UCHRONIE SEDAN 1940

Oui, toujours aussi prenant.
Bravo, merci.
Atchao
Laurent

COUP d'ENVOI

De la tourelle de sa Panhard 178, le lieutenant Laroche observe l'horizon à la jumelle.
Le secteur est calme, mais il sait que le calme est souvent trompeur, et peut être le préalable à une tempête; ce en quoi, il n'avait pas tort.
Il était très confiant dans son véhicule, d'autant que celui-ci était équipé de la tourelle à canon de 47, qui pouvait venir à bout de presque tous les blindés adverses.

Un nuage de poussière à l'horizon attira son attention.
Puis ce fut le bruit, un cliquetis de chenilles allant s'amplifiant.
Mais, avant de voir apparaître des chars, ce sont trois automitrailleuses qui se présentèrent à sa vue.

Il rentra précipitamment à l'intérieur de la tourelle, alors que des balles tintaient sur le blindage.
Un autre engin du peloton fut plus rapide que lui, et la Sd kfz 222 s'enflamma.
Une deuxième subit le même sort, et la troisième effectua une prudente marche arrière, pour laisser la place aux chars qui la suivait.

C'étaient des Mark II, dont le canon de 20mm pouvait s'avérer dangereux.
Le lieutenant ajusta le premier et le mit hors de combat.

Malgré cette entrée en matière plutôt réussie, il jugea plus prudent d'ordonner à son peloton de rallier le régiment à toute vitesse, car, en face, le nombre d'engins grossissait à vue d'oeil !
Ce n'était pas une simple reconnaissance de la part des allemands, mais quelque chose de beaucoup plus important.

LINKS BEFEHL

On s'est longtemps interrogé pour savoir comment de telles masses blindées avaient pu être dans l'ignorance l'une de l'autre...ce qui allait provoquer la bataille de rencontre la plus terrible de la campagne.
En fait, côté allemand, c'est la reconnaissance qui avait raté le coche.
Il semblerait que le Do 17 incriminé ait repéré et signalé le positionnement du Groupement Buisson; et, estimant sa mission remplie, n'ait pas poussé plus avant ses investigations.
Il faut reconnaître que les pertes et la fatigue cumulées des équipages n'arrangeaient pas les choses.

Côté français, une fois n'est pas coutume, ce sont les liaisons radio qui seraient à l'origine du problème.

En conséquence de quoi, ni Kleffel, ni Prioux n'étaient préparés à ce qui les attendait.

Q.G. Corps de Cavalerie

-envoyez autant d'estafettes qu'il le faut à la Ire Armée ! Il me faut des ordres !
-mon général...
-quoi encore ?
-un Potez 29 vient de faire un atterrissage forcé dans nos lignes...l'équipage s'en est sorti et apporte des nouvelles importantes !
-emmenez-les moi le plus vite possible !

Q.G. Corps de Cavalerie

-non mais, c'est pas croyable !!!! Passer au travers de la FLAK pour venir se faire démolir par notre propre DCA !!! Si je tenais le fils de p...Pardon, mes excuses, mon général...
-ce n'est rien, capitaine...je comprends votre colère...vous êtes blessé ?
-non, juste quelques contusions...par contre, mon observateur a pris un éclat en plein front.

Effectivement, l'homme en question arborait un bandage conséquent, qui lui masquait la moitié du visage.

-vous nous apportez un message urgent ?
-heu, oui...tout un corps blindé se dirige droit sur vous.

Le général mit un léger temps à absorber la nouvelle.

-je n'ai reçu aucune nouvelle en ce sens de la part de la Ire Armée ou du G.A. 1...mais il est vrai que les liaisons radio laissent à désirer.
-je ne peux que confirmer la chose, mon général... nous les avons survolés, et le lieutenant Pajol, ici présent, à renoncé à les compter, tellement il y en avait...la plaine en était couverte...mais il peut confirmer la présence de centaines de blindés, sans parler des autres engins.

Le lieutenant acquiesça d'un signe de tête.

-mon général, un message radio de la 1re DLM..." notre découverte est au prise avec des blindés allemands...possible avant-garde d'au moins une panzer division...demandons instructions ".

Cette fois, les derniers doutes du général s'évanouirent.

-envoyez un message urgent aux divisionnaires : " maintenez une posture défensive face au nord ".

( plus tard, certains reprocheront au général sa pusillanimité; mais dans l'incertitude et le manque de temps devant lesquels il se trouvait, on ne voit pas ce qu'il pouvait faire d'autre dans l'immédiat ).

-qu'on s'occupe de ces deux hommes; ils l'ont bien mérité...et quant'au fils de ...enfin, à celui qui les a descendu, j'aurai un entretien avec lui le moment venu.

( en fait, le temps passant, tout le monde, enfin presque, oublia le coupable de cette bévue qui aurait pu avoir des conséquences incalculables )

Avec l'artillerie de la 1re DLM

L'adjudant Rignol était surtout connu pour ses cuites mémorables.
Mais c'était un excellent sous-officier et un tireur au 75 émérite.
C'est pourquoi il se retrouvait dans un des douze SAu 40 du groupe, exclusivité de la division.
Bien que servant dans la cavalerie, personne n'avait réussi à lui faire retirer ses galons d'artilleur.

A l'agitation qui démarra tout autour de lui, il comprit que les choses venaient de prendre un tour sérieux.
Il rangea soigneusement sa bouteille d'alcool de nèfles ( fabrication maison ), fit quelques vérifications de base sur son canon, et attendit les ordres.

H.Q. B.E.F.

-message urgent pour le généralissime !
-veuillez m'excuser...

-mon général, le général Georges vient de subir une attaque cardiaque...j'ai le regret de vous dire qu'il n'est plus en état d'assurer ses fonctions...
-c'est regrettable...tenez-moi au courant de l'évolution de son état de santé...a t-on pu joindre le général Prioux ?
-en l'absence de liaison radio, nous avons dû dépêcher un messager par avion...
-???

-mauvaises nouvelles, mon général ?
-après Billotte, maintenant c'est Georges...
-le général n'est pas décédé ?!!
-non, mais il ne peut plus assurer son commandement...
-c'est fâcheux...que comptez vous faire ?
-faire venir Weygand de Syrie pour le remplacer, s'il n'est pas trop tard...

-message urgent pour le généralissime !

-décidément, vos liaisons radio fonctionnent mieux que les nôtres...
-un ennui supplémentaire ?
-non, le message vient de notre 2ème Bureau...la source "H" confirme la nouvelle orientation d'un corps blindé allemand...
-je crois qu'il n'y a plus de place pour le doute !
-en effet, tout repose sur le corps de cavalerie désormais...je n'ai plus aucune carte à jouer !

Cette remarque avait sans doute été faite sous le coup de l'émotion, car, heureusement, le généralissime avait encore une carte à jouer, et pas des moindres.

Hexen Kessel

Deux masses blindées qui vont s'affronter sur un terrain pratiquement plat, et sans possibilité de contournement.
Il s'en était fallu de peu que les chars français ne soient surpris en pleine phase de ravitaillement, notamment ceux de la 1re D.L.M.; division qui était la plus en pointe.
La faute aux transmissions, qui étaient vraiment le point faible de l'armée française, et dont les performances allaient quelque peu s'améliorer certes, mais sans jamais pouvoir concurrencer le niveau atteint par nos voisins d'outre Rhin.

Les deux adversaires alignaient peu ou prou le même nombre d'engins.
Mais c'est au niveau de l'emploi et des caractéristiques que les choses étaient différentes.
Côté allemand : vitesse, rapidité de tir et liaisons radio.
Côté français : blindage et puissance de feu.

Ce fut un affrontement dantesque !
Au milieu de la fumée et des explosions, certains équipages continuaient de se battre avec des armes de poing, et parfois même avec des mitrailleuses récupérées sur des chars endommagés.

Les chars allemands, de type III ou IV, très mobiles, essayaient de s'infiltrer pour frapper les engins français sur les flancs ou sur l'arrière, pendant que les panzers plus légers tentaient de faire diversion.
En face, les S 35 faisaient face au déferlement, mais étaient handicapés par leur tourelle monoplace...Ils pouvaient recevoir deux ou trois coups pour en rendre un seul dans le même temps.
Heureusement, leur blindage était solide.
Celui des H 39 l'était moins, mais il était encore relativement efficace.
Contrairement au mois de mai, ils portaient maintenant un 37mm long, qui pouvait mettre à mal la plupart des engins adverses.
Mais là encore, le chef de char était débordé par toutes les tâches qui lui incombaient.

Tout cela se termina sur un pat.
Les pertes furent pratiquement égales de part et d'autre.
On peut rêver à ce qu'il se serait passé si les chars français avaient été équipés de tourelles simplement biplace.

Comme de bien entendu, les deux camps clamèrent la victoire.
En fait, les allemands avaient échoué dans leur manoeuvre d'enroulement, et les français n'étaient plus en état de couper le cordon ombilical des divisions qui menaient la vie dure aux britanniques.

Bien sûr, il existe de nombreux témoignages, des deux camps, sur cet affrontement.
Nous y reviendrons.

J'ai découvert ce roman la semaine dernière et je n'ai qu'un mot : ENCORE !!!
Et peut-être quelques autres : VITE LA SUITE !!!!

Il y a toujours des petits trucs à redire, mais les idées sont géniales et on se prend à rêver si les évènements s'étaient effectivement déroulés ainsi...

Merci,

Quand j'en aurai fini, on pourra revenir sur "les petits trucs ", ce ne sera pas inintéressant.

Merci, c'est toujours un vrai régal

Témoignages allemands

Leutnant Oswald - PzRgt 5 - 3.PzD.

" L'attaque a plutôt bien démarré...il semblerait que les français ait été surpris par notre arrivée.
Avec mon panzer III, j'engageai un duel avec un SOMUA...nous l'avons touché trois fois avant qu'il ne puisse répliquer; et heureusement, il nous a manqué. Nous avons dû tirer encore deux obus avant de voir son équipage l'évacuer.
Il était clair que notre 3,7 était insuffisant face à leurs blindages, sauf à les engager de flanc ou sur l'arrière..

Peu après, nous nous sommes retrouvés face à un Hotchkiss.
Nous avions déjà affronté ce modèle au mois de mai, et nous étions sûr d'en venir à bout...
Schlampe ! Il nous a logé un obus en plein dans la tourelle !
Je me suis écroulé inconscient sur le plancher.
Mon équipage m'a extrait du char, et je me suis réveillé beaucoup plus tard dans l'hôpital de campagne.
Mon radio, qui était venu me rendre visite, m'a appris qu'après avoir inspecté des Hotchkiss détruits sur le champ de bataille, ces engins disposaient désormais d'un canon antichar performant.
Que ne l'avais-je appris plus tôt..."


Oberst Von Rohr - Arko 16 - 16 A.K.

" Lors de la dernière guerre, j'avais déjà pu observer, à mes dépends, l'efficacité de l'artillerie française...
Nous comptions sur la Luftwaffe pour faire taire leurs batteries, en vain. ( nous y reviendrons )
Surtout leurs 75, dont les obus arrivaient presque verticalement !
Et si par malheur ils venaient à toucher un de nos chars, celui-ci était irrémédiablement perdu, et l'équipage avec.
Nous avons effectué des tirs de contre-batterie, mais, à mon grand regret , je dois admettre qu'ils n'ont pas eu l'effet escompté.
En fait, je crois que les français avaient mis en oeuvre au moins deux fois plus de pièces que nous..." ( exagération, les forces étaient sensiblement égales )


Panzerschütze Corduan - PzRgt 36 - 4.PzD.

" Notre régiment est entré en action alors que la bataille était déjà bien engagée.
De nombreuses épaves en flammes jonchaient le terrain, et je préférais éviter de regarder à quel camp elles appartenaient.
Nous étions censés effectuer une exploitation, mais les chars français refusaient obstinément de se laisser déborder !
Nous avons mis hors de combat au moins trois engins adverses, quand soudain, alors que nous avions cru avoir accompli le plus dur, notre Panzer IV s'est retrouvé face à un engin qui ressemblait à nos STUG III...
Il nous a placé un obus, sans doute du 7,5, en plein dans la coque.
Notre malheureux conducteur a été décapité, et moi j'ai eu de la chance que son corps m'ait servi de bouclier.
J'avais néanmoins de nombreux éclats dans les bras; ce qui ne m'a pas empêché d'extraire du char mon leutnant, dont les jambes étaient lacérées.
Les autres membres de l'équipage se sont enfuis, mais moi, je ne l'ai pas abandonné, et c'est ainsi que nous avons été fait prisonniers."

Témoignages français

Lieutenant Lemercier-1re D.L.M.-1re B.L.M.-4ème Cuirassiers

" C'est sur notre division que l'orage s'est abattu en premier.
Je dois reconnaître que nous avons été surpris par leur arrivée, et que nous n'étions pas encore totalement en formation de combat.
Toutefois,tous les S.O.M.U.A. de mon escadron étaient prêts.
Pour ma part, je disposais d'un des premiers S 40 sortis d'usine.
Heureusement, il était plus mobile que son prédécesseur, car je ne dis pas le nombre de coups que nous avons reçu !
Mon 47 a fait des victimes en face, mais je ne peux dire avec certitude combien.
Quand le combat s'est terminé, j'étais à bout de forces...j'aurais été incapable de remettre ça le lendemain. "


Maréchal des Logis Anglade-3ème D.L.M.-6ème B.L.M.-11ème R.D.P.

" Notre escadron de H 39 agissait en appui des Laffly S 20 des dragons portés.
Nous avions déjà eu affaire aux panzer divisions en Belgique, au mois de mai.
Nous avions tenu le choc, mais en éprouvant des pertes cruelles.
Il est vrai qu'à l'époque, les 37 courts de nos H 39 étaient notoirement insuffisants pour percer les blindages adverses.
Cette fois encore, nos adversaires ont été beaucoup plus mobiles que nous, cherchant systématiquement à nous déborder pour nous prendre de          flanc.
Ce qui devait arriver est arrivé : deux coups dans le côté droit de la caisse !
Par bonheur, mon conducteur et moi n'avons eu que des blessures légères, et avons pu évacuer le char.
Il y avait tellement de fumée que nous avons rejoint nos lignes sans encombre...mais sans traîner ! "


Adjudant Rignol-1re D.L.M.-1er groupe SAU 40

" Il en sortait de partout !
Nous étions placés juste en avant de notre artillerie divisionnaire, et il n'était pas question que ces salopards aillent faire des misères à nos artilleurs.
Je prenais une bonne rasade de gnôle, et ajustait le premier qui se présentait.
J'ai pu voir sa tourelle basculer sur le côté; un de moins !
Mes camarades faisaient aussi du bon boulot, si j'en jugeais au nombre de panzers transformés en rôtissoires.
Je dois dire que ces fumiers revenaient à la charge malgré les pertes.
Mais, quand notre artillerie a commencé à les marteler, ils ont déclaré forfait.
Mon engin a été touché trois fois, mais le blindage a tenu le coup.
Le groupe n'a subi aucune perte, juste quelques dommages matériels. "

( NDA : L'adjudant ne reçut aucune médaille, car, au soir de la bataille, lorsque des officiers vinrent pour le féliciter, ils le trouvèrent ronflant sur le plancher de son automoteur, une bouteille vide à la main )

22 juin 1940-Dans le ciel

Pendant qu'au sol se déroulaient les féroces combats qui tenaient la vedette, il ne faudrait pas croire que dans les airs, il ne se passait rien.
Certes, on ne vit pas s'affronter les imposantes formations de fin mai, début juin.
Après plusieurs semaines de combats intensifs, les pertes avaient été lourdes, et les équipages des deux camps ressentaient le poids de la fatigue.
De toute façon, les adversaires étaient tellement imbriqués, qu'un assaut massif aurait certainement causé des dégâts aux forces amies.
Néanmoins, lorsque les deux aviations se concentrèrent sur les arrières de l'ennemi, des combats sans merci se déroulèrent dans le ciel.
Ajoutons à cela que tant la FLAK que la DCA tirèrent " dans le tas ", et l'on comprendra que, à l'instar de leurs camarades des blindés, ce ne fut pas une journée de tout repos pour les aviateurs des deux camps.

....../......

Le lieutenant Declide ( 5ème escadrille du G.C.III/2 ) n'était pas de bonne humeur.
Avant de décoller pour la mission, il avait appris que pour toucher les fameux P40 ( dont il entendait parler depuis Munich ! ), ce serait au mieux pour fin septembre-début octobre, et encore, il y avait de fortes chances que son groupe ne soit pas le premier servi...
Encore, n'était-il pas le plus à plaindre, car il pilotait un H75 A4, un peu plus rapide que le A3, mais toujours plus lent que le Me 109.
C'est en partie pourquoi le groupe était voué à l'escorte des LeO 451, alors que les D 520 et VG 33 devaient s'occuper des "pointus"; les Bloch 155 étant réservés pour la chasse aux bombardiers adverses.

Il aurait été moins contrarié, s'il avait su que les P40 étaient certes aussi rapides que les 109, mais que, dans la version française, H 81, les mitrailleuses lourdes devaient être remplacées par des "pétoires" de 7,5mm.

La formation française s'étalait sur trois étages, et son escadrille occupait l'étage inférieur avec les bombardiers.
L'opposition ne tarda pas à se faire sentir.
Les LeO furent assaillis par une quinzaine de 109, qui avaient dû échapper à la couverture haute; mais leur armement défensif renforcé ( deux mitrailleuses de 7,5mm de part et d'autre du 20mm dorsal ) leur permit de tenir jusqu'à l'intervention des Curtiss.

La discipline de vol n'étant pas une qualité première côté français, le combat dégénéra en une mêlée confuse, qui ressemblait plus à du chacun pour soi.

Declide réussit à se placer dans les six heures d'un Messerschmitt qui venait d'incendier le moteur droit d'un bombardier.
Deux rafales plus tard, il put voir le chasseur décrocher, et son pilote sauter en parachute.
Il en endommagea peut-être un deuxième, mais sans certitude.

Les pertes s'équilibrèrent dans les deux camps, et l'escadrille pouvait s'enorgueillir du fait qu'aucun bombardier n'avait été détruit par la chasse adverse. ( par contre 3 LeO perdus et 5 endommagés par la FLAK, toujours redoutable ).

Comme toujours, le lieutenant constata que les 109 pouvaient rompre le combat pratiquement à leur aise, du fait de leur vitesse supérieure.
Ah, si nous avions piloté des P 40 !...

Encore !!

[b]Luftflotte 4. -Général Wolfram Von Richtofen[b]


-je sors d'une réunion avec le Reichmarschall...terrible ! Il hurlait que nous l'avions trahi...il est même allé jusqu'à dire que nos aviateurs étaient des lâches !!! Bon-sang, Kurt, dites-moi que nos hommes font leur maximum...
-je vous confirme que c'est le cas, mon général...pour certains, on devrait même leur interdire de simplement monter sur une aile d'avion , tellement ils sont épuisés !
-je n'en doute pas, mais il nous faut des résultats, sans quoi des têtes vont tomber; à commencer par la mienne...mais en face, ils doivent bien avoir les mêmes problèmes, non ?
-sans doute, mais ils sont de plus en plus nombreux, et la qualité de leurs appareils s'est considérablement améliorée.
-je croyais que nos 109 étaient supérieurs à leurs chasseurs, au moins au niveau de la vitesse ?
-depuis que les anglais ont engagé leur Spitfire, et les français leur nouveau Dewoitine, ce n'est malheureusement plus le cas. [i]( en fait, le " nouveau Dewoitine " était l'Arsenal VG33; le montage du moteur HS12Y51, commençant à peine sur les D 520 )[i]
-j'espère qu'avec la mise en service du Friedrich, nous pourrons au moins rétablir l'équilibre...


Pendant que dans les états-majors on discutait stratégie, dans le ciel, on essayait simplement de sauver sa peau.

II.St.G.1-Leutnant Garski

A la tête de son escadrille de Ju-87 ( dont tous les appareils avaient été délestés de leur sirène ), le Leutnant se demandait combien de ses pilotes allaient pouvoir tenir le coup, tellement la fatigue, autant nerveuse que physique, se faisait sentir.

L'objectif de la mission était les batteries d'artillerie française qui arrosaient copieusement les lignes allemandes.
Il savait qu'ils auraient affaire à la D.C.A.; mais, sa plus grande crainte, c'était la chasse ennemie qui avait littéralement décimé la première escadrille du groupe.

Heureusement, ils étaient escortés.

Ils n'étaient pas encore sur l'objectif, que des flocons noirs firent leur apparition.
Et puis le cri tant redouté jaillit dans les écouteurs " Flieger alarm ! ".

-tiens-toi prêt Hugo, annonça t-il à son mitrailleur.

A ce moment-là, un choc violent sur le plancher , puis une douleur atroce sur son pied droit faillit lui faire perdre le contrôle de l'appareil.
Il réussit cependant à amorcer son piqué, lâcher ses bombes et redresser, non sans que son appareil ait subi de nouveaux dommages.

Le retour à la base se fit sans mauvaise rencontre; heureusement, car il se trouvait esseulé.
Où étaient passés les autres ? se demanda t-il.

-Hugo, tu ne vois pas les copains de l'escadrille ?

Hugo ne répondit pas, mais le Leutnant n'eut pas le temps de renouveler sa question, car le moteur rendit l'âme brutalement.

-Hugo, je vais devoir effectuer un atterrissage forcé.

....../......

Quand il se réveilla dans un lit d'hôpital, la première chose qu'il fit fut de regarder en direction de ses pieds...le droit était toujours là, enrobé de pansements et placé dans une atèle.
Il en fut extrêmement soulagé.

Il appela une infirmière.

-mon mitrailleur, Hugo ?
-je suis désolée...ça ne vous consolera pas, mais il était déjà mort avant que vous ne tentiez d'atterrir.

Il sentit les larmes monter, mais réussit à se contenir.
Sur le mur en face de lui, trônait un portrait du Führer.

Verdammter Krieg! Hurla-t-il à son adresse.

G.Q.G. N-E . 23 juin


-mon général ? Nous n'avons pas été prévenu de votre arrivée...
-je serais de toute façon arrivé avant mon message !...Le général Georges ?
-il est...heu...malheureusement...indisponible.
-tenez-moi au courant de l'évolution de son état de santé...mais, en attendant, c'est moi qui prend la main !
-mais, mon général, votre état-major ?
-il est en route. Faites-moi le point de la situation.
-le front nord-est est pratiquement stabilisé; pour ce qui concerne le GA 2, rien de particulier à signaler...par contre, le GA 3 signale des préparatifs importants face à la VIIIème armée.
-ils vont tenter de franchir le Rhin ?
-c'est une chose à envisager, d'après le général Laure.
-il faudra qu'il se débrouille avec ce qu'il a...avisez-le que je n'ai aucun renfort à lui allouer.
-des nouvelles de la source H ?
-le deuxième bureau essaie d'en savoir plus.

-mon général, un message urgent de la 1re Armée !
-que dit-il ?
-il semblerait que les forces allemandes face au Corps de Cavalerie aient amorcé un repli.
-demandez confirmation à Blanchard...non, ça prendrait trop de temps...qu'il ordonne à Prioux de leur coller aux basques si c'est le cas !


Corps de cavalerie-quelques heures plus tôt.

-mon général, la 1re D.L.M. fait état d'un repli allemand.
-c'est trop beau pour être vrai...demandez à Picard de faire effectuer des reconnaissances en force pour confirmer le fait...nos avions d'observation devront décoller dès qu'il fera jour.
-nous diffusons l'information ?
-oui, à la 1re Armée.
-et pour nos divisions ?
-je sais que les hommes sont épuisés et que le matériel a bien besoin d'une remise en état...mais il y a là une occasion peut-être unique...qu'elles se tiennent prêtes à faire mouvement.

......../........

Pendant ce temps-là, un bouillant général français s'apprêtait à entrer dans l'histoire.