UCHRONIE SEDAN 1940

Norvège

La progression vers Oslo avait enfin repris, et les allemands faisaient tout ce qu'ils pouvaient pour la retarder, notamment avec des obstructions et des mines.
Pendant ce temps, un cargo britannique escorté par deux destroyers, se dirigeait vers Straume, avec dans ses cales quatre mortiers de 9,2" .
Ces vieilles pièces avaient fait la dernière guerre, mais n'en étaient pas moins meurtrières.
Après s'être délestés de leurs mines, les sous-marins français amorcèrent leur chemin de retour.

Wadelincourt

Profitant du flottement dans les lignes adverses, le général De Verdilhac joua son va-tout en lançant le 21ème R.T.A. dans la bataille.
Les troupes allemandes, violemment pressées, commencèrent à refluer du village.
Les officiers envoyés par le général Braun pour rétablir l'ordre ne purent que constater les dégâts.
Ce qui n'était au début qu'une manoeuvre de fixation, allait petit à petit se transformer en une offensive classique.

I.R. 188

"ils n'ont pas assez d'allonge pour répliquer"

-regarde ces chars, ils sont énormes !
-et en plus nos obus de PAK ricochent sur leur blindage...
-foutons le camp, je n'ai pas envie de mourir écrasé !
-tiens bon, on finira bien par les arrêter...

A ce moment, ils entendirent plusieurs claquements secs provenant de l'arrière.
Le premier char fit une embardée sur le côté et de la fumée commença à sortir de ses entrailles.

-l'équipage l'évacue !
-nos 8,8 peuvent en venir à bout...on va s'en sortir, Max !

Un deuxième char subit le même sort, puis un troisième.

-ils n'ont pas assez d'allonge pour répliquer...

Pièce de 8,8 cm Dora

"ils sont lents, c'est notre chance"

-un autre obus sur ce char, il n'est pas encore détruit !

L'obus de 8,8cm partit vers sa cible.
Peut-être croisa t-il celui de 75mm qui partit du B1bis ?
Les deux firent but à peu près en même temps.
Un seul homme d'équipage réussit à sortir du char en flammes, presque tous les servants de FLAK furent tués ou blessés par les éclats.
Les hommes de la pièce "Anton" assistèrent, impuissants, à la mise hors de combat de leurs camarades.

-je savais bien qu'il nous fallait des boucliers de protection !!!
-il y en a d'autres qui arrivent mon lieutenant...
-visez les lourds en priorité ! Ils sont lents, c'est notre chance...
-mon lieutenant, att...

A cause de la fumée, ils n'avaient pas vu à temps le rapide S35 qui les gratifia de deux obus de 47.

La moitié de la FLAK lourde désormais hors de combat, les chances de repousser l'attaque s'amenuisèrent considérablement.

Quelque part dans Berlin, à l'abri des regards...et des micros !

-La Norvège est perdue...et le Führer s'obstine à y envoyer des renforts ! C'est la "terre de la destinée" , comme il le prétend...si c'est bien ça, l'avenir du Reich est sombre...
-attention Karl, vous allez trop loin...
-non, il n'a pas tort; notre situation là-bas est sans espoir, mais personne dans son entourage n'a le courage de le lui dire...
-que voulez-vous faire ?
-il faut mettre un terme à cette guerre !
-oui, avant que les russes ne nous poignardent dans le dos...
-nous avons signé un traité avec eux !
-vous êtes assez naïf pour croire que Staline le respectera si une occasion se présente ?
-d'autant plus que d'après nos services de renseignement, ils massent de plus en plus de troupes dans leur partie de Pologne, mais aussi face aux états baltes et à la Roumanie.
-s'ils venaient à s'emparer des pétroles roumains, ce serait une terrible catastrophe !
-raison de plus pour agir au plus vite !
-non, il nous faut attendre le résultat de notre offensive en Belgique...
-je n'aurais jamais pensé que nous en viendrions presque à souhaiter la défaite de nos troupes !
-je comprends votre désarroi, Hans, mais disons-nous qu'au final, ce serait pour le bien de l'Allemagne.

Skagerrak

Les sous-marins mouilleurs de mines ne rentrèrent pas tous à Rosyth.
Le Nautilus ne répondit pas aux appels radio; et, au bout d'un certain temps, il fallut bien admettre qu'on ne le reverrai pas.
Les circonstances de sa disparition ne furent jamais élucidées, d'autant que, bien après la guerre, on retrouva l'épave loin de la zone où il aurait dû opérer.
Le pilote d'un hydravion allemand raconta y avoir attaqué un sous-marin non identifié; mais, si c'était bien le Nautilus, on ne comprend pas ce qu'il faisait à cet endroit.
Etait-il déjà endommagé ? S'agissait-il d'une erreur de navigation ?
On ne le saura sans doute jamais.
Les mines mouillées prélevèrent un lourd tribut sur les transports de la Kriegsmarine, mais ça ne consola pas les équipages de la flottille de la perte de leurs camarades.

Hauteurs de Stonne

Les schützen de l'I.D. 36, malgré des coupes sombres dans leurs rangs, atteignirent la lisière du village, où s'engagea un violent corps à corps avec les troupes françaises qui n'entendaient pas le leur abandonner.
Comme ça ne progressait pas sur leur gauche, le général Lindemann exigea d'eux un suprême effort, et lança tout ce qui lui restait dans la bataille.
Stonne allait de nouveau avoir les faveurs des communiqués.

Z.O.A.N. - Général D'Astier de la Vigerie - Chauny

" cette fois-ci, le comité d'accueil sera à la hauteur ! "

-d'autres informations sur ceux d'en face ?
-ils pensent nous refaire le coup du 10 mai...
-oui, mais cette fois-ci, le comité d'accueil sera à la hauteur !
-la chasse devra être prête à intervenir dès les premières lueurs de l'aube.
-oui, mais le délai de préavis sera t-il suffisant ?
-nous ne pouvons pas maintenir les pilotes en alerte toute la nuit !
-c'est certain, mais je pense que l'on peut se fier à notre D.E.M. et aux radars des anglais pour nous avertir à temps de l'arrivée de leurs formations.
-messieurs, assurez-vous que les liaisons radio soient opérationnelles à 100%; il y va de la réussite ou de l'échec de notre plan !

Hauteurs de Stonne - secteur de la 11ème D.I.

La 36 I.D. était une unité d'active, mais la division du général Arlabosse l'était aussi, ce qui fait que personne ne voulant céder, les combats prirent l'allure des plus violents corps à corps de 14-18 !
Jusqu'au moment où l'on signala une possible percée allemande ( ce qui en fait n'était pas le cas ); et que le général dut se résoudre à faire intervenir les "reliques", à savoir les 19 chars FT opérationnels, dont les équipages ne demandaient que ça.
Ce n'étaient pas des engins la valeur d'un char B , ni même d'un R35, mais pour les fantassins allemands qui recevaient des obus explosifs de 37mm et des balles de mitrailleuses ( les chars étaient équipés, en gros pour moitié, du 37 court Mle 18, et de Reibel Mle 31 de 7,5mm ), sans parler de l'effet psychologique, c'était déjà beaucoup, au vu de leurs pertes et de leur état d'épuisement.
Neuf chars furent perdus, mais ils réussirent à faire pencher la balance.
Un reflux commença à s'amorcer, accompagné des projectiles de l'artillerie française qui avait repris son tir sur les pentes.
Le général Lindemann préféra ordonner le repli, avant que ce reflux ne se transforme en déroute.
Ce que voyant, son voisin de gauche, dont les troupes ne progressait pas non plus, et subissaient des pertes sensibles, ordonna lui aussi le repli, prétextant que la manoeuvre de l'I.D.36 le laissait " en l'air ".
Stonne restait entre les mains des troupes françaises, et ce, de manière définitive.
Le village, qui était détruit à 90%, ne fut jamais reconstruit, car on décida, après maints palabres, de l'ériger en lieux de mémoire.

Groupement Buisson-Poche de Sedan

" je crois que l'ouverture est faite, fonce droit devant ! "

Dans la tourelle de son B1ter, le lieutenant Delmotte avait les nerfs à vif.
Il venait de voir les trois chars qui le précédaient être détruits par ce qui lui sembla être des pièces de FLAK lourde.
Heureusement, la fumée qu'ils dégageaient en brûlant le protégea de l'attention des artilleurs ennemis.
Ce n'était pas vraiment le meilleur moment pour penser à ça, mais, s'il s'en sortait, il comptait bien rédiger un rapport cinglant sur l'exiguïté de la tourelle monoplace, mal ventilée, et qui nécessitait un occupant à deux têtes et quatre bras, pour le moins !
Il reçut un peu de baume au coeur quand il vit, à travers ses épiscopes, un SOMUA détruire une des pièces, puis deux autres de ces maudits canons disparaitre sous l'explosion des obus de l'artillerie d'accompagnement.
-André, je crois que l'ouverture est faite, fonce droit devant !

I.R. 188

"...on va le stopper ! "

-Werner, je crois que nos 8,8 ont eu leur compte...
-j'ai l'impression que sur notre droite, les choses ne se passent pas bien non plus!
-on se replie ?
-attendons les ord...
-scheise, ce char nous fonce droit dessus !
-passe-moi les obus de rupture, on va le stopper...

char B1ter "Eylau" du lieutenant Delmotte

"...on les écrabouille ! "

Droit devant son char, il remarqua le PAK de 37, dont les servants s'employaient fort courageusement à leur tirer dessus.
Trois impacts frappèrent le glacis, dont les 70mm de blindage ne furent même pas écornés !
Il fit feu au 47, puis envoya une rafale de 7,5 pour faire bonne mesure.
-André, maintient la vitesse, on les écrabouille !

PAK 37 de Hans et Werner

"...ou nous sommes foutus ! "

Les deux hommes furent désespérés de voir leurs obus rebondir sur la cuirasse du pachyderme.
-Hans, touche ses chenilles ou nous sommes foutus !
Hans n'en eut pas le temps, car il fut tué par la rafale de mitrailleuse.
Werner, touché à la jambe, essaya en vain de glisser un nouvel obus dans la culasse, puis se laissa glisser derrière le bouclier dans l'espoir d'une protection, au demeurant illusoire.
Sa dernière vision fut celle du monstre grondant qui le dominait de toute sa masse.

char B1ter "Eylau" du lieutenant Delmotte

" ...je crois qu'ils sont en train de lâcher prise..."

Quand son char écrasa la pièce de PAK, il comprit que le malheureux qui se trouvait derrière avait fini sous ses chenilles.
Dans ce vacarme, il ne l'avait pas entendu crier, c'était déjà ça.
Après tout, c'était la guerre...il eut une pensée pour les équipages des autres chars, brûlés vifs dans leurs engins, mais la chassa bien vite.
-André, on continue, je crois qu'ils sont en train de lâcher prise...

Quelle tension !!!

Pascal

bosco76 a écrit:

Quelle tension !!!    

Pascal

+ 1

Je ne réagis pas toujours ici, mais je prends énormément de plaisir à chaque parution.
Atchao
Laurent

Content que ça vous plaise.

 Yoncq


 Le village de Yoncq se trouve au nord-est de Stonne.
 Le secteur était occupé par le 23.A.K. du général Erich Raschick, qui comprenait les 15. et 17. I.D..
 En face, par un de ces hasards dont l'histoire est friande, se trouvait le tout nouveau 23ème C.A. du général Jean Bouffet, avec ses 4ème et 36ème D.I., ainsi que la 2ème D.I.N.A. rameutée du sud, vu l'attitude passive de l'Italie.
 Ce front était plutôt calme depuis le mois de mai; quelques activités de patrouille et duels d'artillerie, mais pas de mouvements d'ampleur.
 Toutefois, depuis deux jours, les avant-postes allemands signalaient une recrudescence d'activité côté français.
 Visiblement, le calme s'apprêtait à être rompu...

                                          Donchery


 Von Förster était inquiet; la gauche de sa 26. I.D. venait d'être violemment refoulée par les chars français.
 Lorsqu'il apprit que Wadelincourt était aux mains des français, son inquiétude redoubla avec la crainte d'être tourné et de se retrouver coincé entre le village et la Meuse.
 Ce qui le conforta dans cette idée était que l'artillerie française visait les ponts provisoires sur le fleuve.
 En fait, ces tirs n'avaient pour objet que d'empêcher l'arrivée de renforts; mais ça, le général ne pouvait pas le savoir !
 Ses landsers non plus, dont le moral commençait à fluctuer.

                                               Groupement Buisson


 Les chars français, au prix de lourdes pertes ( mais un bon tiers des engins purent être récupérés par la suite ) avaient réussi la percée.
 Le général Buisson se trouva devant deux options, lancer toutes ses forces sur la partie ouest de Sedan, ou virer à gauche pour envelopper les forces allemandes tenant Donchery.
 Finalement, il opta pour les deux solutions et envoya la 7ème D.L.M., renforcée d'un régiment de la 3ème D.I.M., contourner le village, violant ainsi le principe de la concentration des forces.
 On n'allait pas manquer de le lui reprocher...

                                          
                                                 Stonne


                                        " nous pourrions être pris dans une nasse ! "


 Le général Von Arnim rencontra son voisin pour échanger sur la conduite à tenir.
 Les deux hommes devaient se protéger des tirs de l'artillerie française qui continuait son matraquage.

 -ils ne seront donc jamais à court de munitions ??!!
 -nos hommes n'en peuvent plus, et je redoute le moment où les français décideraient de pousser leur avantage.
 -non, je crois qu'en face ils n'en ont plus les moyens...
 -les choses vont mal sur nos arrières; les français se rapprocheraient de Sedan...si c'est bien le cas, nous pourrions être pris dans une nasse !
 -avec le 23. A.K. sur notre gauche, je ne crois pas la chose possible...et puis les ordres sont de tenir; nous n'avons pas le choix.

errata : il s'agit de la 2ème D.I.C. et non de la 2ème D.I.N.A.




    Quelque part dans Berlin, à l'abri des regards...et des micros !


 -cette fois-ci, c'est certain, la Norvège est perdue...et le führer s'obstine à l'espoir chimérique de conserver la "terre de la destinée"...nos Ju 52 se font massacrer, et, en à peine trois jours, c'est l'équivalant d'un bataillon qui a fini au fond de l'eau...la Kriegsmarine perd navires sur navires, et tout ça pour quoi ?
 -notre approvisionnement en minerais de fer est quand-même garanti jusquà l'hiver prochain !
 -oui, et après ?!!
 -messieurs, calmez-vous...c'est demain que se joue le destin de l'Allemagne !
 -justement, à ce propos, le transfert des divisions d'infanterie n'est pas achevé, et des bruits d'offensive française dans le secteur de Sedan se font de plus en plus persistants...
 -oui, et ces divisions risquent d'être absentes tant au nord qu'au sud...
 -messieurs, ceci est notre dernière réunion...notre situation devient dangereuse...les sbires de Himmler ont flairé quelque chose...colonel Von Tresckow, le plan est-il au point ?
 -oui, mon général.

                                              LÜTTICH


Pour faciliter la lecture :
Du nord au sud :


Britanniques :


1er C.A. ( Barker ) : 2 ID ( Lloyd ), 1 ID ( Alexander ), 48 ID ( Thorne ).


 Va faire face au Panzergruppe Hoth :
39 A.K. ( Schmidt ) : 1.PzD ( Kirchner ), 2 PzD ( Veiel ), 9 Pz ( Hubicki ), 29 MD.
41 A.K. ( Reinhardt ) : 6 PzD ( Kempf ), 8PzD ( Kuntzen ), 20 MD, SS "V".


Français :


3ème C.A.  ( La Laurencie ) : 2ème D.I.N.A. ( Dame ), 1re D.M. ( Mellier ), 32ème D.I. ( Lucas ).


 Va faire face au Panzergruppe Hoeppner :
15 A.K. ( Wietersheim ) : 5 PzD ( Lemelsen ), 7PzD ( Von Funck ), 10 PzD ( Fisher ).
16 A.K. ( Kleffel ) : 3 Pz D ( Stumpf ), 4 PzD ( Stever ), SS"AH".

Skagerrak


 Le mauvais temps régnait sur la zone.
 Il régnait aussi au PC de la Kriegsmarine où l'amiral Reader s'était vu mettre en demeure de perturber le trafic maritime allié en direction de la Norvège.
 Le seul navire important qui pouvait être employé était l'Amiral Scheer, avec ce bémol qu'il n'avait pas encore complètement achevé sa période d'essai.
 Eu égard au peu de résultat à attendre au vu la situation en Norvège, l'amiral essaya par tous les moyens de retarder l'échéance, jusqu'à finalement en arriver à démissionner.
 Son successeur, l'amiral Doenitz, jugea plus prudent de ne pas contrarier le Führer, et ordonna la sortie.
 L'Amiral Scheer n'alla pas bien loin, et sa croisière fut écourtée par une torpille du HMS Truant, qui obligea le navire à rentrer au port pour réparer ses avaries.
 Doenitz dut subir les foudres du Führer, tout en lui promettant d'engager un maximum de U-boats qui, affirmait-il, seraient plus efficaces que les navires de surface.
 Il omit juste de préciser que sur 10 torpilles au but, 8 n'explosaient pas !

                                     Mer du Nord


 La nouvelle de torpillage de l'Amiral Scheer remplit de joie l'Amirauté britannique.
 Toutefois, on était sans nouvelles de trois navires marchands qui naviguaient isolément.
 Le système des convois à destination de la Norvège avait été abandonné, du fait de la conjoncture favorable.
 Ce n'est que lorsque le cargo Union Castle émit un signal "RRR" avant de disparaitre à son tour, qu'il fallut se rendre à l'évidence qu'un navire allemand était en train de causer des pertes dans le secteur.

Bodenplatte

Le jour n'était pas encore levé, que le calme du matin fut brutalement interrompu par le démarrage de centaines de moteurs d'avions sur les terrains d'Allemagne, mais aussi en Hollande et partie de la Belgique occupée.
La Luftwaffe s'apprêtait à lancer une première vague de 400 bombardiers escortés par 300 chasseurs.
Objectif : cueillir l'aviation alliée au nid, avant qu'une deuxième vague ne s'en prenne aux troupes terrestres.
Toutefois, tout n'alla pas sans heurts; en effet, pour désengorger rapidement certains terrains, on fit décoller les chasseurs avant les bombardiers qu'ils devaient escorter.
Ce qui fait que les premiers durent tourner en rond en attendant les seconds, dépensant ainsi inutilement du carburant.
Plus tard, un pilote de Me 109 écrira, non sans une ironie teintée d'amertume : " on ne pouvait pas combattre efficacement l'adversaire avec un oeil sur lui et l'autre sur la jauge ! ".

En face, comme espéré, la D.E.M. française et les radars britanniques firent leur boulot.
Les chasseurs alliés décollèrent pour recevoir les intrus.
Toutefois, l'alerte généralisée des aérodromes connut quelques couacs.

Sur le terrain de Cerfontaine, les Brewster B339 de la 5/III/2 durent décoller sous les bombes.
Quatre Caproni Ca 314, ainsi que l'unique SABCA S47 furent détruits au sol; six autres Caproni étant endommagés.
Le terrain étant provisoirement impraticable, les Brewster et Caproni survivants durent se replier sur celui de Mont-Saint-Ghislain, miraculeusement épargné par la Luftwaffe, qui perdit néanmoins trois bombardiers He 111 dans l'affaire.

Quatre aérodromes alliés subirent le même genre de déboires, et, en tout, près de 80 appareils furent détruits ou gravement endommagés au sol, pour l'essentiel des bombardiers et éclaireurs.

Comme d'habitude, les estimations des aviateurs allemands furent fantaisistes qui avancèrent rien moins qu'entre deux et trois cents appareils détruits au sol, plus une cinquantaine en combat aérien.
En fait, les pertes s'équilibraient des deux côtés, et ce manque de discernement n'allait pas être sans conséquence.

[b]G.C. III/8[b]

Son Bloch 157 étant indisponible, Labussière avait décollé dans un 155, certes moins rapide, mais dont les quatre canons de 20mm s'avéraient létaux pour les bombardiers adverses.
Il venait de descendre son deuxième DO 17 quand il fut pris à partie par une paire de Me 109 qui le mitraillèrent copieusement.
Alors qu'il se sentait fichu, une voix résonna dans ses écouteurs.
" J'arrive patron ! ".
C'était Tchang, un des pilotes chinois avec qui il avait combattu les japonais.
Il vit dans son rétro la verrière d'un des 109 exploser.
Il en profita pour effectuer un piqué vertigineux et s'éloigner en rase-mottes vers son terrain.
On releva plus de deux-cents impacts dans son avion.
Tchang, quant'à lui, ne rentra pas.
Labussière venait de perdre un pilote, et un ami.

Groupe Riquier ( arrières de la 32ème D.I. )

Le bruit de centaines de moteurs d'avions emplit l'air du matin.
-nom d'un chien, ils remettent ça, comme en Mai !
-non, cette fois, ils vont avoir du répondant...
Effectivement, une multitude d'avions se ruait à leur rencontre.
Fascinés, ils assistèrent au plus violent combat aérien de mémoire d'artilleur.
Bruit infernal, explosions, fumée, flammes et, de temps à autres , les corolles de parachutes au bout desquels des malheureux devaient prier pour ne pas être happé par un de ces monstres vrombissant.

A une centaine de mètres de leur position, une batterie de 75 CA crachait ses projectiles à une cadence soutenue.

-mais qu'est-ce qu'ils font, ils tirent dans le tas ?
-non, un des "pisse-en-l'air" m'a expliqué que les huns se pointent systématiquement à 4 000 mètres...ils règlent donc leur tir à cette altitude.
Comme pour confirmer ces propos, un des He 111 se retrouva au milieu de flocons noirs, commença à vaciller et partit en vrille jusqu'à ce qu'une aile se détache.
-s'ils continuent comme ça, on va finir par s'en prendre un sur la gueule !

Petit à petit, le ciel se vida de ses combattants pour laisser la place à un silence presque irréel, compte tenu de ce qu'il venait de se passer.

-ce n'était pas pour nous; je crois qu'ils voulaient s'en prendre à nos aérodromes...il y aura sûrement une deuxième vague.

L'accalmie fut brève, car, dans le lointain, ils entendirent soudain le bruit caractéristique d'un barrage d'artillerie.

-ça va bientôt être à nous de jouer, les gars.

La bataille décisive du conflit venait de commencer.

Mer du Nord

Les vigies du croiseur Arethusa, réussirent à repérer le navire malgré l'obscurité.
Ce dernier s'identifia comme le cargo Gotland battant pavillon suédois.
Le croiseur se rapprocha pour procéder à une inspection.
-mon capitaine, d'après nos renseignements, le Gotland ne devrait pas se trouver dans cette z...
A ce moment, un obus de 150mm percuta la passerelle du navire,tuant tous ses occupants.
Avant qu'il n'ait pu répliquer, d'autres obus frappèrent le croiseur, mettant hors de combat les deux tourelles avant.
Puis, c'est une torpille qui le frappa en son centre.
Les deux navires se croisèrent à quelques centaines de mètres, et l'artillerie de 102mm du croiseur obtint plusieurs coups au but qui allaient sceller le destin de son adversaire.
La tourelle arrière de l'Arethusa se joignit enfin au tir, mais, ses obus perforants n'étaient pas les plus efficaces contre une cible non blindée.
Finalement, après cet échange de tirs meurtriers, le croiseur disparut dans la nuit, laissant le "cargo" en proie à un violent incendie.

L'équipage du "cargo" , qui était en fait le corsaire Atlantis, ne put rien pour sauver son bâtiment.
Les survivants furent recueillis le lendemain par des navires alliés.
Par contre, on n'eut plus aucune nouvelle de l'Arethusa.

Trois jours plus tard, on retrouva un canot du navire criblé de balles de mitrailleuses.

Une commission d'enquête révéla que le croiseur n'avait pas été informé de la présence possible d'un navire allemand dans le secteur.
Par ailleurs, l'équipage de l'Atlantis fut mis hors de cause pour le mitraillage supposé des survivants du croiseur.
Bien plus tard, on apprit que le U-48 se trouvait dans la zone du combat et qu'il était fort possible qu'il fut à l'origine de ce forfait.
Mais, comme lui-même fut envoyé par le fond deux jours après cet événement, le mystère demeura entier.

Toujours est-il que cette catastrophe de la perte d'un navire de guerre, perdu sans aucun survivant, choqua profondément la population britannique.

Toujours le même régal à te lire

Je me joins à PéDéGé !!...

on attend toujours la suite avec la même impatience !!


Pascal

Ah ben, idem pour moi, bien sûr.

Quel plaisir !

Atchao

Laurent

Norvège

Quand Von Falkenhorst fut avisé de sa promotion au grade de Maréchal, cela ne lui procura qu'un plaisir mitigé.
Il savait que la Norvège était perdue à plus ou moins brève échéance, les forces alliées approchant de Raufos et Lena.
Ses hommes faisaient ce qu'ils pouvaient pour les ralentir, mais rien ne pouvait renverser la situation, d'autant que les renforts gisaient pour la plupart au fond de l'eau.
La Kriegsmarine l'avait averti qu'au rythme des pertes qu'elle subissait,elle aurait du mal à continuer à acheminer hommes et matériels.
Du côté de la Luftwaffe, c'était le même son de cloche; les escadrilles de Ju52 avaient subi des pertes énormes et difficilement compensables.
Seuls quelques hydravions parvenaient encore à passer entre les mailles du filet, mais leur charge était trop réduite.
Les navires, sous-marins, mines et avions des alliés prélevaient un lourd tribut.
De plus, toutes les nuits, le Bomber Command envoyait ses lourds sur le grand aérodrome d'Aalborg, au Danemark, compliquant un peu plus les choses.
Von Falkenhorst savait très bien ce que signifiait sa promotion, "vaincre ou mourir"avait dit le Führer,
par les armes et, en dernier ressort...par le suicide !

Bergen-Mort d'un géant

Le major Beckham, du Royal Field Artillery, faisait de grands moulinets avec son bras droit ( le gauche étant resté, quelque part, dans la Somme, en 1917 ) tellement il était furieux.
Après avoir difficilement emmené les obusiers sur une position qu'il jugeait adéquate, on s'aperçut que pour l'un d'entre eux, une pièce manquait pour assurer sa fixation sur le socle.
Sa rage ne connut plus de bornes quand, en ouvrant les caisses de munitions, on découvrit que les deux tiers étaient des obus explosifs et non des perforants !
Il se promit de châtier les coupables d'une telle négligence, dès son retour en Angleterre.

D'autres que lui n'étaient pas contents; c'étaient les deux aviateurs d'un Walrus à qui on avait affirmé que le cuirassé avait sûrement été évacué, et dont l'avion se fit cueillir par la Flak du navire.
Heureusement pour eux, ils purent amerrir sans encombre et furent recueilli avant que l'hydravion ne sombre.

C'est pourquoi, l'équipage d'un second Walrus se le tint pour dit et resta à une distance respectable, lui permettant toutefois de diriger le tir.

Pendant ce temps, les hommes du Scharnhorst avaient réussi, outre quelques pièces de DCA, à remettre en action une tourelle double de 150mm, qui donnait du côté d'où venait le danger.
Par ailleurs, le petit navire atelier Saar était mouillé le long des flancs du navire, ce qui allait avoir des conséquences malheureuses pour lui.

Les premiers tirs se firent aux explosifs, et trois ou quatre coups au but furent observés, sans grand résultat apparent, sauf pour les servants de pièces de Flak, qui, cette fois-ci, durent se résoudre à évacuer.
A son sixième tir, la pièce la plus à gauche, celle qui était mal fixée, quitta son emplacement et glissa lentement au fond d'un ravin. ( elle s'y trouvait toujours lorsqu'en 1994, elle en fut extirpée, non sans mal. Elle trône maintenant à l'entrée du musée de Bergen consacré à cet événement ).

Le Major Beckham, excédé, était résolu à en finir et passa donc aux perforants.

Pendant tout ce temps, le cuirassé ripostait avec ses 150, mais, comme la batterie anglaise était située à contre-pente, il ne pouvait pas la toucher.

Trois obus perforants frappèrent le cuirassé dans ses superstructures, là aussi sans résultat tangible.

Un obus qui ne lui était pas destiné frappa le Saar, déclenchant un incendie qui devint vite incontrôlable et qui se propagea sur le cuirassé.
La fin était proche.
Elle fut apocalyptique...
Un obus atterrit pile entre les deux tourelles avant, à l'endroit même où une bombe avait déjà occasionné des dégâts; les munitions n'avaient sans doute pas pu être évacuées car il s'ensuivit une titanesque explosion, qui, aux dires des témoins, fit se soulever l'avant du navire d'une bonne dizaine de mètres !
La détonation fut perçue jusqu'à Oslo !
Quand le nuage de fumée et de débris, qui s'était élevé à plus de cent mètres, commença à se dissiper, on s'aperçut que la tourelle Anton avait disparu à la vue, et que la tourelle Bruno était sortie de son encorbellement.
Quant'au navire, il était bel et bien coupé en deux, et en proie à un violent incendie causé par l'infortuné Saar.

Pour faire bonne mesure, on tira encore une dizaine d'obus, puis, le calme revint.

( Le Scharnhorst, du moins ce qu'il en restait, demeura sur site, son épave attirant de nombreux visiteurs, jusqu'à ce qu'il fut vendu aux ferrailleurs dans les années cinquante )

G.Q.G. Saacy-sur-Marne

-mon général, le général Billotte à l'appareil...

-Billotte ?
-c'est parti, mon général...c'est bien une offensive de grand style ! D'après les premiers rapports, l'attaque de nos aérodromes n'a pas eu le succès escompté.
-le général George en a été avisé ?
-bien sûr, mon général...il sollicite l'envoi du 23ème CA à la 1re armée...
-on ne déplace pas un corps d'armée d'un coup de baguette magique !
-bien sûr, mon général.
-Billotte, je transfère mon état-major à la Ferté-sous-Jouarre...une fois installé, c'est moi qui prend la main !
-mon général, permettez-moi de vous faire remarquer qu'en pleine offensive allemande, c'est risqué et ça peut créer du désordre...
-je sais Billotte; c'est vous qui êtes à la barre jusqu'à la fin du transfert !
-heu..bien, mon général.


-mon général...
-oui, Lagarde ?
-pardonnez-moi, mais je crois que le général Billotte a des raisons d'être inquiet...
-j'aurais dû prendre cette décision plus tôt; George est toujours affaibli par les blessures reçues à Marseille...la pression risque d'être trop forte pour lui...organisez le déménagement sans plus tarder !
-bien, mon général.
-au fait, mon missi dominici, où est-il en ce moment ?
-le capitaine Leclerc ?
-oui, c'est ça...
-aux dernières nouvelles , il était auprès du général De Gaulle...
-parfait, ils devraient bien s'entendre, ces deux-là !

Le général Billotte n'avait pas apprécié la conversation avec le généralissime.
Ce déménagement en pleine offensive était de la folie; mais il devait obéir.
Il était très proche du général George, et cette situation inconfortable le mettait mal à l'aise.
Heureusement, il allait avoir de quoi s'occuper et penser à autre chose.

23. AK général-Von Chappuis

Jusqu'à présent, ce descendant de huguenots était plutôt serein, son front se limitant à quelques activités de patrouille.
C'était tant mieux, car avec la Meuse dans le dos, la situation pouvait devenir délicate en cas d'offensive française.
Son dispositif s'articulait autour du village de Yoncq, et il se disait que les français étaient suffisamment occupés sur sa droite à tenir Stonne.
Quand les obus de l'artillerie française s'abattirent sur ses premières lignes, il comprit que sa relative tranquillité venait de prendre fin.

Groupe Riquier

-André, ça y est, on ouvre le bal !
-prêts, mon capitaine !
-on suit le plan de feu; on envoie les parpaings dans le carreau H 26...
-fusants ou percutants, mon capitaine ?
-percutants...apparemment, on saupoudre des blindés.
-mon capitaine, notre dotation en munition est un peu juste...
-je sais,André, mais les ordres sont clairs; c'est cette bataille qu'il faut gagner, pas la suivante; alors, on envoie tout ce qu'on a...pas question d'économiser les munitions.
-je crois que les gars de la 32 vont apprécier notre participation !


G.C. III/8

-Labussière !
-mon colonel ?
-nous avons reçu de nouveaux ordres...le groupe doit intervenir contre les troupes au sol...
-mais nos zincs ne sont pas équipés pour emporter des bombes ?
-je sais, mais il s'agira de mitrailler les colonnes de ravitaillement allemandes, en appui des groupes sur Bréguet.
-les hommes n'ont pas été entrainés à ça; notre spécialité à nous, ce sont leurs bombardiers...
-oui, et vous avez fait du sacré bon travail, je dois le reconnaître...mais les ordres sont les ordres...et puis je pense que leur train logistique est moins bien pourvu en D.C.A. que leurs unités blindées...cette sacoche renferme vos plans de vol...avec exécution dans les meilleurs délais, leur offensive a commencé.
-on s'en doutait; on arrive à entendre le bruit de la canonnade malgré la distance...je briefe les hommes et nous y allons mon colonel.
-Labussière...
-mon colonel...
-je sais que nos rapports n'ont pas toujours été au beau fixe...mais...heu...tâchez de revenir...
-à vos ordres, mon colonel !

Panzergruppe Hoepner

Les blindés n'avaient pas encore commencé leur avance, qu'un violent bombardement s'abattit sur eux.
Visiblement, l'effet de surprise n'était pas en leur faveur.
L'artillerie allemande entreprit de les soutenir du mieux qu'elle pouvait, mais les canons français, beaucoup plus nombreux, ne furent pas réduits au silence.
Les pertes étaient déjà conséquentes lorsque les premiers d'entre eux pénétrèrent dans les champs de mines.
Les quelques espaces laissés libres intentionnellement par les français étaient battus par des pièces antichars de 25, 47 et 75mmm.

3ème CA La Laurencie

On savait exactement à quelle heure l'attaque allemande allait se déclencher ( là-aussi, les historiens sont partagés entre espionnage, interrogatoire de prisonniers et décryptage des communications ).
Aussi, il avait été décidé qu'un tir de barrage serait déclenché une heure avant le début des hostilités.
Plus que les pertes infligées, on comptait beaucoup sur son effet moral, ce qui fut effectivement le cas.
Les champs de mines, bien que jugés pas assez conséquents, jouèrent bien leur rôle de retardateur.
Leurs intervalles, qu'on avait baptisés "couloirs de la mort", truffés de pièces antichars, furent rapidement encombrés de carcasses fumantes.

Toutefois, les blindés allemands revenaient sans cesse à la charge, malgré les pertes.

32ème D.I. - Général Lucas

-situation ?
-notre ligne de défense tient...nous avons des pertes significatives pour les pièces antichars, mais elles font du bon travail.
-on a pu identifier à qui nous avons affaire ?
-il s'agit de leur première panzer-division...mais il semblerait qu'elle soit suivie par une autre qui la suit de près...ce qui est sûr, c'est que notre artillerie matraque durement ces embouteillages.
-et les deux bataillons de mitrailleurs qui nous ont été alloués ?
-ils sont placés dans notre deuxième ligne, avec notre bataillon de réserve.
-nos flancs ?
-la 14ème D.I. et la 2ème D.I.N.A. tiennent le choc...elles-aussi remarquent que notre artillerie coupe leurs blindés du soutien de leur infanterie.
-tant qu'il en sera ainsi, nous aurons de grandes chances de tenir.
-espérons-le, mais son stock de munitions n'est pas inépuisable...

19.A.K.- général Kirchner

-Funck ( 1.Pz.D. ), où en est la progression ???
-nous nous heurtons à des champs de mines et à des barrages antichars...les français ont bien fortifié leurs positions...
-mais vous n'avez que de l'infanterie devant vous !!!
-oui, mais leur artillerie lourde cloue nos schützen sur place ! Mes panzers avancent à l'aveugle et se font massacrer !!!
-Funck ! Ressaisissez-vous ! Il faut à tout prix percer leurs défenses ! Fischer ( 10. Pz.D. ) peut vous appuyer !
-impossible, faute d'espace suffisant, sa division ne peut pas se déployer, et elle se fait matraquer sans pouvoir....

l'échange radio fut interrompu à ce moment-là, quand un obus de 155mm tomba juste côté du char de commandement du général Funck, qui fut ainsi le premier général mort au cours de cette bataille; ce ne devait pas être le dernier...

merci Hagen pour ce feuilleton uchronique haletant.
suspence!!!!!
claude

Tout à fait !!...
on halète !!!

Pascal

23. A.K. - Général Raschick

-mettez-moi en liaison avec le général Bush !
...../.....
-que se passe t-il Raschick ?
-nous subissons une violente préparation d'artillerie; je crois que nous allons devoir faire face à une offensive de grand style !
-calmez-vous, Raschick, il ne s'agit certainement que d'une tentative de diversion de la part des français pour nous détourner de notre offensive en Belgique...
-je comprends, mon général, mais si j'étais à leur place, je chercherais à m'emparer du village de Yoncq, ce qui mettrait en danger nos forces à notre droite, dans le secteur de Stonne...peut-on espérer du soutien de l'armée ?
-notre corps de réserve est en route pour soutenir notre grande offensive...reprenez vos esprits, Raschick, et tenez fermement votre secteur !
-bien, mon général !
...../.....
-qu'a dit le général Busch ?
-nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes ! Pour lui, ce n'est qu'une diversion !!!
...../.....
-mon général...
-oui ?
-le général Loch nous informe que sa division ( 17.I.D. ) fait l'objet d'une attaque en règle...nous en avisons la 16.Armee ?
-à quoi bon ?!! Puisqu'il ne s'agirait que d'une "diversion" !!! Il faut tenir Yoncq à tout prix !

G.C. III/8

Labussière avait préféré abandonner son Bloch 157 au profit d'un 155, dont les quatre canons de 20mm étaient plus adaptés pour la mission en cours.

-Will, on a un groupe de Do 17 au dessus de nous, dans nos quatre heures...
-je sais, mais pour les bombardiers on verra plus tard...aujourd'hui, on chasse tout ce qui roule !
-n'empêche, on aurait pu faire un sacré carton !

Les onze Blochs volaient au raz du sol, et, au bout de quelques minutes, sans avoir été repérés, ils effectuèrent un virage à 180°, pour attaquer par l'arrière les colonnes de ravitaillement.

-Will, ils ont déjà les Bréguets sur le dos !

Effectivement, de la fumée et des flammes, s'élevaient par endroits sur la route; il vit un des Bréguets, mortellement touché par la FLAK, effectuer une chandelle puis repiquer vers le sol pour s'écraser sur un groupe d'automitrailleuses.
Deux autres quittaient les lieux en laissant échapper un épais nuage de fumée.
Leurs chances de rejoindre leur base semblait compromise.
( en fait, quatre avaient été abattus, et les deux endommagés furent achevés par des Me 109 ).
Labussière repensa brièvement à ce que lui avait dit un des pilotes des groupes d'assaut : " nous devons attaquer en rase-mottes, et on nous donne des avions dont les moteurs donnent leur pleine puissance à 4000m ! ".
Il se recentra bien vite sur son objectif.
L'attaque fut dévastatrice sur les véhicules non blindés.
Il eut le temps de voir des hommes courant en tout sens pour s'échapper du brasier qui consumait nombres d'épaves en flammes.
Puis, les onze Blochs reprirent le chemin du retour, avec seulement quelques trous dans les ailes et le fuselage.
Labussière était néanmoins bien conscient que sans le sacrifice des Bréguets, ils ne s'en seraient pas tirés à si bon compte.
A mi-chemin, ils tombèrent sur deux Hs 126 en mission de reconnaissance des positions françaises.
L'exécution fut rondement menée, avec en prime le sentiment d'avoir quelque peu vengé les équipages du groupe d'assaut ( G.B.A. I/54 ).

16.Armee-Général Busch

-mon général, le VII. A.K. en ligne...
-passez-le moi !
-----------------------------------------
-Von Schobert, de bonnes nouvelles, j'espère !!!
-hélas non, mon général; la 26.I.D. est sur le point d'être tournée; la 68.I.D. recule sur Sedan...si Wadelincourt tombe, nos hommes seront pris dans une nasse !
-que préconisez-vous ?
-un repli derrière la Meuse tant qu'il est encore temps !
-un repli ??!!Vous n'y pensez pas, Von Schobert ! C'est hors de question ! Tenez vos positions !
-peut-on au moins espérer un renfort ?
-un renfort ??? Raschick aussi veut du renfort ! Allez donc en réclamer à ceux qui ont envoyé notre corps de réserve en Belgique !!! En attendant contre-attaquez partout où c'est possible !
----------------------------------------------
-qu'a dit le général Busch ?
-on ne compte que sur nous-même, et nous avons ordre de contre-attaquer...
-contre-attaquer ??? Mais avec quoi, nous n'avons même plus un seul bataillon en réserve !
-je sais, mais nous devons au moins tenir Wadelincourt le plus longtemps possible...

16.Armee-Général Busch
-mon général...
-quoi encore ?
-un message du 23.A.K....
-que dit-il ?
-Yoncq est aux mains des français...

Le visage du général devint tout pâle.
Il voyait la catastrophe se dessiner, avec les troupes devant Stonne prises dans un étau.
Pourtant, ce n'était pas dans ce secteur qu'elle allait se déclencher...

Norvège

Von Falkenhorst, nouveau maréchal, se rendait bien compte que la situation était sans issue.
Les maigres renforts qui lui arrivaient, au prix de pertes énormes, ne suffisaient pas à changer le cours inévitable des choses.
D'autant que, le Scharnhorst étant détruit, les troupes alliées qui se dirigeaient vers Bergen, progressaient maintenant vers Oslo, accentuant un peu plus la disproportion des forces.
Ne voulant pas sacrifier ses dernières troupes pour rien, il envoya un message à l'O.K.H., demandant la permission de capituler " dans des conditions honorables "...
La colère de Hitler fit trembler les murs de la chancellerie.
La réponse fut très courte: " la victoire ou la mort ! "

G.A.1-Général Billotte

-mon général, un message de Lord Gort...
-que dit-il ?
-le corps du général Barker est en difficultés...il se pourrait qu'il soit obligé d'ordonner un repli...
-un repli ??? Mais c'est toute la gauche de la première armée qui se trouverait en l'air !!! C'est hors de question!...trouvez-moi un véhicule, je dois me rendre à son P.C. de toute urgence !
-----------------------------------------------------------
La 11CV roulait à vive allure, lorsqu'un camion qui la précédait perdit une partie de son chargement.
Le chauffeur du général entreprit une manoeuvre d'évitement désespérée, qui se termina par un choc violent dans le fossé.
Le général Billotte, gravement blessé, mourut moins d'une heure plus tard.

A ce moment, avec le généralissime sur les routes, le général Georges affaibli et le général Billotte mort, le haut commandement français se trouvait dans l'incapacité d'assurer pleinement ses fonctions, alors que, sur le terrain, la situation devenait de plus en plus critique.

G.C. III/8

-les gars sont fatigués, Will...
-je le sais bien, mais nous avons ordre de remettre ça...les groupes sur Bréguet sont exsangues...
-jusqu'à présent, nous nous en sommes plutôt bien sortis, mais ça pourrait ne pas durer...
--------------------------------------------------------
Labussière était en troisième position; il eut le temps de voir le Bloch de Kirchstein perdre une aile, tourbillonner, puis s'écraser au bord de la route.
Puis ce fut au tour de Leroy, dont l'avion laissait échapper un panache de fumée noire, mais qui réussit à s'éloigner du champ de bataille.
Toutefois, ils avaient fait du bon travail, car la FLAK était moins dense quand Labussière amorça son attaque.
Il distingua, au milieu des flammes et de la fumée, un véhicule à roue, bardée d'antennes radio.
Les quatre canons de 20mm crachèrent leur venin mortel sur cette cible.
Il eut le temps de la voir faire une embardée et de se retourner en flammes.
Il ne le sut que beaucoup plus tard, mais le général Reinhardt, commandant le 41. AK. faisait partie des victimes.
----------------------------------------------------------
Lorsqu'il regagna le terrain, on lui apprit que Leroy n'était pas rentré ( il devait rejoindre le groupe deux jours plus tard ), que deux autres pilotes étaient blessés, avec deux avions perdus et six autres endommagés, dont deux à plus de 10%.
Encore deux ou trois missions, et, à ce train là, toute l'escadrille aura disparu, pensa-t'il.

Groupement Buisson-aile gauche

Les SOMUA de la 7ème D.L.M. avaient presque réussi à contourner le village.

-il faut les empêcher de se replier derrière la Meuse.
-la 6ème D.I. les talonne, mais nos chars sont au bord de la panne sèche !
-et à notre droite ?
-il semble que Wadelincourt ait été pris par la 6ème D.I.N.A., mais les chars B de la 3ème D.C.R. tombent en panne les uns après les autres...
-je crains que nous ne puissions pas traverser la Meuse...
-sans le matériel du génie, c'était de toute façon mission impossible.

26. I.D. Von Förster[b]

-il faut évacuer le village et nous replier en bon ordre !
-mon général, sauf votre respect, avec les chars français sur nos arrières ???
-verdammte scheisse ! Vous croyez que je l'ignore ??!! Transmettez l'ordre de repli à nos régiments.
-sans en référer au VII. A.K. ?
-il s'agit de sauver le plus grand nombre d'hommes de notre division...alors exécution, il n'y a plus un instant à perdre !

[b]Wadelincourt

En fait le village n'était pas encore complètement aux mains des français, car, ça et là, quelques poches de résistance subsistaient encore.
La 68. I.D. du général Braun faisait tout son possible pour retarder l'inéluctable.
-mettez-moi en liaison avec le VII. A.K....
---------------------------------------------
-mon général, nous n'allons plus tenir encore longtemps...mes hommes sont à bout ! Je demande l'autorisation de me replier...
-il faut que j'en réfère à la 16.Armee...attendez mes instructions !
---------------------------------------------
-vous voyez, Hans, on va me taxer de pessimisme, mais je crois que ma division aura disparu avant que nous ne parvienne la réponse...
---------------------------------------------

A ce moment de la bataille, si les 82ème D.I.A. et 11ème D.I. étaient repassées à l'offensive, tout un corps d'armée adverse aurait pu être anéanti.
Mais les hommes de ces deux divisions étaient épuisés après plusieurs jours de combats intensifs; aussi, s'ils avancèrent, c'était trop lentement pour empêcher le repli en bon ordre des 36. et 52 I.D..
Pour une fois, personne ne songea à le leur reprocher.

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On ne sait pas qui, ou quoi, déclencha la panique.
Mais la nouvelle qu'il ne restait plus qu'un seul pont disponible sur la Meuse, déclencha un sauve qui peut quasi général.
Quelques gradés tentèrent bien de s'opposer au reflux, mais ils furent balayés par le flot de fuyards; certains y laissant leur vie.
Von Förster, blessé, fut un des derniers à franchir le pont, avant que celui-ci ne s'écroule, victime d'un obus français.

Témoignage du leutnant Hegelberg-26. I.D.

" Le mouvement de repli, bien coordonné au début, se transforma bien vite en une course éperdue, où le chacun pour soi était la règle.
Nous entendions le bruit des chenilles des chars français dans notre dos, et ça augmentait encore la panique !
Je ne sais pas pourquoi, ils ne nous ont pas poursuivis jusqu'au pont ? ( En fait, ils n'avaient plus de carburant ).
Par contre, leur artillerie nous a bombardés jusqu'au fleuve !
C'était horrible...chaque coup frappait au milieu de grappes d'hommes !
Je me souviens qu'un obus d'artillerie lourde, sans doute du 280, ( plus certainement du 305 ), est tombé à une trentaine de mètres devant moi...j'ai été projeté à terre par le souffle, et recouvert d'une pluie de débris humains et de sang...
Pendant trois jours, mon uniforme est resté imprégné de l'odeur !
Dix ans après, j'en fait encore des cauchemars..."