialité !

G.C. III/8

" notre priorité, ce sont leurs bombardiers. "

-demain, ça va chauffer...les gars sont prêts ?
-prêts et remontés ! Les huns vont trouver à qui parler !
-qu'ils se détendent au maximum, la nuit risque d'être courte...et du côté des zincs ?
-les mécanos sont sur les dents, mais ils seront tous opérationnels.
-fais passer la consigne, pas de bagarre avec leurs chasseurs, sauf pour se défendre; notre priorité, ce sont leurs bombardiers.

VII. A.K.

" ...de permettre à certains de redorer leur blason ! "

Le général Von Schobert était fou de rage; il venait d'apprendre que les 36.et 52. I.D., allaient être engagées dans une tentative de reprise des hauteurs de Stonne.
-ils sont devenus fous ! Les français ont eu tout le temps de fortifier les hauteurs...et si leur offensive se confirme, je n'ai plus aucune réserve sur qui compter !
-je comprends mon général, mais en haut lieu ils pensent que les français tiennent là un observatoire de premier plan.
-sans doute, mais je crois que cette opération insensée a surtout pour but de permettre à certains de redorer leur blason !

Hauteurs de Stonne-11ème D.I.-général Arlabosse

" j'espère ne pas avoir à engager ces reliques "

-mon général, tout indique que nos adversaires vont lancer une attaque sur nos positions.
-il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez eux...à croire qu'ils nous ont sportivement laissé le temps de préparer nos défenses !
-le général Armingeat ( 82ème D.I.A. ) confirme nos impressions, il pense que nous allons faire l'objet d'une attaque imminente. Il demande si nous pouvons compter sur des renforts.
-nous n'aurons aucun renfort; le XXIème corps nous l'a confirmé, nous devrons faire sans...et pour l'artillerie lourde, tout a été transféré au profit de Buisson...
-il nous reste quand-même deux compagnies de chars FT.
-franchement, colonel, j'espère ne pas avoir à engager ces reliques...

VII. A.K.

" si c'est bien le cas, où sont-ils passés, ces engins ? "

-mon général, nos troupes à Donchery et Wadelincourt signalent qu'elles subissent des attaques de grande ampleur.
-demandez confirmation...il me faut plus de précisions !

-c'est confirmé, violents combats, mais positions maintenues...les français ont attaqué sans préparation d'artillerie.
-ça ils vont le regretter...
-quels sont les ordres mon général ?
-se préparer à contre-attaquer quand nos adversaires seront épuisés.
-vous avez l'air soucieux, mon général...
-oui, ils n'attaquent pas au centre de notre dispositif...
-ils n'en ont peut-être pas les moyens.
-je l'espère Hans...on nous avait annoncé une concentration de blindés en face; si c'est bien le cas, où sont-ils passés ces engins ?

Bergen

Malgré les quelques déboires occasionnés lors du débarquement à Straume, les britanniques avaient pu progresser jusqu'à Knavievik, d'où ils avaient chassé un groupement improvisé de soldats, marins, et aviateurs allemands.
Cela les plaçait maintenant à moins de 8 km de leur objectif.
Toutefois, il leur fallait encore traverser une étendue d'eau pour continuer leur progression.
Ce qui pouvait prendre du temps, alors qu'ils étaient décidés à en finir au plus vite.
Aussi optèrent-ils pour une solution moins spectaculaire, mais tout aussi radicale.

Lillehammer

La mort dans l'âme le colonel Beckman dut ordonner le repli, alors que sa position était sur le point d'être tournée. ( le fait d'avoir été au final capturé par les alliés, lui évita sans doute le peloton d'exécution )
Il n'y avait désormais plus d'obstacle sérieux avant Oslo, hormis la distance.
Il faut reconnaître que cette retraite ne se transforma pas en débâcle, et certains reprochèrent aux chefs alliés leur manque d'agressivité.
Mais les troupes avaient besoin de souffler, et il fallait trouver une entente sur le chemin à suivre, ce qui, compte tenu des buts de guerre des uns et des autres, n'était pas gagné.

Belgique

La 51st Highlands Division du général Fortune avait achevé sa marche en crabe qui l'avait conduite de la Ligne Maginot, jusqu'aux arrières du Ier Corps britannique.
C'était un renfort important, certes, mais la division n'était pas encore complètement opérationnelle.
La 1st Canadian Division, et la 52nd Infantry division devaient, avec la précédente, former le nouveau IVth Army Corps.
Lord Gort était satisfait de ses effectifs en infanterie, mais il prenait de plus en plus conscience de son infériorité en matière de blindés, tant en nombre qu'en qualité.
Seules la 2nd Armored Division, et la 23rd Armored Brigade étaient immédiatement disponibles en arrière du Ist Corps.
A cela pouvaient s'ajouter une centaine de chars légers Mark VI des groupes de reconnaissance, plus quelques automitrailleuses Morris; mais il ne se faisait aucune illusion sur leur capacité à se mesurer avec les blindés allemands.

Poche de Sedan

Donchery était l'objectif de la 6ème D.I. du général Antoine Lucien; Wadelincourt, celui de la 6ème D.I.N.A. du général Joseph de Verdilhac.
Les deux hommes avaient reçu des ordres très stricts, qui étaient non pas de s'emparer à tout prix de leurs objectifs, mais d'y fixer les troupes allemandes qui les occupaient.
Celles-ci étant bloquées au nord et au sud, le Groupement Buisson devait, à son tour, frapper au centre.

II/I.R. 188 ( 68. I.D., général Georg Braun )

" il faudra se replier à la nage ! "

-Werner, on dirait que ça barde sur notre gauche et sur notre droite.
-j'ai du mal à croire que les français nous aient oubliés !
-ils n'ont pas employé leur artillerie; c'est incompréhensible...pourtant mon père me racontait ses expériences terrifiantes sous leurs barrages roulants en 18...
-en attendant, on serait mieux à la place des copains du III, bien à l'abri dans les maisons.
-peut-être que...

A ce moment, un bruit semblable à un orage lointain se fit entendre, coupant net la conversation.

-tu n'aurais pas dû parler de leur artillerie, tu nous a porté la poisse !

Surpris, ils entendirent les obus passer au dessus de leur tête, puis s'abattre sur leur arrière.
Les explosions se succédaient à une cadence infernale.

-c'est toi qui disait que ceux du III étaient à l'abri ??!!
-les ponts ! Ils visent les ponts !
-s'ils les font sauter, adieu le ravitaillement et il faudra se replier à la nage !...

Hauteurs de Stonne-82ème D.I.A.-général Armingeat

" que nos batteries donnent tout ce qu'elles ont ! "

-mon général, ça y est, ils ont déclenché leur attaque.
-on dirait que leurs déboires du mois dernier ne leur ont pas servi de leçon...nous signale t-on des blindés ?
-non, que de l'infanterie.
-je crois qu'ils abattent leur dernière carte...nos fortifications de campagne devrait les stopper, mais que nos batteries donnent tout ce qu'elles ont ! Il faudra aviser la 11ème D.I. de l'évolution de la situation en temps et en heure.
-bien, mon général...

36. I.D.-Général Georg Lindemann

" mais que fait la Luftwaffe ??? "

-les français ont eu tout le temps de fortifier leur position...j'ai toujours dit que cette attaque était une folie ! Où en est la progression ?
-nos troupes sont clouées à mi-pente; les pertes sont lourdes...le barrage de l'artillerie française est très violent.
-et notre artillerie, ne peut-elle pas museler les pièces adverses ?!!
-elles sont placés visiblement à contre-pente...faute d'observatoire, nous tirons à l'aveuglette...
-mais que fait la Luftwaffe ???
-nous devrions recevoir le concours d'avions d'observation et de Stukas dans l'heure qui vient.
-c'est une heure avant qu'il nous l'aurait fallu !

Lillehammer

La discussion avait été un peu tendue, mais on était arrivé à un accord, du moins en apparence.
Le commandement de l'ensemble des forces alliées serait assuré par le général norvégien Otto Ruge.
Après tout, on se battait sur son sol.
Il avait été convenu qu'une fois les troupes arrivées au carrefour de Gjovik, elles se scinderaient en deux parties.
Norvégiens, volontaires, et britanniques opteraient pour la route ouest via Raufoss-Honefoss; français et polonais pour la route sud via Lena-Minnesund.
Les français ne purent s'empêcher de faire remarquer que la route sud ferait certainement l'objet de plus de tentatives de blocage, et, sournoisement, que la route ouest rapprochait les britanniques de Bergen.
Ces derniers répliquèrent que compte tenu du volume des forces et de l'état des routes, les problèmes de ravitaillement risquaient d'être aigus, et que deux axes de pénétration obligeraient les allemands à diviser leurs forces.
Comme leurs gouvernements respectifs les poussaient à une action rapide, les discussions s'arrêtèrent là.
Il fut enfin convenu que ce seraient les troupes norvégiennes qui entreraient les premières dans Oslo reconquise.

Z.O.A.N.

Tous les groupes de chasse sur Dewoitine, Arsenal, et Bloch avaient été regroupés en Belgique pour contrer l'offensive attendue de la Luftwaffe.
Dans le secteur de Sedan, ne restait plus qu'un groupe sur Curtiss H75A3.
Pour répondre aux demandes pressantes de l'infanterie, il avait été décidé d'y adjoindre l'E.C.D.55 qui était affectée à la défense de Lyon.
Elle comprenait une douzaine de Morane 406, certains pilotés par des polonais, et le prototype du CAO 200, concurrent malheureux du D 520.
Preuve, s'il en était besoin, que l'on faisait flèche de tout bois.

Wadelincourt

On n'a jamais su exactement d'où était partie la rumeur, mais le bruit que les ponts sur la Meuse avaient été détruits ( ce qui n'était pas encore le cas ), empêchant donc tout repli éventuel, provoqua un flottement dans les rangs de l' I.R. 169 qui défendait le village.
Flottement qui permit aux marocains du 9ème R.T.M. de s'emparer des premières maisons du village.
L'intervention des légionnaires du 11ème R.E.I. accentua encore la pression sur les défenseurs qui commencèrent à perdre du terrain.
Le général Braun hésitait à engager sa dernière réserve, à savoir l' I.R. 196, d'autant qu'il venait d'être durement frappé par l'artillerie française.

Hauteurs de Stonne

La Luftwaffe fit son apparition au dessus de la zone tenue par la 11ème D.I., sous la forme de 15 Stukas escortés par 9 Me 110.
Onze Curtiss du III/2 qui était en mission de protection engagèrent la formation.
A la fin de l'affrontement trois Me 110, trois Ju 87 et deux Curtiss avaient été perdus, de nombreux appareils rentrant endommagés.
Les Morane 406 de l'E.C.D.55 arrivèrent trop tard pour participer au combat , et surtout pour empêcher les Stukas restants d'accomplir leur oeuvre de destruction.
Ils parvinrent néanmoins à les rattraper et en abattirent quatre.

11ème D.I.

Le combat aérien intéressa beaucoup les troupes au sol, mais quand les sirènes des Stukas se firent entendre, tout le monde s'empressa de se terrer au fond des tranchées.
Les explosions furent impressionnantes, mais les pertes furent légères, bien que nombre d'hommes se soient trouvés plus ou moins en état de choc.
Le drame fut que l'équipe d'observation d'artillerie fut mise hors d'état de poursuivre sa mission.
Les batteries françaises se retrouvèrent donc sans indication précise pour ajuster leurs tirs, jusque là particulièrement meurtriers.
Les assaillants en profitèrent, et, dans un dernier élan, arrivèrent au contact des défenses françaises.
Le sort des armes pouvait basculer à tout moment.

II/I.R. 188

" fonce avertir nos 8,8 que nous avons de la visite "

-Werner, cette fois-ci, c'est pour nous !
Les obus s'abattirent sur leur position, mais le barrage fut bref.
-c'était juste pour nous obliger à rentrer la tête...
-ne plaisante pas, la journée n'est pas encore finie.
-tu crois qu'ils ont réussi à faire sauter les ponts ?
-nous le saurons bien assez tôt !

A ce moment, un bruit sourd parvint à leurs oreilles; un bruit allant s'amplifiant.

-tu entends ?
-oui, j'entends.
-ça ressemble à un cliquetis de chenilles...
-ce sont des chars ? Tu es sûr ???
-plus que sûr, et il n'y en a pas qu'un !
-Erwin, fonce avertir nos 8,8 que nous avons de la visite...

Von Schobert n'allait plus se demander longtemps encore où étaient passés les chars français.