UCHRONIE SEDAN 1940

nuit du 18 au 19 juin-Bergen


  Cette nuit-là, le Bomber-Command remet le couvert avec 62 bombardiers lourds.
  La Flak et une mauvaise météo causeront de nouveau la perte de 7 appareils.
  Les résultats ne furent pas, une fois de plus, à la hauteur des espérances.
  Une bombe pulvérisa ce qu'il restait de l'UJ 201, et le Scharnhorst, quant'à lui, n'encaissa qu'une bombe, mais qui tomba pile entre les tourelles Anton et Bruno, les mettant toutes deux hors service.
  La tourelle Caesar étant inutilisable depuis l'attaque de la Minerve, c'est toute l'artillerie principale du croiseur de bataille qui était désormais muette, et impossible à réparer avec les moyens du bord.
  C'est pourquoi, un navire atelier quitta le port de Kiel pour rallier Bergen et essayer de réparer ce qui pouvait l'être.
  Par une heureuse coïncidence, le sous-marin mouilleur de mines Rubis quittait Blith pour la même destination.
  Le Bomber-Command estima que ce n'était plus la peine de poursuivre ces raids meurtriers, d'autant que les bombes avaient prélevé leur tribut sur la population civile de la ville.

                           G.Q.G. Saacy-sur-Marne  


 -un message du général Audet...
 -que dit-il ?
 -les norvégiens de la 5ème division reconstituée vont passer à l'offensive dans la vallée du Dombas...prochain objectif : Lillehammer.
 -parfait...c'est tout ?
 -non, mon général...le général Audet indique que compte-tenu des effectifs et de la nature du terrain, le C.E.F.S. peut se passer d'une division...il propose de faire rapatrier en métropole la 1re D.L.Ch....
 -c'est bien la première fois qu'un général indique qu'il a trop d'effectifs ! Répondez-lui que sa proposition est acceptée et que cette division formera l'ossature de la future 40ème D.I....Avisez l'Amiral Darlan d'avoir à organiser le transfert.

                                       Vallée du Dombas


 -les préparatifs de défense avancent ?
 -les hommes font ce qu'ils peuvent, mon colonel, même les blessés légers...sans oublier les aviateurs survivants...
 -côté ravitaillement ?
 -nous pouvons tenir deux jours, en rationnant.
 -bien...au niveau matériels ?
 -à part les armes individuelles, nous avons pu récupérer 4 MG34 et deux Panzerbüsche...
 -aucun mortier ?
 -non, mon colonel...
 -et leurs obus ?
 -nous en avons récupéré une quarantaine qui pourraient nous servir comme champ de mines improvisé...
 -bonne idée...les épaves nous serviront de points d'appuis...dans la mesure du possible, que les hommes essaient de dormir quelques heures...demain, la journée va être chaude.

Toujours aussi haletant !
Encore !
Atchao
Laurent

19 juin


                                        G.C.III/8


 -mon adjudant, content de vous revoir !
 -moi aussi, Charles...et notre escadrille ?
 -les gars ont encore fait du bon boulot hier...ils sont tombés sur une formation de Stukas, sans escorte !??...ils en ont envoyé sept au tapis pour la plus grande joie des fantassins qui ont assisté au spectacle !
 -pas de pertes ?
 -quelques trous dans les carlingues et c'est tout...
 -parfait !
 -l'escadrille a préparé une petite fête pour votre retour...mais avant ça, j'ai une surprise pour vous !
 -pas des galons d'officier, j'espère !!??
 -la surprise est là, devant vous...
 -quoi, ce zinc ?
 -oui, c'est le nouveau Bloch...
 -on dirait qu'il en a sous le capot moteur ?
 -effectivement, un GR14R4 de 1700 cv avec turbo-compresseurs !
 -ouch ! Il file à combien ?
 -tout équipé, il dépasse allègrement les 600 km/h...
 -formidable...mais nous en avons combien comme ça ?
 -heu...un...celui-là...
 -c'est regrettable !
 -avant de lancer la production, les huiles voudraient qu'on le teste en combat...et ils ont pensé à vous...
 -quel honneur...et côté armement ?
 -2 canons de 20mm et 4 mitrailleuses de 7,5mm.
 -j'aurais préféré 4 canons, mais bon, on fera avec...

                                               Groupe Riquier-155mm GPFT


 -Riquier...
 -mon colonel ?
 -le régiment fait mouvement...
 -quelle direction ?
 -vous vous placerez en soutien sur les arrières de la 14ème D.I.; vous allez avoir du boulot ! 
 -des questions ?
 -non, mais une demande, si vous permettez...notre dotation en obus est un peu juste...
 -je sais...c'est le cas pour toute notre artillerie lourde...si nécessaire, nous puiserons dans des unités moins exposées...et puis bientôt nous devrions pouvoir compter sur des munitions acheminées d'Amérique...ne perdez pas de temps...vos hommes se sont familiarisés avec ce nouveau matériel ?
 -ils sont 100% opérationnels mon colonel !
 -tant mieux...nous nous reverrons sur place Riquier...bonne route !
 -merci, mon colonel.

 -les gars, on déménage !
 -encore ?!!!
 -oui, et cette fois-ci on s'installe et on ne bouge plus !

toujours aussi excellent à lire

NORVEGE


   "  Les paras perdus de la vallée du Dombas "


-avez-vous pu obtenir une liaison ?
-très difficilement...je suis désolé...toutes les tentatives de ravitaillement par voie des airs ont échoué...c'est comme si nos adversaires lisaient par dessus notre épaule !
-bien...il va falloir tenir avec ce que l'on a...nous ne devrions pas tarder à être attaq...

 L'explosion d'un obus coupa court à la conversation.

-ils ont de l'artillerie en plus ! Tout le monde à couvert !

 L'artillerie alliée se concentra principalement sur les carcasses d'avions, avant d'arroser systématiquement tout ce qui pouvait ressembler à un abri.
 Pendant ce temps, une centaine de skieurs, choisis parmi les plus chevronnés, entamait une manoeuvre de débordement de la position des paras.

-le colonel est touché !
 
 Les pertes s'accumulaient sans possibilité de riposte, jusqu'à ce que l'infanterie norvégienne entre en scène.
 Des homme tombaient sous le feu des MG 34, mais ils progressaient toujours, certains parvenant au corps à corps.
 Et puis ce fut le coup de grâce lorsqu'un bruit de chenilles se fit entendre et que les 10 H39 de la 342ème C.A.C.C. firent leur apparition, traversèrent le champs de mines improvisé, sans autre dommage que deux engins déchenillés.

-les panzerbüsche sont sans effet sur eux, il faut attaquer ces chars à la grenade !

 Les courageux qui s'y essayèrent furent abattus par les Reibel des blindés.

-le colonel est inconscient ! Nous sommes tournés !

 Il vient un moment où le soldat le plus courageux atteint sa limite, et là, c'en était trop.
 Pratiquement à court de munitions, et, comprenant que toute résistance était vaine, les paras cessèrent le combat.
 Les prisonniers furent bien traités, mais il fallut protéger les quelques aviateurs survivants de l'ire des norvégiens, qui ne pardonnaient pas à la Luftwaffe d'avoir réduit la ville de Namsos en cendres, le 19 avril.
 Ceci étant, les alliés venaient de s'ouvrir la route de Lillehammer, dernier obstacle d'importance avant Oslo.

                                         Les éclats du Rubis


 Le CC Cabanier n'en croyait pas ses yeux; pas un seul patrouilleur en vue devant Bergen !
 En fait, les patrouilleurs, de même que quelques hydravions, étaient à la poursuite du sous-marin anglais Parthian qui venait de torpiller un cargo.
 ( Le Parthian, secoué s'en sortira sans dommage ).

 Profitant de l'occasion, il mouilla ses 32 mines en toute tranquillité.
 Ceci fait, et ayant commencé à prendre la direction du retour, il jeta un dernier coup d'oeil au périscope.
 Surprise !
 Un convoi allemand arrivait droit sur ses "oeufs", inconscient du danger.
 Le premier à toucher une mine fut le räumboot R 18, qui fut littéralement pulvérisé; puis ce fut le tour, en succession rapide, du navire atelier Elbe, du pétrolier Giuliana, et du remorqueur Titanic.
 L'Elbe fut le seul à rester à flot, et à réussir à entrer dans le fjord.
 Malheureusement, il dut s'échouer pour ne pas couler, et du côté opposé au Scharnhorst, ce qui n'allait pas faciliter l'assistance au croiseur de bataille.
 
 Pendant ce temps, le ravitailleur Bauer, comprenant la menace, fit un grand crochet sur babord qui le conduisit droit sur le Rubis.
 L'occasion était trop belle et deux torpilles partirent en sa direction.

 Le CC Cabanier ne pouvait pas savoir que le navire transportait des munitions; aussi, quand les deux engins firent mouche, l'explosion fut titanesque !

 Le sous-marin fut secoué comme par de gigantesques mains invisibles.

 Plusieurs hommes furent blessés.
 Les avaries, sans être très graves, étaient nombreuses.

 -mon capitaine, on ne pourra pas rester en plongée longtemps...

 Le chemin du retour promettait d'être long...et dangereux !

FRANCE


                  G.Q.G. Saacy-sur-Marne


               " de la difficulté de commander une coalition... "


 -des nouvelles de nos amis anglais ?
 -oui, plusieurs; tout d'abord ils insistent pour que nous leur envoyons des chars B dans les meilleurs délais...
 -ils s'imaginent quoi ??? Que je vais en pondre !!! ( certains historiens affirment que le généralissime n'aurait pas utilisé le terme " pondre" , mais un terme moins académique...) Dites-leur que les prochaines sorties seront pour eux...ça les fera patienter...quoi d'autre ?
 -ils souhaitent récupérer leur 51ème division qui se trouve sur la ligne Maginot...
 -c'est bon, occupez-vous du transfert...c'est tout ?
 -non...ils souhaitent obtenir le commandement des forces engagées en Norvège...
 -transmettez au général Audet qu'il aura sans doute à se placer sous les ordres des anglais, si tant est que les norvégiens soient d'accord...A t-on une idée de ce qu'ils mijotent ?
 -ils viseraient Bergen plutôt que Lillehammer...
 -toujours obsédés par ce satané cuirassé ! Ils continuent à le bombarder ?
 -non; leurs bombardiers lourds interviennent sur Fornebu en Norvège et Aalborg au Danemark.
 -ils seraient bien plus utiles sur des objectifs en Belgique ! Je vais encore essayer une démarche en ce sens, mais sans trop y croire...

                                            P.A.L.
                        
                     "pas un morceau de territoire..."


 -les gros ouvrages de la ligne Maginot  ( S.F. de la Crusnes ) se trouvaient en arrière de la ville de Longwy et de son bassin minier, à cause de contraintes géographiques.
  La ville était dans la zone de la IIIème armée du général Condé.
  Celui-ci estima que pas un morceau de territoire français ne devait être abandonné à l'ennemi sans combat.
  Aussi, dès la déclaration de guerre, il entreprit, avec la bénédiction du G.Q.G., de créer une position fortifiée dans le secteur.
  C'est ainsi que naquit la P.A.L. : Position Avancée de Longwy.
  Au 10 mai, elle n'était pas achevée, mais les événements du Luxembourg et de Sedan firent qu'elle ne fut pas inquiétée.
  Elle s'étendait sur 15 km de front, et était occupée par la 58ème D.I. du général Perraud, assistée par le 139ème R.I.F..
  A quelques jours de l'attaque, un fossé antichar avait été achevé, ainsi que 25 casemates, dont 8 avec un canon de 75mm, sans oublier une dizaine de "maisons fortes " .
  Estimant les effectifs insuffisants, on racla les fonds de tiroir pour étoffer la position.
  C'est ainsi qu'arrivèrent successivement le 601ème G.I.A., le 5ème R.E.I., le 3ème B.I.L.A., le corps franc "P", et le 54ème R.A..

  Le général Condé avait, parmi ses subalternes, le commandant Dumas ( que tout le monde surnommait Alex ), qui n'avait pas son pareil pour dénicher du matériel qui dormaient dans les dépôts, ou n'avait pas encore été livré à leur destinataire ( les mauvaises langues affirmant que le commandant avait procédé à quelques détournements sauvages ).
  C'est ainsi que, entre autres, 300 pm Thompson, une centaine de mitrailleuses St-Etienne ( périmées, certes, mais en état de marche ) et une dizaine de lance-flammes se retrouvèrent par magie sur la position.
  
  Mais le plus remarquable, fut l'acquisition des 8 chars F.C.M. 2C du 51ème B.C.C., dont les équipages étaient partis se transformer sur B1 ter.
  Ils furent placés à côté des casemates qui étaient encore inachevées.

  D'aucuns émirent des doutes sur l'amalgame de fantassins, d'artilleurs, de paras, de légionnaires et de " joyeux ".
  Et pourtant l'amalgame se fit, et un écusson au nom de la P.A.L. était en passe d'être distribué aux hommes.
  
 C'est à ceci que le 23. A.K. du général Schubert allait s'attaquer.

Quelque part dans Berlin, à l'abri des regards...et des micros !

-je crains que Himmler n'ait flairé quelque chose...
-si c'était le cas, nous aurions déjà tous été arrêtés !
-sans doute, mais il faut redoubler de prudence et espacer nos réunions...
-des nouvelles des différents fronts ?
-la situation empire en Norvège...ils comptent envoyer la 1.Gebirgs Division en renfort...ce qui ne plait pas du tout à la 12.Armee !
-en effet, que nous importe la Norvège; c'est Lüttich qu'il faut favoriser !
-mais nous avons absolument besoin du fer suédois...abandonner la Norvège c'est supprimer notre approvisionnement pendant les longs mois d'hiver...
-pour l'instant, la Baltique est libre de glaces...
-oui, c'est pourquoi il faut absolument forcer la décision avec notre offensive !
-et du côté des italiens ?
-ils ne bougeront pas tant que les alliés ne seront pas en passe d'être vaincus...ils fournissent même du matériel aux français !
-moi, ce qui m'inquiète, c'est à l'Est...les russes ont encore acheminé une dizaine de divisions...
-ils ont signé un pacte de non-agression avec nous; je pense qu'ils le respecteront...
-je ne partage pas votre optimisme...

Amirauté française

-Amiral, les anglais envisagent une opération d'envergure dans le Skaggerak pour perturber le trafic maritime allemand; et ils sollicitent notre participation...
-à quelle hauteur ?
-3 sous-marins mouilleurs de mines, et les 6 Fantasque...
-rien que ça ! Mais puisqu'ils nous font l'honneur de solliciter notre aide, on ne peut pas se dérober...envoyez un message à l'Amiral-Nord : je donne mon aval a priori , mais je veux être tenu au courant des détails de l'opération.
-si je puis me permettre, Amiral, c'est une opération particulièrement dangereuse...
-en effet...mais nos amis anglais ont envoyé dix destroyers allemands par le fond à Narvik...à nous de montrer maintenant ce que l'on est capable de faire !

" un retour mouvementé "

Dans la baignoire du Rubis, le CC Cabanier était inquiet...Toute plongée était toujours impossible, et on ne pouvait filer à vitesse maximum sans risquer une casse qui aurait compromis les chances de rentrer à bon port.
Lui et son second scrutaient anxieusement le ciel.

-je crois que nous avons un visiteur sur bâbord arrière...

En effet, un hydravion se rapprochait rapidement.

-que les 13,2 se tiennent prêtes ! ( à l'origine, l'armement AA se composait d'une mitrailleuse de 13,2 et d'un jumelage de 7,5; ce dernier avait été remplacé par un jumelage de 13,2 )
-c'est un Do 18...il se tient à distance...j'ai l'impression qu'il nous "renifle "...
-à mon avis, il se contente de signaler notre position...nous allons avoir de la visite...

Une demi-heure plus tard, deux "visiteurs" firent effectivement leur apparition.
-ce sont des He 115...c'est du sérieux...
-ils nous prennent en tenaille !
-commencez à zigzaguer !

Le premier hydravion, fortement dérangé par les mitrailleuses, rata sa passe et ne lâcha pas ses bombes, tout en mitraillant sa cible, mais sans toucher personne.
Le second, bien que sévèrement plombé, réussit son approche et put larguer ses projectiles.
Une des bombes tomba à moins de dix mètres du sous-marin, le secouant fortement, et déclenchant de nouvelles avaries.

-l'autre remet ça !
-cinq appareils en approche sur l'avant !
-cette fois-ci, on est cuit...
-ce sont des british !!!

Cinq Blenheim IF arrivèrent fort opportunément sur les lieux; deux restèrent à hauteur du Rubis, et les trois autres donnèrent la chasse aux hydravions.
Seul le Do 18, qui se tenait à distance respectable, réussit à s'en tirer.

Puis ce fut quatre destroyers britanniques qui encadrèrent le Rubis, et lui servirent d'escorte jusqu'au port, où l'accueil ne fut pas moins enthousiaste que pour la Minerve.

Q.G. Amirauté - Maintenon

-amiral, les ordres ont été donnés; les 8ème D.L.( Malin, Indomptable,Triomphant ), 10ème D.L.( Fantasque, Terrible, Audacieux ) ainsi que les sous-marins Nautilus, Saphir, Turquoise sont en route vers Dundee pour rallier l'opération " Menace "...
-bien, et les réparations sur l'Emile Bertin ?
-elles sont terminées; le navire est opérationnel.
-donnez l'ordre qu'il rejoigne le groupe...montrons à nos amis anglais que la Royale n'est pas avare de ses moyens !...qu'est-ce qu'ils ont l'intention d'engager de leur côté ?
-un cuirassé, un porte-avions, quatre croiseurs, douze destroyers, pour assurer la couverture de l'opération...sans oublier les aéronefs du Coastal Command.
-voyons pour la méditerranée...aucun signe d'agressivité de la part des italiens ?
-non, mais ils se renforcent...le Duilio sera opérationnel en juillet, le Doria en octobre...mais le plus inquiétant ce sont leurs nouveaux cuirassés, Littorio et Vittorio Veneto, peut-être prêts dès le mois d'août ?
-à cette échéance, nous pourrons leur opposer les Richelieu, Dunkerque et Strasbourg...ce n'est pas une marge suffisante...il faut que les anglais maintiennent au moins trois cuirassés en Méditerranée...je m'en ouvrirai à mon homologue de la Royal Navy....des informations pour les porte-avions et croiseurs ?
-ils ont un porte-avions en chantier, mais qui ne devrait pas être opérationnel avant 1943, de même que douze croiseurs, un peu plus gros que nos Mogador.
-au moins, nous avons le Béarn, et nos Joffre, Painlevé devraient être achevés courant 1942...
-le problème est que nous n'avons aucun chasseur embarqué moderne...
-et les 81 Grumann G36 commandés aux U.S.A.?
-nous en aurons une dizaine en juillet, et le reste aux mois d'août-septembre...
-on pourra en doter le Béarn ?
-ce n'est pas certain, car ils n'ont pas les ailes repliables, et le pont d'envol risque d'être un peu court...sans compter qu'il faudra caser aussi les LN-411 ou Vought 156...
-bon, nous verrons le moment venu...d'ores et déjà, il faut à tout prix accélérer la construction du Jean Bart, du De Grasse et des Hardi !
-l'armée de terre et l'aviation sont malheureusement prioritaires...
-je ne le sais que trop...la marine risque d'être sacrifiée...comme en 1914 !

G.Q.G. Saacy-sur-Marne-nuit du 19 au 20 juin[b]

-vous devriez prendre quelques heures de repos, mon général...
-je sais, Lagarde, mais je n'arriverai pas à dormir...les journées qui viennent seront décisives pour l'issue de la campagne...
-quel que soit le résultat, vous aurez fait le maximum...
-l'avenir nous le dira ! Mais même si nous les stoppons, ce sera encore une victoire défensive...on ne gagne pas une guerre avec des victoires défensives !
-nos adversaires ne doivent pas dormir beaucoup, non plus...
-oui, c'est une mince consolation...avisez le général Georges que je veux être averti dès le premier coup de canon !

[b]P.A.L. de Longwy

On terminait l'évacuation des derniers ouvriers qui firent leur travail au fond des mines jusqu'au dernier moment, ce qui était tout à leur honneur.
Deux unités de renfort firent leur apparition : le 52ème B.M.M. et le 25ème G.R.C.A..
Ce dernier allait se retrouver sur l'axe principal de l'attaque allemande, ce que n'apprécièrent guère les cavaliers qui devaient se plaindre qu'on leur ait fait " le coup de l'invité "...

20 juin

" Les choses sérieuses..."

P.C. II/227 R.I.

-mon commandant, nos avant-postes signalent de nombreuses infiltrations dans le bois de Chadelle !
-qui tient le secteur ?
-c'est la 6ème compagnie.

-mon commandant, le III/227 R.I. nous avise que sa 9ème compagnie est violemment attaquée à la ferme Mercy !
-je crois que le G.R.C.A.25 est en route pour les soutenir.

-mon commandant, la 5ème compagnie subit une attaque près de la Redoute !
-ils nous font le coup de l'offensive sans préparation d'artillerie ! Envoyez un message au colonel : les allemands attaquent...

                               P.C. 58ème D.I. - Longwy

-nos renseignements concordent, nous faisons l'objet d'une attaque allemande...
-a t-on une idée de leurs effectifs ?
-au moins deux divisions...sans doute trois...
-faites monter en ligne le II/334 R.I. et le G.R.D.I. 61, avec le 52ème B.M.M. en couverture...avisez en message urgent la IIIème armée : offensive allemande sur la P.A.L., demande renforcements si possible.
-mon commandant, le II/204 R.I. signale que Saulnes est attaqué...ils signalent l'intervention de chars...
-je crois que le choses sérieuses ont commencé...

                                    Fort Jeanne d'Arc-P.C. de la IIIème Armée

-mon général, la P.A.L. est attaquée...ils demandent des renforts...
-l'ampleur de l'offensive ?
-un corps d'armée, apparemment...il y aurait aussi des blindés...
-il me faut plus de renseignements avant que je prenne le risque de dégarnir un autre secteur !
-il y a un atelier de réparation au sud, près de Mexy; des R35 y stationnent, mais je ne sais pas combien sont disponibles...
-qu'ils forment une compagnie de marche et qu'elle rallie la P.A.L....avisez le général Perraud que c'est tout ce que je peux faire pour le moment.

Salle des pilotes II/JG 27

"...pas des sarbacanes ! "

L'atmosphère dans la salle était houleuse, et l'on pouvait même y sentir comme un parfum d'insubordination !

-mon colonel, mon ailier et moi n'avons pas rêvé ??!!
-un Bloch plus rapide que nos 109, c'est impossible !!!
-je regrette, mais c'est ce que nous avons constaté à nos dépends quand nous avons été incapables de le rattraper !
-ressaisissez-vous Von Lütz ! Les "acrobates furtifs ", comme vous les surnommez n'ont aucun avion affichant de telles performances...nos services de renseignement sont formels !
-la prochaine fois, j'inviterai un de ces messieurs dans mon cockpit, pour qu'il puisse vérifier la pertinence de ses renseignements !
-attention Von Lütz, vous frisez l'insubordination !
-toutes mes excuses, mon colonel, mais je maintiens mes affirmations...puis-je ajouter que les "acrobates furtifs" le sont de moins en moins, "furtifs"...leurs formations sont aussi imposantes que les nôtres...alors si en plus ils peuvent mettre en ligne des appareils plus rapides...
-cela suffit ! Le dernier modèle de 109 va bientôt rejoindre nos escadrilles, et il est donné pour 600km/h ! Vous voyez bien que vos craintes sont sans fondement !
-et côté armement ?
-1 canon et deux mitrailleuses concentrés dans le nez...
-1 can...mais c'est une puissance de feu inférieure à n'importe quel chasseur allié ! De plus, une telle disposition ne s'adresse qu'à des pilotes chevronnés...
-encore une critique, Von Lütz, et vous finissez aux arrêts !!!
-une dernière chose, mon colonel, et ce n'est pas une critique, mais un souhait, pouvez-vous faire remonter en haut lieu que nous avons besoin de chasseurs qui soient des fusils de chasse, et pas des sarbacanes !

( Von Lütz évita les arrêts de rigueur seulement parce que la Luftwaffe ne pouvait pas se permettre de laisser des pilotes confirmés sur la touche. Il disparut en combat aérien deux jours avant la fin des hostilités )

Au sud de la ferme Mercy

" ...ils sont complètement bourrés..."

Les quarante hommes du G.R.C.A.25, avec à leur tête le lieutenant Delattre, progressaient avec précautions en direction de la ferme Mercy.
Le contact radio avait été rompu avec ses défenseurs, ce qui n'augurait rien de bon.

-Dussaut, Magloire, partez en éclaireurs et essayez d'avoir un aperçu de la situation...
-bien, mon lieutenant.

-toujours pas de liaison avec la ferme ?
-non, mon lieutenant...vous croyez qu'ils ont été capturés ?
-j'espère que non...d'ailleurs ça canarde encore dans leur direction.

-mon lieutenant , vous devriez venir voir...

-d'où est-ce qu'ils sortent ceux-là ?
-ce sont des gars du 227...une quinzaine qui refluaient vers l'arrière...ils n'ont même plus leurs armes ...et...
-et ?
-ils sont complètement bourrés, mon lieutenant !
-vous avez pu en tirer quelque chose ?
-des propos incohérents...ils disent que la ferme est tombée et que les allemands emploient même des chars ?
-aucun gradé avec eux ?
-non, mon lieutenant.
-deux hommes restent pour les surveiller...s'ils causent des problèmes, vous avez ordre de tirer !
-mais, mon lieut...
-ce sont des déserteurs, et je ne veux pas qu'ils sèment une panique sur nos arrières !
-à vos ordres, mon lieutenant.
-nous reprenons la progression, j'ai hâte de savoir ce qu'il s'est passé dans cette ferme.

-non

ferme Mercy

"...cette fois-ci, ils vont mettre le paquet..."

Le lieutenant Delpierre était inquiet; impossible d'avoir la moindre liaison radio avec le bataillon.
Le dernier message reçu faisait état de renforts qui se dirigeait vers eux, mais, pour l'instant on en était sans nouvelle.
Heureusement, l'artillerie française matraquait le bois de Chadelle, d'où les allemands lançaient attaques sur attaques.
Les cadavres en feldgrau s'accumulaient devant la position, mais les schützen ne renonçaient pas.
Le lieutenant avait dû renvoyer vers l'arrière une partie non négligeable de ses hommes qui avaient abondamment puisé dans les réserves d'alcool de la ferme, de peur qu'ils ne contaminent le reste de la troupe !
A y repenser, il se demandait s'il avait pris la bonne décision.

-mon lieutenant, ça grenouille à l'orée du bois...je crois qu'ils vont remettre ça...
-où en sommes nous côté munitions ?
-pour les Hotchkiss, nous sommes presque à sec; pour les FM, ça peut encore aller...mais si ça continue à ce rythme, nous serons à court avant la tombée de la nuit.
-d'ici là, les renforts seront sans doute arrivés...
-vous croyez, mon lieutenant ?
-oui, et puis notre artillerie fait du bon boulot...
-c'est vrai qu'ils dégustent méchamment !
-je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi ils ne nous ont pas encore gratifiés de la leur ?

( en fait, l'artillerie allemande s'acharnait sur les blockhaus de la P.A.L. et sur le village de Saulnes )

Comme pour répondre à ses interrogations, plusieurs obus s'abattirent à quelques dizaines de mètres de la position.

-mon lieutenant ! Des fumigènes !
-je vois...cette fois-ci, ils vont mettre le paquet...tout le monde se munit de grenades, et on ne tire qu'à coup sûr !

Village de Saulnes

" Je ne veux pas d'un nouveau Stonne ! "

L'artillerie allemande se déchaînait sur le malheureux village et sur ses défenseurs.
Les hommes du II/204 R.I. s'accrochaient et faisaient le gros dos sous l'avalanche de projectiles.
Rares étaient les maisons qui n'avaient pas été détruites ou endommagées.
La pression était très forte, mais c'étaient plus les incendies qui obligeaient les défenseurs à reculer.
Ce qui faisait que les assaillants progressaient inexorablement.

P.C. 76.I.D.

-nos troupes progressent...le village sera entre nos mains avant midi, mon général.
-j'y compte bien ! Je ne veux pas d'un nouveau Stonne ! C'est entendu Wächter ?!!!
-il n'y a aucun signe de contre-attaque de la part des français...mais pas de signe de repli non plus...
-que fait la Luftwaffe ?
-à part quelques avions d'observation, aucun bombardier ne sera mis à notre disposition...
-une offensive sans bombardiers ! Mais où sont passés nos avions ???

( En fait, la Luftwaffe se concentrait en Belgique pour appuyer l'opération Lüttich. Il est à noter que l' Armée de l'Air faisait de même pour s'y opposer...ce qui explique l'absence quasi complète d'aviation au dessus de la P.A.L. )

P.C. II/204 R.I.

-on ne va plus pouvoir tenir longtemps, mon commandant...la moitié des hommes est hors de combat !
-vous avez pu joindre le régiment ?
-je regrette, non...
-si dans une heure nous n'avons pas de nouvelles et pas reçu de renforts, je donnerai l'ordre de repli sur Herserange...
-autre chose, mon commandant...
-oui ?
-côté munitions, ça ira, mais nous allons bientôt manquer d'eau...et avec la chaleur des incendies...
-détachez quelques hommes pour qu'ils récupèrent de quoi se désaltérer dans les puits ou les quelques maisons encore debout.
-ils vont être à découvert...et avec ce que les boches nous envoient comme pruneaux...
-c'est ça ou mourir de soif !

La Redoute

La cinquième compagnie était fortement pressée.
Immédiatement après un court bombardement, les hommes du II/I.R.21 s'étaient lancés à l'assaut, mais avaient été repoussés par le tir des armes automatiques.
Curieusement, certains d'entre eux s'étaient réfugiés derrière une pelleteuse abandonnée ( en panne ? ), mais en avaient été chassés par cinq obus de 25mm !
Malheureusement, le lieutenant Chassaing, qui commandait la compagnie, n'avait pu stopper la fuite d'une dizaine de ses hommes qui avaient cédé à la panique sous le bombardement, et allaient déclencher une suite d'événements fâcheux.

P.C. 58ème D.I. - Longwy

"...c'est l'effondrement de la PAL! "

-mon général, nous avons arrêté un groupe de fuyards...la redoute serait tombée, et les allemands seraient arrivés à hauteur du stade ???
-si c'est bien le cas, ils seront à la citadelle sous peu...il faut à tout prix vérifier cette information ! Essayez de prendre contact avec la redoute...que le BILA monte en ligne ! Des nouvelles de la IIIème armée ?
-ils devraient nous envoyer une compagnie de marche de R35; c'est tout ce qu'ils peuvent faire...

-mon général...
-quoi encore ?
-il semblerait qu'une partie du II/227 R.I. ait abandonné ses positions...
-si cela fait tache d'huile, c'est l'effondrement de la PAL !

Ferme de Mercy

-mon lieutenant, une troupe en approche...ce sont des gars de chez nous !
-ce sont les cavaliers du GRCA 25, enfin !

-qui est-ce qui commande ici ???
-c'est moi, lieutenant Delpierre...à qui ai-je l'honneur ?
-lieutenant Delattre...moi et mes cavaliers nous avons stoppé des gus de chez vous qui se débinaient et qui risquaient de mettre la pagaille sur nos arrières !
-je sais, je n'aurais pas dû les renvoyer, mais, du fait de leur état, j'aurais eu du mal à tenir mes hommes en mains...vous apportez un ordre de repli ?
-non, on vient vous renforcer...où en est la situation ?
-ça empire d'heure en heure...

le récit est palpitant, c'est toi qui l'écrit, tu fais comme tu le sens !!

Pascal

Merci pour tes encouragements.
Amitiés,
Yves

Bah oui, comme c'est toi qui écrit, c'est toi qui dit!!!

La redoute

Profitant d'un flottement parmi les défenseurs, les hommes du II/IR 21 avaient pu s'approcher jusqu'aux abords de la position.
Toutes les armes firent feu, même les canons de 25 qui n'avaient pas de munitions anti-personnels, mais qui eurent un effet moral certain.
Toujours est-il que cette attaque fut, une fois de plus repoussée.

-on leur a mis une sacrée pile, mon lieutenant !
-oui, mais nos munitions s'épuisent, et je ne sais pas ce qui se passe ailleurs.
-en tout cas, ça a l'air de barder sur notre droite...nos copains de la ferme Mercy ne doivent pas être à la fête...

Village de Saulnes

-mon commandant, les gars n'en peuvent plus...il faut se replier tant qu'il en est encore temps ! Les troupes sur notre gauche ont décroché sans nous prévenir...
-c'est bon, nous en avons assez fait...repli sur Herserange...j'espère qu'il y aura du monde pour nous recueillir...

P.C. 58ème D.I.-Longwy

"...au pas de course ! "

-le colonel François s'efforce de regrouper les fuyards ! Pas l'ombre d'un allemand au stade, mon général...
-est-ce que j'arriverai un jour à avoir une idée exacte de la situation ???
-la ferme de Mercy et la Redoute doivent encore tenir, sinon les allemands au stade serait effectivement une réalité.
-et Saulnes ?
-après ce repli injustifié, leur gauche est à découvert...ils risquent l'encerclement, si ce n'est déjà fait...
-nous avons encore une liaison radio ?
-par intermittences...
-qu'ils se replient sur Herserange...au besoin, envoyez une patrouille leur apporter l'ordre...
-bien, mon général.
-quelle unité occupe Herserange ?
-heu...
-et bien ?
-aucune, mon général...le village était tenu par la troupe qui s'est repliée sans ordre...
-qu'est-ce qu'il nous reste sous la main ?
-l'unité la plus proche est le G.I.A...
-qu'ils rejoignent ce village au pas de course !

Village de Mont Saint Martin, à l'est de la Ferme Mercy.

" Tout le monde en position et feu à volonté ! "


-mon capitaine, nos troupes refluent sur notre droite !
-ils ont reçu un ordre de repli ?
-je n'en ai pas l'impression ...ça ressemble plutôt à une débandade !
-nous avons toujours une liaison radio avec la bataillon ?
-oui.
-contactez les et demandez leur si l'on doit se replier...

-mon capitaine, c'est la confusion au niveau du bataillon ! Tout ce que l'on sait c'est que les combats sont en cours à la Ferme Mercy et à Saulnes...Que faisons-nous mon capitaine ?
-on ne bouge pas tant que la situation n'est pas claire !

-mon capitaine ! Les boches arrivent !
-la question est réglée ! Tout le monde en position et feu à volonté !

Village de Saulnes

" On ne laisse personne derrière nous ! "

Le vent rabattait les fumées des incendies sur les derniers défenseurs, ce qui compliquait encore plus leur situation.

-mon commandant, les blessés vont nous retarder...nous serons certainement coiffés avant d'arriver à Herserange !
-vous voulez quoi, les laisser rôtir vivants ??!!
-non, bien sûr...
-sabotez les armes lourdes et faites en sorte d'évacuer tous nos blessés, on ne laisse personne derrière nous !

Les défenseurs de Saulnes entamèrent leur repli vers Herserange, repli qui allait vite se transformer en véritable chemin de croix.

A ce moment de la bataille, si au lieu de s'en prendre à Mont Saint Martin, les assaillants s'étaient engouffrés dans la brèche causée par le reflux injustifié d'une partie des troupes françaises, la P.A.L. aurait été en grand danger.
On ne manquera pas de reprocher ce fait au commandant de la 58. I.D., mais il faut dire pour sa défense que la confusion ne régnait pas que du côté français.

Ferme Mercy


"ils y ont laissé beaucoup de plumes..."

Les cavaliers étaient arrivés juste à temps pour aider à repousser les allemands qui avaient pu arriver jusqu'aux murs de la ferme.
Ces derniers avaient dû refluer sous un déluge de grenades à main.

-vous êtes arrivés au bon moment...
-j'en ai l'impression...vous croyez qu'ils vont remettre ça avant la nuit ?
-pas sûr, ils y ont laissé beaucoup de plumes...

-mon lieutenant, deux types d'en face avec un drapeau blanc !
-qu'est-ce qu'ils veulent ? Si c'est pour nous demander de nous rendre, c'est non !
-ils veulent récupérer leurs blessés...
-dites-leur que c'est d'accord...ça nous fera autant de temps de gagné...

Entre Saulnes et Herserange

"les gars sont à bout de forces !"

La colonne avait été repérée, et les obus de l'artillerie allemande s'abattaient sur les malheureux soldats exténués.
Les pertes s'accumulaient.
Pour le commandant Richard, il n'était pourtant toujours pas question d'abandonner les blessés aux bons soins de l'adversaire.
( vu qu'il y eut de nombreux cas de blessés et prisonniers passés par les armes, sans autre forme de procès, dans d'autres secteurs du front, on ne peut que comprendre sa décision )

-on n'y arrivera pas mon commandant, les gars sont à bout de force !
-bon, les plus valides, transportez les blessés et direction d'Herserange le plus vite possible! Il me faut quelques volontaires pour essayer de retarder nos poursuivants...

Le commandant Richard et une quarantaine de braves se sacrifièrent pour retarder l'ennemi, qui, paradoxalement, avait dû ralentir la poursuite, gêné qu'il était par les bombardements de sa propre artillerie.

( après la guerre, on apprit que le commandant Richard avait été tué lors du combat et qu'au moins une dizaine de ses hommes avaient été fusillés par l'ennemi, exaspéré de cette résistance qui leur avait soustrait leur proie )


Herserange

"on a failli ne pas les reconnaître..."

Les paras arrivèrent à bout de souffle à la lisière nord-est du village.
-mon capitaine, il y a du mouvement devant nous...
-amis ou ennemis ?
-difficile à dire...
-qu'on se tienne prêt à faire feu !

Ils virent venir à eux des hommes aux visages noirs de sang et de fumée, les yeux hagards, titubant et ivres de fatigue, les uniformes en lambeaux...mais avec leurs blessés et leurs armes !

-les pauvres ! On a failli ne pas les reconnaitre et leur tirer dessus !
-occupez vous d'eux...faites ce que vous pouvez pour les blessés, et dites à ceux qui peuvent encore marcher de rallier Longwy...restons vigilants, nous n'allons pas tarder à avoir de la visite !


Quelque part, en arrière de la position, des yeux invisibles commençaient à suivre la progression de l' ennemi.

P.C. 23. AK

" qu'ils poussent leur attaque à tout prix ! "


-mon général, Saulnes est à nous...
-parfait...que la 76. ID poursuive son avance sur le plateau...où en est la 58. ID ?
-elle est bloquée par trois points d'appuis français...toutefois on signale des mouvements de reflux chez nos adversaires...
-raison de plus pour qu'ils poussent leur attaque à tout prix !
-mais...ils nous ont signalé que leur II/IR 21 a subi plus de pertes que pendant toute la campagne de Pologne ! ( 1 )...de plus, ils sont à court de ravitaillement et de munitions...
-peu importe ! Nous devons percer au centre !
-la 34. ID vient de nous avertir qu'elle est à pied d'oeuvre, elle attend les ordres.
-leur objectif sera La Croix Genièvre, puis le village de Lexy...si, de son côté, la 76. ID s'empare d'Herserange, les français n'auront d'autre choix que d'évacuer leur centre...exécution !

( 1 ) Ceci est historique


P.C. 58ème DI

" s'ils réussissent leur manoeuvre, nous sommes dans la m... "

-nous avons pu identifier une nouvelle division allemande sur notre gauche...
-nous avons affaire à un corps d'armée...ils se donnent les moyens. Quelle est la situation ?
-Saulnes est à eux, mais tout notre centre tient...heureusement, ils n'ont pas exploité la brèche créée par nos troupes qui se sont repliées sans ordre.
-où en sommes-nous avec les fuyards ?
-on ne signale plus de mouvement de panique...on s'emploie à les regrouper dans la citadelle.
-ils vont aussi attaquer sur notre gauche, dans le but de nous pincer et de nous forcer à évacuer le centre...s'ils réussissent leur manoeuvre, nous sommes dans la m...!
-qui est-ce qui tient le secteur ?
-le 100ème RI.
-donnez l'ordre au 5ème REI de les soutenir...par ailleurs, que le corps franc renforce les paras à Herserange...il nous restera quoi de disponible ?
-les "joyeux" du BILA.
-des nouvelles du renfort en chars ?
-aucune, malheureusement.

Fort Jeanne d'Arc-P.C. de la IIIème armée




                                  " c'est ce qui m'attriste le plus ! "


 -la PAL subit une violente attaque, de la valeur d'un corps d'armée semble t-il...le général Perraud vous prie de faire tout votre possible pour le renforcer...
 -si je pouvais...j'ai déjà dû me séparer de deux divisions en faveur du secteur de Sedan, et je dois garder un oeil sur ma droite au cas où les allemands renouvelleraient leur attaque. Je n'ai plus rien à leur envoyer ! La compagnie de marche de R35 a commencé son mouvement ?
 -elle devrait être sur zone avant la nuit.
 -vous pensez qu'ils vont tenir jusque là ?
 -le général Perraud a signalé des défaillances, mais n'a fait aucune demande de repli.
 -vous savez, Renaud, Longwy ne pèse pas grand-chose en regard de nos capacités industrielles, sa perte ne compromettrait en rien nos chances de gagner cette guerre. C'est ce qui m'attriste le plus !

                   Plateau de Saulnes


                 " Qu'est-ce qu'ils ont pris sur la gueule ! "


 Les schützen de la 76 I.D., déjà passablement fatigués et amoindris par les combats pour le village, progressaient vers Herserange, sans se douter que leur mouvement était suivi avec attention.
 Les paras et les hommes du corps francs commençaient à voir apparaître les premiers éclaireurs, et se préparaient à les recevoir comme il se devait, quand soudain, une multitude d'explosions retentirent au milieu des uniformes vert-de-gris, et les hommes qui les portaient n'avaient aucun abri pour se protéger.
 Des flammes, des cris, des hurlements, des corps disloqués qui volèrent dans les airs.
 Les survivants racontèrent plus tard qu'ils avaient eu l'impression que l'enfer s'était soudainement abattu sur eux.
 Les tourelles de 75 des ouvrages de Fermont, Latiremont et Bréhain venaient de faire entendre leur voix.
 Quand le tir stoppa, tout le plateau était recouvert de fumée.
 Du village, les défenseurs pouvaient entendre les appels des blessés.

 -qu'est-ce qu'ils ont pris sur la gueule !
 -ça a beau être des ennemis, j'aurais tendance à les plaindre.
 -en tout cas, je crois que nous sommes tranquilles pour le reste de la journée...
 -tant mieux, ça nous permettra d'améliorer nos défenses.

 La 76 I.D. se replia sur Saulnes pour penser ses blessures.
 Mais ses hommes ne connurent pas le repos souhaité, car les 155 français commencèrent à pilonner le village.

                                 P.C. 58ème D.I.- Longwy


                                     " c'est au moins du 210 ! "


 -mon général, les ouvrages du S.F. de la Crusnes ont fait donner leur artillerie sur le plateau...il semblerait que, de ce côté-là, nos adversaires marquent le pas...
 -c'est notre centre qui m'inquiète...préparez un ordre d'évacuation, mais ne le transmettez pas tout de suite...des nouvelles du 100ème R.I.  ?
 -rien, pour le moment.
 -contactez-les, il me faut un aperçu de la situation le plus rapidement possible.

 A ce moment, de violentes explosions retentirent non loin de la citadelle.

 -c'est au moins du 210 ! Ils ont dû repérer le P.C....

 Moins d'une minute plus tard, un obus toucha au but.
 Tous les hommes de l'état-major furent tués ou blessés.
 La P.A.L. se trouvait privée de direction au plus mauvais moment !